Le président de la Polynésie française Édouard Fritch, le Premier ministre Jean Castex, et la Directrice générale adjointe de l’AFD, Marie-Hélène Loison, ont signé ce jeudi à Matignon le 2ème prêt garanti par l’État pour la Collectivité d’Outre-mer, d’un montant de 300 millions d’euros.
« Ce prêt garanti par l’État va avoir un rôle important dans le plan de relance que nous avons lancé pour venir au secours des entreprises, de l’activité dans notre pays » a expliqué le président polynésien à l’issue de la signature de ce second PGE. Le premier, signé en août 2020, s’élevait à 240 millions d’euros, essentiellement pour financer les aides d’urgences mises en place par le gouvernement de la Collectivité pendant les différents confinements. Ce second PGE financera donc 40% du Plan de Relance de la Polynésie française pour les années 2021 à 2023, a précisé Matignon.
Ce PGE va aussi « financer une partie des grosses difficultés (…) concernant les fonds sociaux, en particulier la Caisse de prévoyance sociale (CPS, équivalent de la Sécurité sociale, ndlr) », a ajouté Édouard Fritch. Selon le président polynésien, celle-ci « va connaître des difficultés sur les deux à trois ans à venir, ce qui a obligé le gouvernement du Pays à augmenter les impôts ». Le gouvernement local a notamment mis en place une TVA sociale à 1,5% et « une augmentation du prélèvement direct sur les salaires de plus de 400 000 Fcfp (3 352 euros) ». Une décision qui fut difficile mais « vitale ». « C’est une obligation pour nous d’éviter l’effondrement des fonds sociaux ».
Enfin, une « partie importante » de ce PGE viendra « sauver l’outil que représente Air Tahiti Nui dans le développement du tourisme en Polynésie ». La compagnie, majoritairement détenue par la Collectivité, « a beaucoup souffert de la fermeture des frontières et le Pays, avec l’aide de l’État, va venir à son secours ». Quant à une possible entrée d’un organisme de l’État au capital de la compagnie, évoqué plusieurs fois l’an passé : « il faut que l’on regarde cela », a indiqué Édouard Fritch. « On s’est donné jusqu’en 2023 pour regarder la constitution même de la société ».
Après la signature, le Premier ministre a salué « la très grande confiance, la très grande qualité des relations avec le président de la Polynésie » et « l’excellent état d’esprit qui règne entre nous ». « Le gouvernement de la République est également là pour s’assurer que les engagements du chef de l’État pris lors de son déplacement sont honorés », a-t-il encore déclaré.
« Au nom des Polynésiennes et des Polynésiens, je voudrais dire toute notre reconnaissance et notre gratitude vis-à-vis de l’État qui, depuis le début de mandature du président de la République, a toujours été au chevet de la Polynésie française, et plus spécialement sur ces deux dernières années », a poursuivi Édouard Fritch. « L’acte que nous venons de signer est un acte qui parle. C’est un engagement du président de la République », pris à Papeete lors de son déplacement de juillet 2021. « Sur les 26 annonces qui ont été faites à Tahiti au mois de juillet dernier, seules 11 annonces restent à concrétiser ».
Mise en place d'une « convention solidarité » entre l'État et la Polynésie
Avec ce second prêt, c’est donc une somme de 540 millions d’euros (environ 64,5 milliards de Fcfp) que la Collectivité a emprunté à l’AFD avec la garantie de l’État. Sur le remboursement, Édouard Fritch se veut rassurant : « l’ensemble des prêts contractés par le pays permet d’avoir toutes les garanties de remboursement », a-t-il expliqué. « L’ensemble des remboursements d’emprunts avec l’encours que nous avons aujourd’hui, c’est-à-dire près de 130 milliards de Fcfp, nous créé une obligation de remboursement des emprunts de l’ordre de 14 à 15 milliards, ce qui représente à peu près 10% de nos recettes ». Selon le chef de l’exécutif local, ce remboursement devrait débuter « en 2023, sur le budget de 2024 ».
Outre la signature de ce prêt, Édouard Fritch a également mis sur la table « la possibilité de remettre en place une convention solidarité avec la Polynésie (…) pour les deux à trois années à venir » afin que « l’État vienne soutenir la Polynésie dans son chantier de remise à niveau de ses fonds sociaux ». Une sorte de fonds de transition assuré par l’État, le temps que la Collectivité réforme son système de protection sociale généralisée, évoqué plus tôt dans la semaine avec le ministre des Outre-mer. « Le sujet va être étudié », a confié Édouard Fritch. « Le Premier ministre n’a pas dit non, il n’a pas dit oui non plus. Nous allons ouvrir le chantier pour mesurer d’une façon précise le besoin et la mise en œuvre ».
En attendant, le gouvernement local va annoncer « quelques mesures pour tenter de revoir le système de couverture » sociale en Polynésie à l’issue des assises de la Santé, « en février ou mars prochain ». Parmi les autres sujets évoqués entre le Premier ministre et le président de la Polynésie : la dépollution et la reconversion des anciens sites militaires, le fonds intercommunal de péréquation et naturellement, la situation sanitaire de la Polynésie où les cas augmentent sous l'effet du variant Omicron, tout en épargnant, pour l'heure, l'hôpital de la Collectivité.