La 107ème édition du Congrès des maires et des présidents d’intercommunalité de France se poursuivait encore ce mercredi 19 novembre. Entre conférences et tables rondes, la Porte de Versailles accueillait élus, institutionnels et différents partenaires administratifs ou financiers pour une nouvelle journée d’échanges. Au pavillon 4, entre deux prises de parole, Emmanuel Séraphin, maire de Saint-Paul et Président du territoire de l'Ouest à La Réunion, en a profité pour revenir sur la question du bâti tropical et de l’aménagement insulaire adapté au changement climatique.
C’est quelques minutes avant sa participation à une séquence avec l’opérateur Action Logement que nous retrouvons Emmanuel Séraphin, maire de Saint-Paul et président de la communauté d'agglomération Territoire de la Côte Ouest. Au milieu d’allées bondées, l’élu fait le bilan de cette nouvelle participation. « Se faire entendre reste un combat », reconnaît-il. « Les maires de l’Hexagone discutent entre eux et nous, nous devons toujours être présents pour montrer cette expertise qui est la nôtre. Au fil des années, elle est de plus en plus reconnue. » Et cette expertise, il la défend avec constance : le bâti en milieu tropical. « On a exposé ce que nous, on sait faire, notamment la construction en milieu tropical », explique le maire, invité à intervenir à différents échanges.

Et pour cause : alors que « l’Hexagone se tropicalise de plus en plus », que les vagues de chaleur se multiplient et que certaines maladies apparaissent dans des zones où elles n’existaient pas, la France se tourne désormais vers les solutions que les territoires ultramarins pratiquent depuis longtemps. « Les modes constructifs qu’on a à La Réunion pourraient demain servir dans des zones plus chaudes ici », souligne-t-il. Saint-Paul s’appuie en effet sur une démarche engagée dès 2009. « On est déjà sur une réglementation thermique, acoustique et aéraulique », rappelle l’élu.
L’orientation des bâtiments dans les vents dominants pour favoriser le rafraîchissement naturel, l’usage de protections solaires, la gestion intégrée de l’eau, la végétalisation, les matériaux adaptés : « tout ça fait qu’on a aujourd’hui un regard, une expertise ». Cette vision de la ville tropicale, pensée autour du bien-être des habitants, est au cœur des interventions du maire : « Une ville tropicale idéale, c’est la ville où le logement est désirable, où on a plaisir à avoir des services de proximité, où il y a une réelle mobilité. »

Logement, innovation et adaptation
Si le bâti tropical domine les interventions du maire, le logement reste ‘le nerf de la guerre’. Emmanuel Séraphin le reconnaît : « Il faut créer beaucoup de logements. On a énormément de zones aménagées qui aujourd’hui sont en construction. » Mais les besoins sont colossaux : « Il nous manque 5 000 logements sur le territoire de la commune de Saint-Paul. Là, on va en produire 600. Et il faut que sur dix ans, on ait ce rythme-là. »
Au Congrès, l’élu a également identifié des solutions immédiatement mobilisables, comme un procédé innovant de détection des fuites d’eau grâce à l’intelligence artificielle : « C’est ce type d’innovation qui nous intéresse et qui est tout de suite applicable. »
Le contexte est toutefois marqué par les incertitudes nationales, notamment financières : « Ce qui pèse le plus, c’est l’ambiance nationale où on ne sait pas trop au niveau des financements. Ce que l’on entend sur une augmentation potentielle de la taxe foncière nous inquiète aussi. »
Les Outre-mer à l’honneur au Grand Prix des maires 2025
L’expertise réunionnaise n’a pas seulement retenu l’attention des professionnels du Congrès : elle a été récompensée au niveau national. La ville de Saint-Paul remporte en effet le Grand Prix des Maires 2025, catégorie Environnement et Mobilités.
« Longtemps envahi par des espèces exotiques envahissantes, le haut de plage des Brisants a été restauré grâce à l’arrachage des prosopis et chokas, et à la plantation de plus de 2 600 végétaux indigènes. Le site est de nouveau prêt à accueillir des espèces protégées, dont les tortues vertes et le Cyperus stolonifer, menacé·es d’extinction. Ce projet, co-construit avec les riverains, les associations, les acteurs de la conservation de la biodiversité (Centre d’Études des Tortues Marines et Conservatoire Botanique National de Mascarin), renforce la résilience du littoral face à l’érosion, aux houles australes et aux tempêtes », peut-on lire dans le communiqué de presse évoquant l’initiative qui aura permis à la commune de remporter le prix.
Chaque année, plus d’une centaine de communes candidatent aux différentes catégories du Grand Prix, organisé par RMC, BFM Locales et BFMTV, en partenariat avec l’Association des maires de France et des présidents d'intercommunalités. Pour cette 8ᵉ édition, six catégories étaient mises en avant. « J’étais fier de récupérer le premier prix sur le Grand Prix des maires, sur l’environnement. Ce sont ces modes-là qui aujourd’hui sont reconnus au niveau national », a encore indiqué Emmanuel Séraphin.
À cette même cérémonie, une autre commune ultramarine s’est distinguée dans la catégorie Sport & Culture : « M’tsangamouji primée au Grand Prix des Maires de France pour la Nuit du Handball : une victoire collective et un symbole de résilience », peut-on lire dans un autre communiqué envoyé par la commune de Mayotte. « Cette distinction nationale vient récompenser la dynamique sportive et vient à point nommé suite au démarrage de l'enseignement de la natation pour l'ensemble des classes de CP de la commune depuis le 10 novembre dernier, ou encore l'apprentissage du vélo pour les écoliers depuis début 2025, ainsi que les randonnées pédestres et sorties VTT mensuelles. »
Jeudi, pour la dernière journée du Congrès, les élus ultramarins seront attentifs aux potentielles annonces qui pourraient être faites. Le retour dans leurs territoires respectifs se fera dans la foulée pour nombre d’entre eux.























