Ce vendredi 2 matin, lors de la deuxième journée de la table ronde sur les essais nucléaires en Polynésie française, l’État et la délégation polynésienne ont évoqué les impacts sanitaires. L’occasion d’aborder les indemnisations des victimes mais aussi, les frais engagés par la sécurité sociale polynésienne pour la prise en charge des personnes atteintes de maladies radio-induites.
« J’ai un petit espoir » a confié Patrick Galenon, ancien président de la Caisse de Prévoyance Sociale (CPS, équivalent de la Sécurité sociale en Polynésie, financée par le contribuable local, ndlr). Ce jeudi, « le Président de la République a annoncé qu’il ferait quelque chose pour le remboursement de la CPS. On verra comment ça va se dérouler », a poursuivi Patrick Galenon, également secrétaire général de la CSTP-FO, le plus important syndicat de Polynésie française. « Il a dit qu’il prendrait en compte », a-t-il insisté.
En effet, parmi la délégation polynésienne présente à cette table ronde, le Cesec est venu défendre une demande de remboursement des 80 milliards de Fcfp (670,4 millions d’euros) engagés par la CPS depuis 1985 pour la prise en charge des victimes atteintes d’une des 23 maladies radio-induites. « Il a dit qu’il prendrait en compte », a-t-il insisté.
Malgré cette satisfaction, Patrick Galenon s’est dit « un peu déçu de la façon dont les discussions se sont déroulées ». « Nous avions déjà livré beaucoup de données concernant notamment la CPS (…), finalement cela n’a pas été analysé ». « Il y avait en face de nous que des fonctionnaires de l’administration, je pense que l’intérêt de notre délégation c’est de rencontrer directement l’exécutif ».
Le CIVEN « s’accroche » au millisievert
Un point de vue partagé par un autre participant ayant souhaité garder l’anonymat qui confie des « impressions positives » mais tempère : « il y a des engagements, maintenant il ne faut pas que cela retombe comme un soufflet ». « Les politiques s’engagent mais il faut aussi que les administrations suivent », ajoute cette personne.
Sur l’indemnisation des victimes des essais nucléaires, et le fameux critère du millisievert rajouté après la suppression en 2017 du « risque négligeable », « le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (CIVEN) s’accroche au millisievert ». Ce critère, ajouté à la méthodologie de l’indemnisation en 2018, est largement critiqué par les associations de victimes des essais nucléaires. Patrick Galenon reconnaît toutefois de « bonnes avancées » : « que la Polynésie puisse participer aux décisions du CIVEN ».
Les femmes polynésiennes plus atteintes par le cancer de la thyroïde
« Les données que nous avons viennent de la CPS » a expliqué plus tard Patrick Galenon. Selon lui, ces données « ont démontré que les femmes polynésiennes entre 40 et 50 ans ont un taux de cancers de la thyroïde le plus important du monde. Et entre 1992 et 2010, la proportion de cancers de la tyroïde ont augmenté jusqu’à 20% : ce qui veut dire que les femmes polynésiennes de moins de 40 ans ont plus de cancer de la tyroïde que n’importe quelle femme dans le monde ».
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« La démonstration n’est pas forcément probante » reconnaît toutefois l’ancien président de la CPS qui insiste tout de même sur « un indicateur très sérieux ». « Ils (les interlocuteurs de l’État, ndlr) ne parlent surtout pas de ça (…), la technique est simple : ils nous noient sous les démonstrations pseudo-scientifiques (…). Ils nous disent qu’ils n’ont pas d’éléments probants ».