Polynésie-Assemblée : La commission spéciale sur la décolonisation est créée

© DR

Polynésie-Assemblée : La commission spéciale sur la décolonisation est créée

L’assemblée de la Polynésie a adopté ce jeudi plusieurs modifications de son règlement intérieur, dont la création de la nouvelle commission spéciale sur la décolonisation, annoncée par Tony Géros lors de son retour au perchoir en mai dernier. Elle doit entre autres élaborer le « programme d’éducation » sur la décolonisation destiné à la population. Le Tapura accuse le parti bleu ciel de vouloir « laver les cerveaux ». Précisions avec notre partenaire Radio 1 Tahiti.

 

L’assemblée de la Polynésie française est « soucieuse d’être partie prenante du dialogue multilatéral qui doit s’établir avec les instances de l’ONU », et se dote d’une commission ad hoc pour mieux informer les élus et leur permettre « d’échanger avec des personnalités qualifiées et des experts, y compris sur des sujets transversaux à la question de la décolonisation (éducation, monnaie…). » Soit à peu près tous les sujets. Mais pas que : l’objectif est aussi « de construire un dialogue permanent avec le président de la Polynésie française, qui sera membre de droit de la commission avec voix consultative » et de « pouvoir appuyer l’action gouvernementale dans ce domaine à travers des recommandations et propositions. »

Le texte a été modifié par un amendement, présenté par la majorité, pour inclure dans les missions de la nouvelle commission l’élaboration des programmes d’éducation sur les enjeux de la décolonisation à destination de la population. L’amendement prévoit aussi d’inclure dans la nouvelle commission, à titre consultatif, des représentants des confessions religieuses et du Cesec.

Pour le Tapura, le Tavini veut « laver les cerveaux »

« Nous ne sommes pas naïfs, a déclaré Gaston Tong Sang qui s’exprimait au nom du Tapura, le nouveau locataire de l’assemblée à des visées plus partisanes, puisque plus on en parle, et moins la population aura peur de rompre avec la puissance administrante. Pendant 40 ans vous nous avez accusés de laver les cerveaux, vous ne faites pas mieux que nous. » Et alors que le texte prévoit l’inclusion de représentants non-inscrits dans cette commission spéciale, GTS a accusé le Tavini de « draguer les non-inscrits », de vouloir ainsi semer la zizanie dans le camp autonomiste et « d’affaiblir le plus important groupe d’opposition, au profit d’une opposition dite constructive. » En tout état de cause, A Here ia Porinetia a décliné de participer à cette commission, Nicole Sanquer estimant que ses élus « n’en partagent pas l’ADN » et que ce n’était « pas une priorité face aux urgences ».

Un cadeau aux non-inscrits

Mais A Here ia Porinetia n’a pas à se plaindre de ce règlement remanié : les non-inscrits vont bénéficier de moyens financiers supplémentaires pour recruter du personnel, et ils pourront participer au comité de déontologie et à la commission d’évaluation des politiques publiques que Tony Géros veut réactiver pour passer au crible les politiques sectorielles du gouvernement, par exemple sur le tourisme et la fiscalité. Ils ont la possibilité d’obtenir davantage de temps de parole auprès d’un groupe constitué. Enfin, le nombre d’élus requis pour créer un groupe passe de 7 à 6, mais AHIP qui ne compte que 3 élus est encore loin du compte.

Parmi les autres modifications du règlement intérieur, la révision du périmètre des commissions législatives pour mieux coller aux attributions des ministères et « éviter les chevauchements », l’égalisation des crédits qui seront tous identiques pour les 10 commissions, l’introduction du vote électronique en séance et en commission, et une nouveauté pour l’ouverture de la session budgétaire : seul le président du Pays fera un discours à cette occasion, alors que jusqu’ici le président de l’assemblée y disposait aussi d’un temps de parole.

 

 « Un jour historique » pour le correspondant du Tavini à l’ONU
 

© DR


Le Tongien Lopeti Senituli, juriste, activiste et ancien conseiller du Premier ministre de Tonga au début des années 2010, fera office de correspondant permanent du Tavini à l’ONU. Il était présent, après avoir participé la veille à la première célébration de la journée des Nations Unies. « C’est un jour historique, dit-il, et je suis si heureux d’avoir pu assister aux débats et à l’adoption de cette création. Parce qu’avec Oscar, Vito (Maamaatuaiahutapu) et Tea (Hirshon), on se connait depuis 40 ans. On s’est battu contre les essais nucléaires français, pour l’indépendance ma’ohi. Bien sûr, je vais informer la commission spéciale pour la décolonisation et l’assemblée générale de l’ONU de la création de cette commission, et le travail entrepris il y a 13 ans va pouvoir continuer. »

 
 

Par Caroline Perdrix pour Radio 1