Alors que le gouvernement étudie un projet visant à apporter une haute protection sur 10 % du parc de la mer de Corail, bénéficiant à l’heure actuelle de cette protection forte sur seulement 2 % de sa surface, le sujet fait débat entre les différents membres du Comité de gestion. Focus avec le reportage de nos partenaires de CALEDONIA.
Étendre la zone de protection forte sur le parc de la mer de Corail, crée en 2014 et grand de 1,3 million de kilomètres carrés, soit la surface de la Zone Économique Exclusive (ZEE) de la Nouvelle-Calédonie, fait débat entre les différents acteurs concernés dans le dossier.
Plus grande aire marine protégée de France, le parc détient le record du monde de densité de poisson et de biomasse marine, évaluée entre 7 et 9 tonnes par hectare. Cependant, selon les critères de l’Union Nationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le parc a également un contre-record, du plus faible niveau de protection.
Or, le projet d’extension de la zone couverte par un haut niveau de protection, passant de 2 % a 10 %, s’il a pour objectif de protéger la biodiversité de l’espace maritime tout en permettant un développement économique durable, inquiète les acteurs de la pêche, qui y voient un risque pour leur activité.
Les avis divergent donc au sein du comité de gestion, puisque selon les acteurs de la pêche, qui rappellent qu’un total de 16 bateaux exploitent la zone, avec un caractère responsable, l’augmentation de protection à hauteur de 10 % et au-delà, pourra menacer les 250 emplois directs du secteur, alors que la pêche est un levier majeur pour l’autosuffisance alimentaire du pays, 100 % local.
À l’opposé, selon l’association environnementale Ensemble Pour La Planète (EPLP), ces 10 % sont insuffisants face aux enjeux de protection de la biodiversité, argumente sa présidente, Martine Cornaille, au micro de Caledonia : « Le premier projet du gouvernement consistait à protéger environ 12 % de la superficie du parc. Les zones qui étaient concernées ne nous agréait pas, donc nous avons décidé avec l’ensemble des membres du collège de la société civile, c’est à dire les grandes ONG et les associations locales, de nous réunir pour formuler une contre-proposition, mais, établie sur la base de données relatives à la pêche, et sur la base des données scientifiques recueillies jusqu’à ce jour. Nous avons pu faire une contre-proposition qui aboutit finalement à protéger fortement, en catégorie 1A ou 1B de l’UICN, les plus forts niveaux de protection, 38 % de notre ZEE ».
De son côté, le gouvernement affirme ne pas vouloir peser sur la filière pêche, et que monter la zone de protection a 38 % pourrait mettre en danger le secteur à long terme, comme l’explique Jeremie Katidjo-Monnier, membre du gouvernement chargé du parc naturel de la mer de Corail : « Aujourd’hui, les cartes de pêche n’ont pas une résolution suffisante pour qu’on puisse ajuster et limiter l’impact sur la pêche. Aujourd’hui, on sait avec certitude que les 10-15 % de réserve sans pêche représentent 1,2 % de l’effort de pêche. Pour aller au-delà, on n’a pas une résolution et des données suffisante pour se dire qu’on y va, sans impacter la pêche et sans impacter l’autosuffisance alimentaire ».
En Nouvelle-Calédonie, l’activité de pêche représente 2.500 tonnes de poisson pêchés par an. À titre de comparaison et d’exemple, ce chiffre est de 20 fois inférieur à ce qui est pratiqué au Vanuatu ou aux Îles Salomon, où la pêche annuelle représente 50.000 tonnes de poissons.
Dans le cadre du débat, le gouvernement a organisé une consultation publique auprès des calédoniens, du 17 juillet au 18 août 2023, dont les résultats seront pris en compte dans l'élaboration du projet final.
Damien CHAILLOT