Il y a un peu plus d’un an, l’équipe du World Mosquito Program effectuait son premier lâcher de moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia à Nouméa. L’expérience vise à réduire la capacité de transmission des virus de la dengue, du chikungunya et du Zika. Malgré les circonstances météorologiques et sanitaire, le premier bilan s’avère positif.
En introduisant la bactérie Wolbachia au sein des colonies de moustiques, l’objectif visé est la transmission de la bactérie via la reproduction avec les colonies de moustiques sauvages. À long terme, les moustiques porteurs deviennent majoritaires, réduisant drastiquement les risques d’épidémie.
Le projet initié en 2018, fruit du partenariat entre le gouvernement de Nouvelle-Calédonie, la ville de Nouméa, l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, l’université australienne de Monash et le World Mosquito Program (WMP), a donné lieu à plusieurs lâchers de moustiques porteurs de la bactérie entre juillet 2019 et juin 2020. Cependant, l’équipe scientifique a dû faire face à une période de sécheresse peu propice à la reproduction de l’espèce, ainsi qu’aux contraintes de la crise sanitaire.
« Face à cette situation inédite, une réorganisation du programme a été nécessaire. Les lâchers ont été restreints pendant le confinement, mais ont repris dès la fin de cet épisode et ont été renforcés jusqu’en juin » explique Nadège Rossi, la chef du projet.
Des contraintes qui n’ont cependant pas entaché le premier bilan de l’expérience : « Les moustiques porteurs de Wolbachia sont présents sur l’ensemble de la commune. Ils se reproduisent et on peut même dire que leur installation est désormais effective dans certaines zones, telles que la Vallée-des-Colons, le 4e kilomètre, Haut-Magenta, Nouville ou Val Plaisance. »
Au vu de ces premiers résultats, de nouveaux lâchers de moustiques porteurs de la bactérie débuteront en fin d’année dans les quartiers où ils sont encore peu nombreux, afin de consolider la présence des moustiques Wolbachia au sein des colonies.
Pendant trois à six mois à compter de décembre, des « Wolbicaps » seront placées chaque semaine dans des récipients d’eau marqués aux couleurs du programme. Ces contenants, qui seront contrôlés régulièrement par des agents dédiés, seront disposés dans des quartiers cibles. Sur le domaine public, mais aussi chez des particuliers volontaires. Nadège Rossi invite chacun à participer à l’expérience afin d’améliorer l’efficacité du programme : « Les personnes qui disposent d’un jardin ou d’un coin de verdure facilement accessible, pourront participer à cette opération.Les candidats peuvent d’ores et déjà prendre contact avec nous. »
Les volontaires recevront une « Wolbicap » par semaine, à leur domicile, durant 12 à 24 semaines.
Par Damien Chaillot