Interrogée par le député Emmanuel Tjibaou (GDR, FLNKS) à l’Assemblée nationale ce mercredi, la ministre des Outre-mer a défendu la consultation anticipée sur l’accord de Bougival, « pas une demande de l'État » mais « des forces politiques elles-mêmes ». Son interlocuteur a, lui, dénoncé des « négociations au Forceps ».
« Si vous vous inscrivez dans la continuité des accords de paix, une consultation référendaire non inscrite à l'accord de Nouméa sur un corps électoral (…) sans amendement, sans fondement juridique, sur un projet contesté qui pourra être mis en œuvre après une révision constitutionnelle, c'est mettre pour nous la charrue avant les bœufs », a dénoncé le député indépendantiste Emmanuel Tjibaou.
À l’issue de son déplacement en Nouvelle-Calédonie, Naïma Moutchou avait annoncé que la consultation sur l’accord de Bougival se ferait avant la révision constitutionnelle permettant sa mise en œuvre. Initialement, la consultation devait arriver après la révision. « Donner la voix aux Calédoniens pour se prononcer sur leur avenir, (…) c'est l'exercice de la démocratie » a justifié la ministre.
Cette consultation devrait se faire sur « l’accord de Bougival tel qu’il a été publié au mois de juillet », estimant, une semaine plus tôt devant le Sénat, que des modifications pourraient être apportées après la consultation. « La consultation anticipée dont nous parlons, ce n'est pas une demande de l'État » a poursuivi la ministre mais « des forces politiques elles-mêmes ».
Toutefois sur place, la consultation citoyenne anticipée avait été critiquée par des groupes indépendantistes et non-indépendantistes, estimant que les ajustements, notamment les plus importants, au texte devaient être connus et actés avant la consultation des Calédoniens. « Les groupes politiques ont exprimé leur opposition ferme à ce type de négociations au forceps. L'éveil Océanien, Calédonie Ensemble, UNI et UC-FLNKS se sont déclarés contre la consultation anticipée », a martelé le député.
Face à un possible revirement des signataires encore favorable au projet d’accord, le gouvernement a dépêché sur place une mission de facilitateurs pour « proposer au gouvernement les éclaircissements, ajustements ou compléments (…) dès lors que ceux-ci permettraient de renforcer l’adhésion actuelle au texte de l’accord, sans en altérer l’architecture générale », avait indiqué un communiqué du Ministère des Outre-mer.
Lire aussi : Accord de Bougival : l’examen au Congrès de Nouvelle-Calédonie du projet de loi sur la consultation anticipée reporté
« Pour créer les conditions du compromis, (…) nous avons envoyé une mission de confiance. Elle est en pleine discussion, en plein travail avec les forces politiques aujourd'hui pour tenter justement de clarifier les points indispensables à cet accord de Bougival » a insisté la ministre ce mercredi devant l’Assemblée nationale. « Il appartient aux forces calédoniennes sur place de prendre leurs responsabilités parce qu'elles ne veulent pas repartir de zéro ».
Dans sa question au gouvernement, Emmanuel Tjibaou a aussi alerté sur la situation économique de l’archipel, et notamment de l’Usine du Nord, en sommeil depuis début 2024, après le retrait de son actionnaire majoritaire Glencore. Mardi, « un demi-millier » de salariés de l’usine se sont rendus devant les grilles de la représentation de l’État « pour demander le soutien équitable aux opérateurs miniers ». « Si les partenaires coréens ont mis la main à la poche, ils ne peuvent plus suivre aujourd'hui », a prévenu le député.
« Nous statuerons bientôt sur le PLF 2026 et on ne voit toujours pas l'ombre des arbitrages attendus pour le pays, déjà au bord du gouffre » a aussi déclaré Emmanuel Tjibaou.























