Dans ses vœux aux Outre-mer, le ministre Carenco appelle à un « changement du modèle économique avec davantage de liberté et de responsabilité des collectivités »

Dans ses vœux aux Outre-mer, le ministre Carenco appelle à un « changement du modèle économique avec davantage de liberté et de responsabilité des collectivités »

Le ministre délégué chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, a adressé ses traditionnels vœux aux territoires ultramarins. Premier exercice du genre pour celui qui a été nommé en juillet dernier, il y dresse un bilan et ses perspectives pour les Outre-mer.

« Création de valeur ». Un leitmotiv cher au locataire de la rue Oudinot, plusieurs fois répété depuis sa nomination. « De la valeur économique, de la valeur environnementale, de la valeur sociale, de la valeur culturelle. Pour lutter contre la pauvreté, pour créer des emplois, pour attirer les talents » développe le ministre, qui, depuis son arrivée, s’est notamment rendu à La Réunion, à Mayotte, en Guyane, en Nouvelle-Calédonie et en Martinique. 

« Cette création de valeur ne pourra se faire que si les infrastructures sont au rendez-vous : je pense au service de l’eau en Guadeloupe et à Mayotte aux ports dans les Antilles ou à Futuna, aux routes en Guyane ou à La Réunion, aux liaisons aériennes dans la plupart des îles soumises à une double, voire une triple insularité ; je pense aux services de santé à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, à la production d’électricité partout en outre-mer, qui doit être fiable, abordable et décarbonatée, ou encore à la construction de logements accessibles pour tous », a ajouté Jean-François Carenco.

Le ministre appelle dans ses vœux à « un changement du modèle économique, avec davantage de liberté et de responsabilité des collectivités ». Un vœu qui pourrait faire résonance avec les évolutions statutaires plusieurs fois évoquées l’année écoulée, bien que le ministre n’en fait pas référence dans vœux, malgré des travaux bien engagés en Guyane par exemple, ou encore l’avenir institutionnel calédonien qui reste encore à définir.

« Vous êtes par votre géographie et votre histoire, aux croisements des grands enjeux de la planète, qu’ils soient démographiques, environnementaux, sanitaires, agricoles, migratoires, technologiques ou économiques » a loué le ministre, estimant que les territoires ont « tous les atouts pour être à la pointe des solutions du XXIème siècle, les gardiens de la biodiversité, les pionniers d’une agriculture locale et durable, les artisans d’une économie circulaire et surtout les détenteurs d’un immense patrimoine culturel, littéraire, poétique, théâtrale, musical, à transmettre et partager ».

Vie chère, insécurité, aides aux compagnies aériennes, chlordécone

Au volet bilan, le ministre a rappelé les urgences liées au Covid, à la guerre en Ukraine et aux « désordres climatiques ont encore aggravé les déséquilibres ». « En 6 mois, nous nous sommes attelés aux maux les plus urgents : la lutte contre la « vie chère ». La lutte contre les Sargasses dans les Antilles » a-t-il rappelé, évoquant aussi la lutte contre l’insécurité à Mayotte, avec l’envoi du RAID, en Guyane, avec le détachement d’un 7ème escadron de la Gendarmerie, ou en Martinique, avec la nomination d’un Préfet à la sécurité.

Autres urgences de l’année passée : « l’aide aux compagnies aériennes », « avec le redressement d’Air Austral et l’accompagnement de Corsair », ou encore la signature de la convention canne à La Réunion. « Nous devons poursuivre tous ensemble dans la voie tracée par le Président de la République pour faire face au scandale lourd et douloureux de la chlordécone. Je reconnais cette faute dans la prolongation de l'utilisation de ce pesticide. Nous allons en parler en Martinique cette semaine » a-t-il ajouté.

« Depuis mon arrivée au ministère des Outre-mer en juillet 2022, j’ai pu voir que l’action publique, malgré les efforts entrepris depuis 2017, n’est pas encore assez visible, pas encore assez adaptée, et certains problèmes structurels, ou simplement du quotidien, demeurent » a constaté le ministre, exposant sa méthode : « partir de vos besoins, de vos craintes et de vos espoirs ». Un « réflexe que nous avons souhaité, avec Gerald Darmanin, mettre en place : trouver les voies d’une action publique plus efficace, en lien plus étroit avec les élus et les acteurs de terrain, pour restaurer la confiance dans l’action publique. C’est notamment les sujets de la vie chère, de l’eau, des pollutions, du transport, du logement, des déchets, de l’énergie ».  

« Nous avons tant à faire ensemble. Tant à réformer, tant à construire, tant à bâtir pour faire rayonner l’ensemble de nos territoires, au sein de la République et dans le monde, pour faire triompher la fraternité » a également déclaré le ministre, assurant que « le gouvernement est là pour que chaque île, chaque territoire construise son avenir ».