Cinéma : Rétrospective de l’œuvre de la Guadeloupéenne Sarah Maldoror au Palais de Tokyo

La réalisatrice Sarah Maldoror en 2009 ©Wikimedia Commons/K.Amar

Cinéma : Rétrospective de l’œuvre de la Guadeloupéenne Sarah Maldoror au Palais de Tokyo

Depuis la fin novembre et jusqu’au 20 mars 2022, le Palais de Tokyo à Paris consacre une exposition rétrospective consacrée à l’œuvre de la Guadeloupéenne Sarah Maldoror (1929-2020), l’une des premières réalisatrices française et noire. Autrice de fictions et de documentaires, son travail s’est inscrit dans une perspective résolument féministe et anticolonialiste.

C’est à une femme noire, pionnière du cinéma français et international que rend hommage actuellement le Palais de Tokyo à Paris. Dans une exposition intitulée « Sarah Maldoror : Cinéma Tricontinental » (jusqu’au 20 mars 2022), le public pourra découvrir ou redécouvrir l’œuvre encore peu connue de la cinéaste et documentariste engagée dans de nombreux combats féministes, anticolonialistes et antiracistes.

Née Marguerite Sarah Ducados en 1929, d’un père guadeloupéen et d’une mère originaire du Gers, elle prendra le nom de Maldoror en hommage au poète français Lautréamont (auteur des « Chants de Maldoror »). Après des études de théâtre, elle crée en 1956 à Paris « Les Griots », première compagnie théâtrale noire de France, composée d’Africains et d’Antillais. La troupe met en scène, entre autres, « La Tragédie du roi Christophe » d'Aimé Césaire. En 1960, Sarah Maldoror part à Moscou pour étudier à l’Institut national de la cinématographie (VGIK), un établissement prestigieux à l’époque où l’on forme aux métiers de la télévision, du cinéma et de la vidéo.

De retour à Paris elle fait une rencontre déterminante, l’écrivain et homme politique angolais Mario de Andrade, alors en exil, fondateur du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) en lutte contre le Portugal, pays colonisateur. De Andrade deviendra son compagnon. En 1966, tous deux s’installent à Alger, capitale d’un pays indépendant devenu épicentre de l’activité révolutionnaire internationale. Sarah Maldoror fait ses premières armes comme réalisatrice en participant notamment comme assistante au film devenu célèbre « La bataille d’Alger » de Gillo Pontecorvo. Elle conçoit ensuite ses premiers longs-métrages en Guinée-Bissau et au Congo. 

Sarah Maldoror évoque le poète martiniquais Aimé Césaire, sur lequel elle avait réalisé un documentaire en 1977  

De retour d’Afrique dans les années soixante-dix, la cinéaste s’installe en banlieue parisienne, à Saint-Denis, mais continue de parcourir le monde. Elle tourne ainsi en Guyane, au Cap-Vert, à La Réunion, au Mexique, en Martinique... Elle enrichit sa filmographie de documentaires et de portraits, notamment ceux de Léon Gontran-Damas, Aimé Césaire, l’écrivain haïtien René Depestre, Louis Aragon, la chanteuse haïtienne Toto Bissainthe, le saxophoniste afro-américain Archie Shepp, le peintre cubain Wifredo Lam, etc., tout en s’intéressant à des personnes anonymes, au sein des communautés africaines de France, entre autres. 

Au total, Sarah Maldoror a réalisé une quarantaine de films, courts-métrages et documentaires dans sa carrière. Au Palais de Tokyo, l’exposition qui lui est consacrée revient sur ses engagements marqués par la négritude, le surréalisme, le panafricanisme et le communisme. Celle-ci est divisée en deux parties. L’une est constituée de projections en continu, toute la journée, de courts-métrages de la réalisatrice (à partir de 12h30), et l’autre d’une scénographie rassemblant des documents et peintures, installations, photographies et sculptures diverses rappelant l’œuvre et la vie de cette grande pionnière du cinéma.

PM