Le 11 novembre 2013, après plusieurs semaines de conflit, un protocole d’accord actait la création de l’Université de Guyane. Aujourd’hui forte de 4 500 étudiants, la structure, totalement indépendante, joue pleinement son rôle de moteur social et de levier pour la montée en compétences des guyanaises et guyanais. Retour sur sa création, avec l’interview de Didier Bereau, Maître de conférences en chimie et ex-porte-parole de l'intersyndicale en 2013, au micro de nos partenaires de Radio Péyi.
Quatre fois plus d’étudiants en 2023 qu’en 2013, ouverture de deux campus et ouverture à de nouveaux sites afin de s’approcher des bassins de vie du territoire, après 10 ans d’existence, l’Université de Guyane a pleinement pris sa place dans le paysage guyanais, après 30 ans passés sous la tutelle de l’Université des Antilles basée en Guadeloupe. Totalement indépendante dans sa gestion financière et pédagogique, elle propose aujourd’hui une soixantaine de formations, et continue d’adapter ses cursus aux besoins du territoire.
Le 11 novembre 2013, après plusieurs années d’argumentation et une grève de cinq semaines impliquant étudiants et personnels réunis en intersyndicale, soutenus par la population civile, puis par l’ancienne garde des Sceaux, Christine Taubira, un protocole d’accord actant la création de l’Université de Guyane est signé.
Au micro de Radio Péyi, Didier Bereau, Maître de conférences en chimie et ex-porte-parole de l'intersyndicale en 2013, revient sur l'état d'esprit qui caractérisait alors ce mouvement populaire : « Je pense qu’en 2013, on a bénéficié comme je le dis toujours, d’un alignement de planètes, c’est-à-dire qu’on a eu vraiment un concours de circonstances favorables, en local, en interne, tout convergeait. Je pense que le succès de la création de cette université ne réside pas dans le fait qu’il y ait un groupe ou une personne qui ait porté cette université, mais un ensemble de facteurs, où il y a eu un consensus pour créer cette université. C’est un travail collectif, population civile, syndicats, un partie des enseignants, parce que tous n’étaient pas pour la scission, et pareil pour les étudiants, même si à la base ce n’était pas le motif de départ de la grève, c’était d’avoir un rééquilibrage des moyens financiers, humains, mais le peu de soutien qu’on a eu politique on vraiment été de taille et à plusieurs niveaux, et on peut parler du niveau ministériel, avec l’intervention il faut le dire clairement de Christiane Taubira qui était l’ancienne garde des sceaux, qui a paraphé l’ensemble des actions qui étaient menées ».
Pour le Maître de conférences en chimie et ex-porte-parole de l'intersyndicale en 2013, la mobilisation et l’union des Guyanais vers un même objectif a caractérisé a été la clé de voûte de la création de l’Université : « Tout le monde s’est entendu, c’était la bonne période, les bonnes circonstances, qui ont permis de créer cette université alors qu’on était dans un contexte de total regroupement des universités, et on allait à contre-courant de toute la volonté du ministère, en créant une petite université sur le territoire national. Le regard que j’en ai par rapport à cette création d’université, je pense que c’est comme le mouvement de 2017, c’est-à-dire que quand on s’entend, quand toutes les forces du territoire s’entendent sur une cause, on peut aller très loin, et je pense que c’est ce qui a mené à la création de cette université. Cette université, est-ce qu’elle a rempli son rôle, elle a rempli ses missions, est-ce qu’il fallait ce mouvement de grève ? Je pense que définitivement, oui. On a créé un établissement jeune, mais qui était nécessaire pour le territoire, plus en adéquation avec les attentes socio-économiques du territoire, avec les défis qu’il fallait relever pour la montée en compétences de notre jeunesse ».
Damien Chaillot