Chlordécone : Manifestations en Martinique et à Paris pour demander « justice » et « réparation »

©Facebook / Simenn Matinik Doubout - Gaoulé Kont Chlordécone

Chlordécone : Manifestations en Martinique et à Paris pour demander « justice » et « réparation »

Une manifestation « pour la justice et les réparations dans le scandale du chlordécone » a réuni samedi 700 manifestants à Fort-de-France, selon la police, et 2 000 selon les organisateurs.

Un rassemblement de 150 personnes, selon la préfecture, s'est tenu simultanément à Paris pour dénoncer les ravages de ce pesticide utilisé dans les bananeraies et qui, trois décennies après la fin de son utilisation dans les Antilles, continue à y polluer les sols et l'eau.

La manifestation en Martinique « est la conclusion provisoire d'une semaine de mobilisation », a déclaré à l'AFP Philippe Pierre-Charles, syndicaliste et co-organisateur de la « Simen Matinik Doubout - Gaoulé Kont Chlordécone » (Semaine de la Martinique debout - révolte contre le chlordécone). « Nous sommes dans une démarche d'internationalisation de la lutte avec à terme la création d'un tribunal citoyen international », ajoute-t-il.

Présent dans le cortège, le secrétaire national du Parti communiste français Fabien Roussel a proposé la mise en place d'un établissement indépendant pour indemniser les victimes du chlordécone. « Une indemnisation pourrait être financée par un prélèvement de 1% sur le chiffre d'affaires des entreprises responsables de l'empoisonnement », a-t-il avancé. 

Également venu en Martinique pour manifester sa solidarité, l'ancien candidat à la présidentielle du Nouveau Parti anticapitaliste Olivier Besancenot a estimé « important d'être physiquement présent ». « Le véritable enjeu c'est que l'État reconnaisse sa responsabilité dans cet écocide et ce génocide, puisque ça a attaqué les gènes des Antillais », a déclaré de son côté à Paris Théo Lubin, président de l'association mémorielle Comité d'organisation du 10 mai (en référence à la journée des abolitions de l'esclavage dans les Caraïbes et l'océan Indien).

« L'État doit prendre ses responsabilités », insiste Mathilde Panot, présidente du groupe La France Insoumise à l'Assemblée nationale et présente au rassemblement parisien. « En Martinique, les organisations demandent une loi cadre pour à la fois réparer et dépolluer les sols et faire en sorte qu'il y ait des indemnisations. Donc nous sommes là tout d'abord en soutien », a-t-elle indiqué.

Tout en reconnaissant un « scandale sanitaire », les juges d'instruction du pôle santé du tribunal judiciaire de Paris ont prononcé un non-lieu dans l'enquête sur l'empoisonnement des Antilles au chlordécone, mettant fin à une information judiciaire ouverte en 2008. Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France, et les populations antillaises présentent un taux d'incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.

Avec AFP