Avec « Et Tout ça.... devant l'évêché », un roman policier paru aux éditions les 3 colonnes, l'auteur martiniquais Daniel Claude Marie-Sainte, alias Damasa, nous offre un récit palpitant et original sur fond de réalité sociale. Un roman, matière à analyse sociologique destinée à explorer les dérives sociétales et à nous éclairer sur les maux endémiques de la société martiniquaise. Détails.
Est-ce sa philosophie proche du shintoïsme et son goût affiché pour le Hagakure, le livre secret des samouraïs dont il s'inspire, qui a fait Daniel Claude Marie-Sainte préférer le roman policier à l'essai sociologique ? En adepte des enseignements et pensées prônées par le livre des guerriers samouraïs, l'auteur martiniquais a t-il voulu nous offrir un avatar des récits épiques japonais ? Rien n'est moins sûr.
Toujours est-il que celui qui signe sous le pseudo de Damasa a choisi la fiction policière, un genre littéraire particulier fondé sur l'intrigue et une recherche méthodique et graduelle menée par une enquête policière, en lieu et place d'une étude universitaire ou un essai sociologique, pour nous proposer "Et Tout ça... devant l'évêché", paru aux éditions Les 3 colonnes.
Dans ce roman, Damasa nous propose un récit trépidant à partir d'un banal fait divers qui commence par la mort d'un jeune homme dans un squat de Fort-de-France. Un récit qui devient aussi conte pour adultes et surtout matière à explorer les dérives sociétales et à s'interroger sur les maux endémiques dont souffre la société martiniquaise avec sont lot de difficultés sociales parsemées de violences, mais aussi d'incuries d'une bonne partie des élites locales lestées du poids de notre histoire coloniale.
Un récit original à portée philosophique
« Et Tout ça… devant l'évêché », un titre choisi pour sa puissance théâtrale et scénique, souligne sur fond de réalité sociale les turpitudes de certains acteurs sociaux en prise avec leurs démons dans une société déboussolée et hystérisée en quête d'identité. Une société où misère, violence et obscurantisme se mêlent, s'entremêlent et s'entrechoquent même dans une espèce d'entrelacs indescriptible au point où l'on a du mal à en percevoir les bouts voire à en trouver des remèdes.
C'est aussi une enquête policière qui nous conduit dans les faubourgs d'un Fort-de-France pittoresque et singulier admirablement dépeint et peuplé de personnages baroques dont on explore les zones d'ombre. Une enquête où l'humour et le drame satyrique se côtoient pour dénouer les fils de cet opus à tiroirs. Un scénario déroutant au fil d'une intrigue que l'auteur a choisi de rendre néanmoins accessible en tendant quelques perches pour ne pas semer complètement le lecteur. Là encore, Damasa semble vouloir faire un clin d'oeil au guide que constitue le Hagakure accessible à quiconque sait trouver le sens caché entre les lignes.
Au final, « Et Tout ça... devant l'évêché » est tout à la fois un roman policier, une satire sociale avec un récit original à portée philosophique qui s'inscrit dans le droit fil de la pensée et de la culture des samouraïs dans lesquelles l'auteur qui ne s'en cache pas puise son inspiration. Faut-il, à l'instar du Hagakure formé de 11 tomes, s'attendre à une voire des suites à ce roman ? Ce serait somme toute assez logique de l'envisager.
« Et Tout ça... devant l'évêché » de Damasa
Editions Les 3 colonnes
178 pages