Métamorphoses Outremers a organisé au Sénat, le 7 février dernier, le colloque « L'Outre-mer veut sortir la tête de l’eau » en partenariat avec Outremers360. En lien avec de nombreux partenaires, le think tank a souhaité aborder la réalité de l’outre-mer sur la question de l’accès à l’eau. Ce colloque a réuni en présentiel et à distance des élus, chercheurs, personnalités et associations pour porter la voix de ces territoires en préface du 9 ème Forum Mondial de l’eau qui aura lieu du 21 au 26 mars à Dakar.
Patrick Lecante, maire de Montsinéry-Tonnégrande, Président du Comité de Bassin de Guyane, Administrateur de l'Agence Française pour la Biodiversité, Premier Vice-président de la CACL- Communauté d'Agglomération du Centre Littoral (délégué à l’eau potable) nous rappelle que la Guyane est un grand pays qui appartient au bassin amazonien. L’eau y est abondante mais menacée par de nombreux risques de pollution et explique également les enjeux d'une gestion transfrontalière et la mise en place du projet Bio-Plateaux.
Patrick Lecante partage une histoire ancienne avec l’eau. Son enfance fût baignée par les jeux dans les criques et les rivières. Une explication à son engagement pour la préservation de ces milieux, accrochés au plateau des Guyanes dont la Guyane partage la gouvernance avec le Brésil et le Suriname et où fût récemment mise en place une gestion transfrontalière pour deux fleuves le Maroni et l’Oyapock.
Etat de l’eau :
Entre les deux derniers plans de gestion, l’office de l’eau observe une dégradation de sept points, une dégradation essentiellement liée à l’orpaillage illégal de garimpeiros brésiliens Selon le Parc Amazonien de Guyane, sur les 148 sites miniers illégaux au sein du parc, 85 % se situent sur le bassin versant du fleuve Maroni en janvier 2021 et bénéficient d’apports logistiques transfrontaliers. L’eau est polluée par des matières en suspension, et 13 t de mercure sont libérées dans la nature chaque année. Mais la gouvernance est loin d’être parfaite. Le service public ne dessert plus que 70% de la population et de grandes contaminations dans le haut Maroni posent des problèmes de sécurité sanitaire selon les normes de l’OMS.
Coopération Bio-Plateaux :
La diplomatie entre les trois pays est très active. Une frontière indiscutable délimite enfin officiellement la Guyane et le Suriname, sur les parties aval et médiane du bassin versant transfrontalier, de l’embouchure à Antecume Pata. Cette étape diplomatique clé ouvre d’importantes perspectives pour cette région, marquée par de forts enjeux sécuritaires, sanitaires et environnementaux. Une région en pleine transition démographique et écologique dont l’avenir est plus qu’ailleurs déterminé par celui de son fleuve.
Au dernier forum mondial de l’eau à Brasilia, l’État, la CTG ont mis en œuvre le projet de coopération « bio plateaux ». Mesure phare du gouvernement il participe au partage de connaissances et d’expérience sur l’eau et la biodiversité dans les milieux aquatiques pour les bassins versants transfrontaliers du Maroni (entre la Guyane française et le Suriname) et de l’Oyapock (entre la Guyane française et l’État fédéré de l’Amapá au Brésil). Il a permis la mise en œuvre d’un observatoire transfrontalier. Une coopération active se mène sur ces bassins de vie. Cette région des hauts plateaux représente un des plus anciens massifs toujours visibles sur la planète, composé d'imposants plateaux d’altitude, des cascades impressionnantes.
En 2021, le projet s’est aussi donné pour ambition de rendre accessible cette expertise sur l’eau aux jeunes générations en réalisant des classes d’eau et des ateliers de science participative. Ancré dans les territoires, l’Observatoire aura vocation à nourrir les débats qui accompagnent les choix de développement, en prenant en compte l’eau et la biodiversité aquatique. Reste une importante préoccupation liée au réchauffement climatique dans le Haut Maroni : partout l’eau monte jusqu’à rendre difficile la sédentarité de ces régions.
Pour information :
BIO-PLATEAUX est financé par le programme de coopération régional de la Commission Européenne, Interreg Amazonie (PCIA, instruit par la Collectivité Territoriale de Guyane) ainsi que par le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), l’Office de l’Eau de Guyane (OEG) et la Direction Générale des Territoires et de la Mer (DGTM).
Quatre partenaires œuvrent à la réalisation des objectifs du projet BIO-PLATEAUX : l’Office International de l’Eau (OiEAU - coordonnateur du projet, en tant qu’association reconnue d’intérêt public) et l’Office de l’Eau de Guyane (OEG) pour la France, l’Université Anton de Kom (AdeKUS) pour le Suriname et l’Agence de Développement économique de l’Amapa ((Agência Amapá).
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