Cuba nie l’existence d’un projet de base chinoise d’espionnage sur l’île

Cuba nie l’existence d’un projet de base chinoise d’espionnage sur l’île

Cuba a qualifié jeudi de « mensongères et infondées » des informations de presse sur un supposé accord permettant à la Chine d’installer une base d’espionnage sur l’île communiste, tandis que la Maison-Blanche a assuré qu’elles n’étaient « pas exactes ».

« Le journal américain Wall Street Journal a publié le 8 juin une information totalement mensongère et infondée selon laquelle il existe un accord entre Cuba et la Chine en matière militaire pour l’installation d’une supposée base d’espionnage », a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Carlos Fernandez de Cossio, dans un communiqué lu devant la presse à La Havane.  

Cuba « rejette toute présence militaire étrangère » en Amérique latine, « y compris les nombreuses bases militaires et troupes américaines », a ajouté le ministre, estimant que « des calomnies de ce type sont fréquemment fabriquées par des fonctionnaires des États-Unis ». Selon le Wall Street Journal (WSJ), qui cite des sources anonymes américaines, un accord secret prévoirait d’installer une station d’écoutes électroniques sur cette île des Caraïbes à environ 200 km des côtes de Floride, où sont installées d’importantes bases militaires américaines.

Le quotidien économique ajoute que la Chine, avec laquelle les États-Unis mènent une compétition acharnée, devrait verser « plusieurs milliards de dollars » à Cuba pour construire cette installation. La chaîne américaine CNN a également fait état d’un tel accord citant des « sources proches du renseignement » américain. « Les États-Unis ont appris l’existence de ce projet au cours des dernières semaines », selon CNN, mais « il n’est pas certain que la Chine ait déjà commencé à construire l’installation de surveillance ».  

La Maison-Blanche a assuré jeudi que les informations du WSJ étaient inexactes. « J’ai vu l’article de presse. Ce n’est pas exact », a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby, au micro de MSNBC. « Ce que je peux vous dire, c’est que notre administration s’est inquiétée dès le premier jour des activités d’influence menées par la Chine à travers le monde, et particulièrement dans cet hémisphère et dans cette région », a assuré John Kirby. « Nous surveillons cela de très près », a-t-il ajouté.

« Selon les informations dont nous disposons, ce n’est pas exact. Nous n’avons pas connaissance de l’installation, par la Chine et Cuba, d’un quelconque type de base d’espionnage », a aussi réagi lors d’un point de presse quotidien le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder, qui a assuré que les États-Unis surveillaient « en permanence » les rapports entre Pékin et La Havane.

« Profondément troublés »

Le sénateur démocrate Mark Warner et son collègue républicain Marco Rubio, qui dirigent la commission renseignement du Sénat américain, se sont eux dits « profondément troublés » par l’article du Wall Street Journal. « Les États-Unis doivent répondre aux attaques éhontées actuellement menées par la Chine à l’encontre de notre sécurité nationale », ont-ils déclaré dans un communiqué.

Le président chinois Xi Jinping mène une extension de la présence militaire chinoise à travers le globe dans le but de concurrencer l’armée américaine, présente sur tous les continents. Mais l’installation d’une base à Cuba, au plus près des côtes de la Floride, constituerait une nouvelle étape pour Pékin et serait vue par Washington comme une menace inédite envers son territoire. « Nous devons être fermes sur le fait qu’une installation par la Chine d’une infrastructure d’espionnage à 160 km de la Floride et des États-Unis serait inacceptable », ont exhorté les sénateurs.

Durant la Guerre froide, les Soviétiques disposaient d’installations d’espionnage électronique sur Cuba. Mais en 1962, les États-Unis y observent des rampes de lancement de missiles, à portée des côtes américaines. Durant quelques jours, la menace d’un conflit ouvert – et nucléaire – entre les deux superpuissances atteint son paroxysme. L’URSS renonce finalement à son projet et les États-Unis retirent leurs missiles de Turquie.

En janvier et février, un ballon chinois qualifié par Washington d’« espion » a survolé les États-Unis avant qu’un chasseur américain ne l’abatte.

Avec AFP.