EDITO de Luc Laventure : Le Numérique au Cœur de la relance en Outre-mer

EDITO de Luc Laventure : Le Numérique au Cœur de la relance en Outre-mer

La première « émission » sur la crise et son après a permis de poser un constat : pour être structurelle, la reprise doit intégrer des évolutions déjà perceptibles, mais qu’il faut amplifier :
–          la digitalisation, clef d’un monde moderne,
–          un développement vertueux et sobre.
–          des transitions écologiques, énergétiques et climatiques résolues
–          de nouvelles mobilités
–          une société plus « inclusive » et solidaire

Le numérique, premier volet du débat, est à la confluence de l’économique, de l’institutionnel et du social

1)      Le constat : la crise a montré l’enjeu premier du numérique.

Aurait-on pu vivre en OM la crise de manière supportable (fermeture des accès aériens, pour partie maritime), endurer l’isolement et toutes ses conséquences humaines, économiques, sanitaires etc sans le formidable outil que constitue le numérique, la clé qui a permis de maintenir un lien efficace avec le « monde », d’échanger pendant le confinement, de partager les sujets (cf les problématiques des transports aériens, du Tourisme) ? Sans doute non : l’évidence du numérique s’impose à notre temps.

Le « numérique » est au cœur d’une stratégie de la relance pour les OM.

Les illustrations sont nombreuses :

– Le Tourisme : comment reconquérir la demande et développer des plates-formes « régionales » en plus des acteurs « prédateurs » de plus-value comme booking.com, Tripadvisor. L’enjeu, pour des territoires enclavés et isolés, est d’accéder à des marchés autrefois non accessibles. Même localement, il faut intégrer l’outil du « e- commerce » qui permet de valoriser la production locale et de répondre aux attentes nouvelles des consommateurs.

– Le numérique est aussi un facteur de performance économique dans la gestion des entreprises et des administrations. Là encore, les illustrations abondent : la dématérialisation est un outil efficace pour régler la question récurrente des mandats, des délais de paiements, des retards ou oublis etc.

– Le numérique pose aussi la question des monopoles et renvoie à un plan de déploiement d’infrastructures (câbles, fibre, satellites…) qui s’inscrirait dans une logique vertueuse de commande publique, sauf si les marchés sont captés par quelques sociétés.

2) Le numérique un enjeu social au sein de chaque Collectivité

Au-delà de constituer une simple réponse économique, le numérique est dans les outre-mer un facteur essentiel de la réduction des fractures territoriales : accès à l’éducation, à la culture, aux soins, aux services publics de base etc. On peut ainsi, notamment dans les territoires les plus enclavés comme la Guyane ou la Polynésie dispersée en 5 archipels, apporter la même qualité de soins (e-diagnostic), les mêmes cours, les mêmes services sans avoir à construire une route, un collège, un dispensaire au « rabais » et dans des conditions économiques non supportables par les Collectivités.

Le numérique ne remplacera pas l’humain ou des actions et interventions en « vrai », le virtuel à ses limites mais constitue un puissant facteur d’égalité et de progrès.

3) La légitimité de l’action publique

Le numérique ne signifie pas « laisser-aller, laisser-faire » purement libéral. Certes, il faut des start-up développant des idées et de l’innovation. Mais sur des territoires « étroits » aux marchés limités, la loi du marché impose les structures installées, les sociétés historiques » ou les majors étrangères (le Pdt HTN pourra ici évoquer le câble en Guyane. Depuis le début des années 2000, La Réunion a porté ce combat).
Par ailleurs, la vocation du privé n’est pas d’assurer seule l’équité territoriale. Une action des pouvoirs publics est donc nécessaire. Il faut une stratégie :

– Quels moyens : fibre, satellite ?

– Quels financements : mix entre initiative privée et publique ?

– Quel rôle pour les Régions, la Collectivité Territoriale de Guyane, les Gouvernements du Pacifique, tant les infrastructures que dans les usages

– Quels outils ? (cf. le modèle guyanais d’une société publique locale, des offices des télécommunications dans le Pacifique)

Il faut enfin s’interroger sur « l’illectronisme », les exclus du numérique, notamment dans les territoires les plus fragiles (squats de Mayotte, de Guyane, de Nouméa, de Tahiti).

Le sujet du Numérique permet au total d’investir de larges espaces : l’économie, l’ouverture au monde, l’aménagement du territoire, les fractures sociales, les projets de société, le rôle de la puissance publique…et des moyens à lui allouer (un « plan » pour le numérique en OM ?)

Nous serons accompagnés, ce mardi 23 juin, afin d’échanger sur tous ces sujets par :

Édouard Fritch, Président de la Polynésie française
Diana Perran, Vice-présidente de la Région Guadeloupe
Jocelyn Ho Tin Noé, Conseiller Territorial de Guyane
Betty Fausta, Fondatrice de l’entreprise IPEOS, présidente de GuadeloupeTech
Hervé Tonnaire, Directeur de Outre-Mer de la Banque des Territoires
Alexandre Ventadour, Fondateur de l’agence Complay, Ancien cadre chez les “GAFA”
Olivier Kressmann, Président de la French Tech Polynésie
Pascal Thiaw Kine, PDG du Groupe Excellence, Acteur de la grande distribution à La Réunion

 

Luc Laventure

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