Après l’adoption par le Sénat du projet de loi organique prévoyant le report des provinciales, l’Union calédonienne rappelle, lors d’une conférence de presse ce jeudi 16 octobre, sa volonté de voir se tenir le scrutin en novembre, afin d’asseoir la légitimité des discussions et prévient contre tout passage en force, invitant à ne pas "répéter les erreurs" du passé. Détails avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
"C’est un message d’alerte, un appel au bon sens, pas des menaces", appuie Dominique Fochi, secrétaire général de l’Union calédonienne, lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi 16 octobre dans l’après-midi, au lendemain de l’adoption, par le Sénat, du projet de loi organique prévoyant le report des élections provinciales à juin 2026, et alors que le texte doit être examiné par les députés dans quelques jours, le mercredi 22 octobre.
Une réponse à ce que l’UC considère être "un passage en force de l’État", qui "déroule le calendrier de Bougival, alors même que le FLNKS a rejeté le projet d’accord", souligne Dominique Fochi, dressant un parallèle avec ce qu’il s’est passé en 2024 autour du projet de loi constitutionnelle concernant le dégel du corps électoral. Mickaël Forrest, vice-président, déclarait déjà, le 31 juillet, "Bougival, c'est fini". D’où la mise en garde du parti indépendantiste. "Ce qu’il se passe aujourd’hui, ce sont les mêmes erreurs qui nous ont conduits à la situation dramatique de l’année dernière. On a l’impression de revivre la même chose."
Absence de consensus et de légitimité
Le responsable politique s’interroge sur les intentions du gouvernement central, demandant à "l’État de ne pas nous mener à la rupture, à l’impasse. C’est un chemin sur lequel on ne veut pas aller et on nous y conduit tout droit." Or, poursuit Dominique Fochi, "si le passage en force se met en place, on ne sait pas ce qu’il va se passer". L’UC estime que l’État a perdu sa partialité et n’œuvre plus dans un esprit de consensus. "Un élément fondamental des accords précédents, ajoute Emmanuel Tjibaou, son président. Il n’y a pas eu de vrai compromis dans cet accord politique, dans la mesure où les éléments qu’on a portés n’ont pas été pris en compte." Celui qui est également député de la deuxième circonscription questionne la pertinence de continuer à discuter dans un cadre qui ne convient pas à l’UC, c’est-à-dire celui de Bougival comme "unique perspective de discussion" donnée par l’État. Pour Emmanuel Tjibaou, un accord de décolonisation sans le mouvement de libération n’aurait pas de légitimité.
Maintien des élections en novembre
Dans ce contexte, l’Union calédonienne plaide pour le maintien des provinciales. "Il y a nécessité de redonner la parole au peuple, c’est essentiel de rasseoir les fondements d’un débat démocratique légitime et pérenne." Une condition pour "conforter l’assise des décisions qui seront prises et ainsi donner la chance à la poursuite des discussions institutionnelles". Une opportunité de ne pas s’entêter et ne pas "répéter les mêmes erreurs", insiste Emmanuel Tjibaou, rappelant que le Conseil constitutionnel a statué sur le fait que "le gel est constitutionnel". Le député, qui s’envole samedi pour Paris, sera donc présent dans l’hémicycle du Palais Bourbon lors de l’examen du projet de loi organique, contre lequel il votera. L’adoption du texte est d’ailleurs loin d’être garantie, tant les équilibres politiques sont ténus à l’Assemblée. L’UC "se prépare" d’ailleurs à des élections en novembre.
Le parlementaire indique également qu’il se prononcera pour la censure du gouvernement Lecornu 2, en raison notamment du budget prévu pour les Outre-mer dans le projet de loi de finances (PLF), qui selon lui "ne les prend pas en considération".
Par Les Nouvelles Calédoniennes
