Transports : En Polynésie, la concurrence à la desserte aérienne passe par la mer

Transports : En Polynésie, la concurrence à la desserte aérienne passe par la mer

Tahiti aux Îles sous-le-vent en minimum 3h30 et un peu plus de 100 euros : c’est la promesse de l’armateur Degage qui lance sa ligne Apetahi Express à partir du 26 mars. Une alternative au monopole de l’aérien qui reçoit un accueil optimiste des consommateurs polynésiens. 

Transporter des passagers depuis Tahiti et vers les Îles sous-le-vent (Huahine, Raiatea, Tahaa et Bora Bora), dans des conditions confortables et des tarifs abordables, beaucoup d’armateurs s’y sont lancés sans trouver le succès escompté. Le 31 mars 2010, la société Raromata’i Ferry (Raromata’i est le nom tahitien des Îles sous-le-vent) lance le King Tamatoa, ex-NGV Liamone, sur cette route. L’aventure est interrompue au bout de deux mois suite à la mise en redressement judiciaire de l’armateur. Il faut dire que la ligne est rude, ballotée entre la houle et l’équilibre budgétaire.

Mais la concurrence sur les lignes internationales et la baisse des prix des billets d’avions ont bousculé les consciences des consommateurs. En outre, une loi de pays de 2016 est venue organiser et préciser la desserte des îles, que ce soit par les airs ou par la mer. De quoi aiguiser les envies de certains armateurs, déjà bien installés, d’offrir une alternative au transport par avion, qui s’adresserai à un public local mais aussi à des touristes moins haut de gamme. Actuellement, la desserte de Tahiti vers les Îles sous-le-vent est à 99% assurée par avion. Côté prix, un aller/retour Tahiti – Huahine en haute saison pour une personne peut avoisiner les 300 euros.

Ainsi, le groupe Degage a annoncé le lancement, le 26 mars, de sa ligne Apetahi Express, nom de la fleur qui pousse uniquement sur l’île de Raiatea. En attendant son nouveau navire, l’armateur mettra à disposition un grand catamaran qui effectuait déjà les traversées entre Tahiti et Moorea, l’île sœur. Moteurs rénovés, stabilisateurs réparés, intérieurs rafraîchis avec de nouveaux sièges : le groupe Degage semble confiant que ce navire à grande vitesse (30 nœuds en vitesse de croisière) saura affronter la houle qui peut être forte, rapportent nos partenaires de Radio 1 Tahiti.

Pour éviter de faire de l’ombre aux historiques goélettes qui desservent les îles, l’armateur se contente de transporter 16 tonnes de fret, en plus des 502 passagers et de leur bagage de 23 kilos. Pas de voiture à bord, mais les usagers auront droit à un vélo. Pour les prix, ils sont affichés à 12 800 Fcfp pour un aller-retour entre Tahiti et Huahine (3h30), 14 000 Fcfp pour Tahiti-Raiatea, et 16 200 Fcfp pour Tahiti-Bora Bora (7h avec escales). L’armateur propose également des prix étudiants, enfants ou familles, et vise 80 000 passagers par an, sur un marché potentiel de 610 000 passagers, sans compter les passagers inter-îles Sous-le-Vent, précise Radio 1 Tahiti.

Le Terreau piti sera le futur concurrent du groupe Degage sur la desserte des Îles sous-le-vent, preuve d'un marché à fort potentiel

Le Terreau piti sera le futur concurrent du groupe Degage sur la desserte des Îles sous-le-vent, preuve d’un marché à fort potentiel

Le groupe s’est pourtant lui-même cassé les dents sur cette desserte, en 2004 d’abord, puis en 2010. « Contrairement à notre précédente expérience (…), on a aujourd’hui un navire qui est adapté à la ligne », assure Samuel Matton, Responsable commercial et Marketing du groupe. « L’Aremiti 5 est le meilleur navire qu’on n’aura jamais lancé sur cette ligne, avant évidemment l’arrivée de notre nouveau bateau. Il est haut, long et devrait tenir une vitesse de 30 nœuds, donc on espère qu’avec sa vitesse et sa coupe, il puisse bien tenir la mer. C’est ce qui est le plus important sur ce trajet ».

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Le futur navire est attendu pour 2023, et plutôt que l’attentisme, l’armateur a donc pris les devants. « On avait l’Aremiti 5 qui était là. On s’est donc dit : Au lieu d’attendre notre bateau neuf, pourquoi ne pas lancer l’Aremiti 5 qui est déjà disponible ? ». Lancé en 2004, l’Aremiti 5 était à l’arrêt depuis son remplacement sur la ligne Tahiti-Moorea par l’Aremiti 6 en septembre 2019. Surtout, l’armateur devance de quelques mois son concurrent, la SNVG Teravau, qui doit également lancer une ligne sur les Raromata’i avec un ferry flambant neuf mais uniquement en haute saison.