Métamorphoses Outremers a organisé au Sénat, le 7 février dernier, le colloque “L'Outre-mer veut sortir la tête de l’eau” en partenariat avec Outremers360. En lien avec de nombreux partenaires, le think tank a souhaité aborder la réalité de l’outre-mer sur la question de l’accès à l’eau.
Ce colloque a réuni en présentiel et à distance des élus, chercheurs, personnalités et associations pour porter la voix de ces territoires en préface du 9 ème Forum Mondial de l’eau qui aura lieu du 21 au 26 mars à Dakar.
Quelques jours avant la publication du deuxième volet du 6e rapport d’évaluation du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) consacré aux impacts, aux options d’adaptation, François Gemenne chercheur en géopolitique à l’université de Liège, directeur de l’observatoire des migrations environnementales et co-auteur du livre La guerre Chaude, (ed Gallimard, à paraître le 3 mars 2022) revient sur l’importance de l’eau pour le bien-être de la terre et des populations, ainsi que sur la nécessité pour les territoires ultramarins de fonder des politiques d’adaptation en vue du changement climatique.
« Faut-il fonder les politiques d’adaptation sur des bases objectives ou subjectives venant des populations ? » F. GEMENNE
François Gémenne aborde les problématiques environnementales et sécuritaires de l’eau. Les impacts du changement climatique seront nettement plus marqués qu’ailleurs dans les océans Indien et Pacifique : montée du niveau des mers, disparition d’îles… La « volonté inexistante de réduire les émissions de gaz à effet de serre fait que l’adaptation s’impose dans les outre-mer comme la voie privilégiée de lutte contre les changements climatiques ». Dans les territoires des Outre-mer, l’adaptation est capitale. Cette adaptation ne doit pas uniquement passer par un renforcement des infrastructures mais aussi par la prise en compte des inégalités sociales. C’est un point saillant du rapport du GIEC qui sera dévoilé le 28 février, selon lequel les populations les plus vulnérables seront les plus durement affectées par le réchauffement climatique.
De plus, François Gemenne alerte sur la privatisation de certains services publics en prenant l’exemple des feux de forêts en Californie,« inévitablement appelés à se développer » en France . L’autre élément important du rapport du GIEC renvoie à l’importance de la perception. La perception du changement climatique par les populations ne correspond pas toujours aux relevés objectifs. « Faut-il fonder les politiques d’adaptation sur des bases objectives ou subjectives venant des populations ? » se demande François Gemenne.