Agriculture-Fillière Canne : IDECAS, le projet de lutte contre l'enherbement des parcelles lancé en Martinique

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Agriculture-Fillière Canne : IDECAS, le projet de lutte contre l'enherbement des parcelles lancé en Martinique

Le centre technique de la canne et du sucre (CTCS) et le Cirad ont organisé une conférence de presse ce vendredi 14 février, en présence de plusieurs agriculteurs. Objectif : présenter le nouveau projet expérimental de gestion des adventices (ou mauvaises herbes) dans les parcelles de canne à sucre en Martinique. 

Face à l'interdiction successive de plusieurs herbicides dans les parcelles, la lutte contre les adventices (mauvaises herbes) constitue un défi majeur pour maintenir les rendements et la viabilité des exploitations. Depuis quelques années, le désherbage manuel figure parmi les alternatives pour pallier à l'arrêt des produits phytosanitaires, mais c'est une tâche à la fois coûteuse, fastidieuse et chronophage. Pour rappel, la canne à sucre est une culture majeure des 3 DROM (La Réunion, Guadeloupe et Martinique), représentant une superficie de 37 400 ha. 

Dans ce contexte, le projet "IDECAS", initié dans le cadre du plan PARSADA (Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures), financé sur les fonds ECOPHYTO, est une collaboration entre eRcane (La Réunion), les CTCS de Guadeloupe et de Martinique et le CIRAD, pour répondre à la problématique de la gestion des adventices. 

En Martinique, c'est le centre technique de la canne et du sucre (CTCS) qui coordonne ce projet, et en charge de mettre en place les différentes actions avec les partenaires comme le CIRAD et producteurs locaux. Défini pour une période de 4/5 ans, le projet répond à trois objectifs précis. Premièrement, améliorer les connaissances biologiques et phénologiques sur les adventices tropicales. Deuxièmement, expérimenter des techniques de  désherbage et identifier les innovations dans ce domaine et troisièmement, faciliter le déploiement et l’adoption de ces techniques par les agriculteurs.

L’un des agriculteurs présents sur place, Cédric Cantinol, voit d’un bon œil cette initiative. Il affirme que des solutions doivent être trouvées, au risque de mettre en péril la profession : « Selon moi, c'est une bonne initiative pour le monde de la canne. Ça fait un peu de temps depuis l'arrêt des produits phyto qu'on attend effectivement ce coup de pouce des institutions qui peuvent nous aider à trouver des solutions. Parce qu'aujourd'hui, il faut qu'on trouve des solutions, sinon notre métier est vraiment en péril. J'accueille avec beaucoup de bienveillance cette initiative. De mon côté, on a essayé l'écartement des rangs. On a déjà essayé les un outil pour passer dans les rangs. J'ai moi même fabriqué un outil de mes propres mains pour pouvoir lutter contre l'enherbement. Et aujourd'hui, on attend une vraie réponse», confie-t-il au micro de notre partenaire RCI Martinique.

Des évaluations seront menées par le Cirad, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, sur l’impact de ces essais sur l’enherbement ou encore sur la biodiversité, comme l’explique au micro de RCI Martinique Christophe Poser, le correspondant filière canne à sucre de l’organisme : «On fera des combinaisons selon la volonté des planteurs en fonction des régions pour évaluer le gain en termes de réduction de pesticides. Arriver à minimiser au maximum et de voir quelle est la maîtrise de l'enherbement, les rendements en canne, mais aussi toute une partie d'évaluation sur la biodiversité. Il y a une partie d'évaluation économique, sociale et environnementale qui est développée par des par des spécialistes du CIRAD et une consultante, ainsi que la santé du sol qui est essentielle, c'est-à-dire l'état physique, biologique et chimique des sols.»