Covid-19 : En Polynésie, prolongation du couvre-feu sur fond d’incertitudes sur l’épidémie

Covid-19 : En Polynésie, prolongation du couvre-feu sur fond d’incertitudes sur l’épidémie

« Rien n’est gagné » selon les autorités locales. Dominique Sorain, Haut-commissaire de la République, et Édouard Fritch, président de la Polynésie, ont annoncé le prolongement des mesures sanitaires existantes, dont le couvre-feu à 21 heures, jusqu’au 15 février prochain. Malgré la baisse des chiffres ou le début de la vaccination, l’apparition de variants du Covid et les reprises épidémiques observées partout dans le monde rendent la situation très difficilement prévisible en Polynésie. Les détails avec notre partenaire Radio 1 Tahiti

« Pas de renforcement des mesures », « pas de reconfinement envisagé », mais pas question non plus de « baisser la garde ». Dominique Sorain a annoncé la reconduction pour au moins un mois des mesures sanitaires qui avaient déjà été prolongées le 15 décembre. Ce qui inclus les limitations de rassemblements (sur la voie publique, dans les lieux de culte…), d’événements (compétitions sportives), les obligations de port du masque dans les lieux publics, les fermetures d’établissements (salles de sport en intérieur, bar et discothèques à Tahiti et Moorea…). Et bien sûr couvre-feu de 21 heures à 4 heures du matin à Tahiti et Moorea. Des mesures justifiées par les incertitudes qui pèsent aujourd’hui sur l’évolution de l’épidémie au fenua.

« Rien n’est gagné »

Le haut-commissaire a salué le respect des mesures sanitaires par la population. « Des efforts qui paient » et « qui n’ont pas été fournis pour rien », explique-t-il. Pour preuve, la baisse constante des chiffres de l’épidémie et des hospitalisations depuis le mois de novembre. Mais « la pression sur notre système de santé reste notre boussole », insiste le haut-commissaire. Or, au moment où de nombreux pays se réarment contre la pandémie (couvre-feu à 18 heures dans l’Hexagone, reconfinement au Royaume-Uni, au Japon, ou dans certains États américains…), cette pression pourrait s’accentuer.

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D’une part du fait des variants du virus, notamment celui découvert en Angleterre, et qui paraît beaucoup plus contagieux que le virus souche. « Un variant que personne ne pouvait prévoir », explique le représentant de l’État. Le président Édouard Fritch indique que l’institut Malardé est sur le point de s’équiper en matériel d’analyse pour pouvoir repérer ce « mutant », « qui est peut-être déjà en Polynésie ». La pression pourrait venir, d’autre part, de la « lassitude » des Polynésiens concernant les gestes barrières. Les chiffres de circulation du virus ont arrêté de baisser cette dernière semaine, et semblent même amorcer un rebond*. Seule solution, pour les deux responsables : « appliquer plus que jamais les gestes barrières et les mesures prises par les autorités ».

Des mesures qui « ne sont pas prises par plaisir » a complété Édouard Fritch. « La Polynésie est chanceuse quand on regarde d’autres pays qui sont obligés de tout fermer », rappelle le président du Pays. Répondant à une question sur l’aide aux entreprises et en particulier au secteur du tourisme, il a assuré que les aides actuelles seraient maintenues et que de nouveaux aménagements étaient à l’étude pour ce qui est des activités sportives. « Mais réjouissons-nous déjà que les restaurants restent ouverts, que les hôtels accueillent des clients », insiste le président.

« Que cette année soit l’année de la guérison »

L’espoir, bien sûr, pourrait venir de la vaccination, en rodage cette semaine, et dont le président du Pays a une fois de plus rappelé les modalités. À partir de lundi, les matahiapo (personnes âgées, ndlr) de plus de 75 ans, les personnes les plus fragiles (maladies graves et carnet rouge) et certains soignants commenceront à être vaccinés dans les centres dédiés de Tahiti et Moorea. Toutes les informations sur les rendez-vous et les horaires d’ouverture sont à retrouver sur la page dédiée du gouvernement.

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Mais le président a aussi pris soin d’insister sur le manque de fondements scientifiques des opposants à la vaccination. « Il n’y a pas lieu de polémiquer sur la vaccination », a-t-il insisté, rappelant les nombreux tests et études qui ont affirmé l’efficacité et la sécurité de ces vaccins. Et ceux et celles qui doutent de la vaccination sont libres de rester dans le doute : « il n’y aura aucune contrainte ». Édouard Fritch en a profité pour répéter ses vœux pour 2021 : « que cette année soit pour nous tous l’année de l’espérance et je l’espère, l’année de la guérison ».

Radio 1 Tahiti

*107 nouveaux cas de coronavirus ont été confirmés ce jeudi par les autorités, qui n’en avaient pas découvert autant en une seule journée depuis près de 3 semaines, rapportent nos partenaires de Radio 1 Tahiti. Le président de la Collectivité et le représentant de l’État évoquent tous deux une conséquence des fêtes de fin d’année : soit d’une part la baisse des dépistages en raison des vacances, soit la reprise de la circulation du virus dû aux rassemblements festifs.

Sur 7 jours glissants, 395 contaminations ont été identifiées. Un chiffre qui, après avoir baissé presque continuellement pendant 9 semaines, semble repartir à la hausse depuis quelques jours, indique encore Radio 1 Tahiti. Actuellement, 32 personnes sont admises en filière Covid du centre hospitalier, un niveau qui n’a plus été atteint depuis début octobre. 19 d’entre eux sont en service d’anesthésie-réanimation pour prendre en charge des défaillances de leurs fonctions vitales. Le CHPF a en outre connu deux nouveaux décès, les premiers de la semaine. Ce qui porte à 126 le bilan temporaire de l’épidémie en Polynésie.

Pour rappel, la Polynésie avait connu l’un des taux d’incidence les plus élevés au monde début novembre (989 pour 100 000 habitants). Ce taux vient de passer sous le seuil d’alerte (97/100 000) dans les îles de Tahiti et Moorea (les plus peuplées), selon le ministère de la Santé local. Aux Îles Sous-le-Vent en revanche, le taux d’incidence reste élevé (192/100 000), en particulier à Bora Bora et Raiatea, deux îles prisées des touristes.