Le président de la République s’est exprimé ce dimanche à l’issue du 3ème et dernier référendum d’autodétermination dans le cadre de l’accord de Nouméa. Un référendum qui s’est conclu par une écrasante victoire du « non » à l’indépendance sur fond d’abstention record, à l’appel des indépendantistes.
« Nous franchissons ensemble une nouvelle étape, l’accord de Nouméa arrive à son terme juridique », a déclaré Emmanuel Macron, assurant accueillir les résultats de ce référendum « avec respect et humilité ». « Respect pour la parole donnée, pour l’accord de Nouméa qui nous aura mené ensemble à ce résultat. Respect pour tous les Calédoniens, ceux qui souhaitaient le maintien dans la France et ceux qui souhaitaient l’indépendance. Respect teinté de reconnaissance pour ceux qui se sont mobilisés depuis de long mois pour ce scrutin », a-t-il poursuivi.
« Humilité car le chemin engagé par nos prédécesseurs nous dépasse » a ajouté Emmanuel Macron, soulignant « un processus unique au monde sous le regard des Nations Unies (…) ». « Nous pouvons être fiers de ce cheminement inédit et pacificateur » a poursuivi le chef de l’État. « Nous aurons besoin de temps encore » a-t-il prévenu, estimant que chaque consultation « a porté un message différent que nous devons prendre en compte dans toute leur épaisseur et nous ne pouvons ignorer que le corps électoral est resté profondément divisé malgré le passage des années ».
« Une période de transition s’ouvre » a aussi rappelé Emmanuel Macron. Une période de « convergence et de stabilité » censée se conclure en juin 2023 avec un référendum de « projet commun » cette fois, pour « libérer de l’alternative binaire entre le « oui » et le « non » ». « Le ministre des Outre-mer (Sébastien Lecornu, ndlr) est à votre dès maintenant pour préparer cette nouvelle étape » a assuré Emmanuel Macron, alors qu’une partie des indépendantistes a annoncé ne pas vouloir reprendre les discussions avant la présidentielle.
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Selon Emmanuel Macron, « il faudra bâtir une réponse aux questions institutionnelles et juridiques (…) nécessaire pour définir une organisation politique conforme aux résultats des trois consultations ». Il a aussi évoqué « les liens plus charnels », en soulignant la solidarité nationale pendant la crise sanitaire du Covid-19, adressant un message à « toutes celles et ceux qui pleurent un proche ». Emmanuel Macron a aussi détaillé les sujets sur lesquels « l’État et les collectivités locales peuvent et doivent travailler ensemble », listant « la situation économique, sanitaire, la relance, l’équilibre des comptes publics ».
« Ce sont aussi la nécessaire réduction des inégalités qui fragilisent l’unité de l’archipel, notre devoir à l’égard de la jeunesse calédonienne, la stratégie nickel, l’autonomie alimentaire et énergétique, le foncier, la fiscalité, une croissance plus juste et respectueuse de la nature », a énuméré Emmanuel Macron, mettant en avant « un nouveau modèle de croissance ». « La situation des femmes calédoniennes sera aussi une grande cause des années à venir », déclare également Emmanuel Macron qui entend aussi « construire une place pour la Nouvelle-Calédonie dans cette région de l’Indopacifique ». Il souligne un projet « ambitieux » à « construire ensemble ».
« Ce soir, en tant que chef de l’État, garant de nos institutions, je prends acte des résultats de ces trois scrutins et confirme la volonté exprimée par la majorité des Calédoniens de rester dans la République et dans la Nation française », a conclu le président de la République, malgré l’abstention record suscitée par la non-participation des indépendantistes. « Ce soir la France est plus belle, car la Nouvelle-Calédonie a décidé d’y rester ».
Communiqué que presse du Premier ministre :
Ce dimanche s'est tenu, conformément aux Accords de Nouméa, la troisième consultation sur l'accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie. Le Premier ministre tient particulièrement à souligner l'engagement des maires qui, quelles que soient leurs opinions personnelles, ont montré par leur attitude exemplaire tout le respect qu'ils portent à la libre expression de leurs concitoyens et qui ont fait en sorte que cette journée se déroule dans des conditions dignes et sereines, dans le cadre d'une situation sanitaire stabilisée.
Le Premier ministre remercie tous les acteurs institutionnels, politiques, administratifs, sans lesquels l'organisation de ce rendez-vous avec l'histoire de la Nouvelle-Calédonie n'aurait pas pu avoir lieu. Il associe à ces remerciements les membres de la commission de contrôle, les experts de l'Organisation des Nations Unies et le Conseil supérieur de l'Audiovisuel.
Par trois fois, la réponse à la question de l'indépendance a été posée et, par trois fois, le choix de rester au sein de la République a été celui de la majorité.
A tous, ceux qui ont voté "oui", ceux qui ont voté "non", ou ceux qui n'ont pas voté, à tous les responsables politiques et acteurs de la société civile, le Premier ministre donne maintenant un rendez-vous pour, ensemble, écrire une nouvelle page de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, conformément aux dispositions de l'Accord de Nouméa.
Ce 12 décembre ne constitue donc en aucun cas une fin, mais est une étape essentielle pour la Nouvelle-Calédonie. Dans la continuité de l'esprit qui a présidé aux accords de Matignon et de Nouméa, un nouveau dialogue va se mettre en place. Le Gouvernement le conduira dans le cadre des principes et engagements contenus dans la déclaration du 1er juin 2021, et en particulier s'agissant des attentes des Néo-Calédoniens, dans les domaines économiques, sociaux et culturels.
Il s'agira de déterminer la méthode et le calendrier de ce nouveau processus. Le ministre des Outre-mer, qui se trouve actuellement en Nouvelle-Calédonie, mènera des consultations en ce sens.
Jean Castex, Premier ministre, le rappelle avec force : c'est ensemble que les Calédoniens devront bâtir le projet pour leur territoire, avec toute sa place, singulière, spécifique, et respectueuse de toutes les communautés, au sein de notre République.