Vie chère en Nouvelle-Calédonie : le gouvernement en quête de solutions auprès des acteurs économiques et sociaux

Vie chère en Nouvelle-Calédonie : le gouvernement en quête de solutions auprès des acteurs économiques et sociaux

Sur invitation du membre du gouvernement Christopher Gygès, les représentants du monde économique et les partenaires sociaux se sont réunis, ce vendredi matin, à l’occasion d’un séminaire consacré au pouvoir d’achat des Calédoniens. Chacun y a défendu ses solutions pour contenir la hausse des prix. Des premières mesures sont attendues d’ici fin mars. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes. 

Des syndicats de salariés, des organisations patronales, des responsables de la grande distribution, des associations de consommateurs… Dans le hall d’accueil de la Station N, à Nouville, une dizaine de représentants du monde économique et de partenaires sociaux étaient réunis, ce vendredi 21 février, à l’occasion du séminaire dédié au pouvoir d’achat.

Un évènement organisé par le gouvernement, dont l’ambition était claire : mobiliser l’ensemble des acteurs pour trouver des solutions à la vie chère et à l’augmentation des prix. « Une priorité absolue », a affiché Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge de l’économie.

Alors que 11 600 salariés du privé ont perdu leur emploi entre mai et décembre 2024, la crainte d’une importante crise sociale se renforce au sein de l’exécutif calédonien, qui veut s’emparer du sujet avant qu’il se transforme en contestation généralisée. « Souvent, on organise ce genre de séminaire après des manifestations », a fait remarquer Christopher Gygès, vantant ainsi l’initiative du gouvernement.

Pas de tabou

Ce premier échange avec le monde économique et social aura permis, selon le porte-parole de l’exécutif, de dresser « un constat partagé » sur les causes de la vie chère en Nouvelle-Calédonie. « Ou, du moins, de faire en sorte que tout le monde dispose des mêmes informations », s’est-il repris, bien conscient que les explications à la cherté de la vie divergent parmi les participants.

La mission de dresser cet état des lieux et d’esquisser des premières solutions a été confiée à l’Institut des statistiques et des études économiques (Isee), à la Direction des affaires économiques (DAE) et à l’Autorité de la concurrence. L’assistance a ainsi pu découvrir que le pouvoir d’achat des Calédoniens s’est grandement dégradé en 2022, l’inflation dépassant l’évolution des salaires. 

Depuis, les prix ont continué de progresser plus rapidement que les revenus. Il a aussi été question des raisons du renchérissement des prix des produits de grande consommation en Nouvelle-Calédonie : multiplicité des intermédiaires dans la chaîne d’importation et d’approvisionnement, tarifs du fret élevés, marges excessives, droits de douane…

« Je souhaite vraiment qu’il n’y ait pas de tabou, parce que c’est le meilleur moyen de prendre des mauvaises décisions », a assuré Christopher Gygès, qui se dit prêt à aborder les sujets qui fâchent. « La question des monopoles, des salaires, de la taxation, de la fiscalité, des protections de marché… »

« Nous n’avons plus le choix »

Reste à trouver le moyen de concilier les visions et les intérêts antagonistes des acteurs présents ce vendredi à la Station N. Les différentes prises de parole ont donné la mesure de ce défi. « Il y a un problème avec la réglementation des prix, qui fixe un tarif maximum sur lequel tous les opérateurs s’alignent », quand bien même la conjoncture leur permettrait de les réduire, a déploré Tony Dupré, de la Cogetra.

De son côté, Ronan Daly, président du syndicat des commerçants, s’en est pris à des « droits de douane trop élevés » à son goût. Pour Laurent Vircondelet, président du Syndicat des importateurs et des distributeurs (SID), la priorité serait d’établir « une liste des produits de première nécessité » à exonérer.

Si les désaccords venaient à prendre le pas sur un consensus que le gouvernement juge désormais nécessaire entre les partenaires sociaux et les acteurs économiques, « le gouvernement décidera seul », a prévenu Christopher Gygès. « Nous n’avons plus le choix, des milliers de personnes qui ont perdu leur emploi ou qui sont au chômage partiel attendent qu’on prenne des décisions. À nous d’être à la hauteur ». 

De nouvelles réunions de travail sont prévues dans les prochaines semaines. Le gouvernement veut pouvoir présenter, d’ici la fin du mois de mars, une « stratégie vie chère et pouvoir d’achat ».

Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes