Polynésie : 25% de la population de Tahiti et Moorea aurait eu le Covid-19

Une fil d'attente au centre de vaccination de la Présidence de la Polynésie ©Gouvernement

Polynésie : 25% de la population de Tahiti et Moorea aurait eu le Covid-19

L’étude de séroprévalence de la Direction de la santé en Polynésie française, lancée début février, conclut à un taux de prévalence estimé autour de 25%, soit un quart de la population de Tahiti et Moorea qui aurait contracté le virus, que ces personnes aient été malades ou asymptomatiques. Les détails avec notre partenaire Radio 1 Tahiti.  

L’étude a porté sur 463 personnes de plus de 18 ans à Tahiti et Moorea, qui concentrent la majorité de la population polynésienne, et les prélèvements réalisés pour détecter des anticorps du covid – preuve que l’organisme a été en contact avec le virus – ont été techniqués par le laboratoire du CHPF. 89 sérologies sont revenues positives, soit une prévalence globale de 19,2%, avec des résultats très contrastés entre les deux îles : 21,5% à Tahiti, 9,8% à Moorea. 

En prenant en compte « l’intervalle de confiance » (qui permet de définir une marge d’erreur entre les résultats d’une étude et un relevé exhaustif de la population totale), les statisticiens de la santé estiment donc à 25% le taux de prévalence du covid-19 aux îles du Vent. « C’est plutôt assez élevé », dit le Dr Henri-Pierre Mallet. « Nos résultats sont plutôt supérieurs à ce qu’on trouve ailleurs. Ils montrent qu’il y a une immunité qui a rapidement été acquise et qui a contribué à la décroissance de l’épidémie ».

Ce taux vient confirmer une autre étude sur la base des données collectées pendant l’épidémie (cas confirmés, date d’apparition des symptômes, hospitalisations…) analysées à l’aide de modèles développés par une équipe collaboratrice de l’Université de Melbourne (soutien OMS). Cette étude conclut à l’existence d’un certain niveau d’immunité collective en Polynésie évalué à 23% au moins à Tahiti.

Moins de risque de pic épidémique

C’est ce qui fait dire au Dr Mallet que la Polynésie ne risque plus de pic épidémique comme elle en a connu à la fin de l’an dernier. À condition qu’il s’agisse du même virus, mais pour l’instant le nombre de cas de variants britanniques reste à 14. Les spécialistes de la Direction de la santé n’ont pas de certitudes sur les modes de contamination qui ont été à l’œuvre en Polynésie. « Ce serait intéressant », convient le médecin, « il y a plusieurs hypothèses mais ça nécessite des moyens ». Pas plus qu’on ne sait exactement combien de temps une personne qui a eu le covid-19 est protégée. 

Lire aussi : Covid-19 en Polynésie : Lancement de l’étude de séroprévalence à Tahiti et Moorea

Henri-Pierre Mallet précise toutefois que depuis un an, les cas de réinfection sont « rarissimes ». Il pense également qu’il est probable que les personnes infectées n’aient besoin que d’une seule injection : « quand on vaccine les anciens malades 3 à 6 mois après l’infection, la première injection rebooste les anticorps à 100%. La deuxième dose ne servirait à rien. Mais le moment idéal pour faire un rappel, on n’en sait encore rien ».

L’immunité dépendante des livraisons de vaccin

La vaccination en cours va permettre d’augmenter le taux d’immunité et devrait protéger efficacement la population contre une éventuelle nouvelle vague épidémique. Mais quand peut-on espérer atteindre une immunité collective ? « Ça, je n’ai pas de réponse, on n’est pas maître de l’approvisionnement, et c’est ce qui nous freine actuellement, » dit le Dr Mallet.

Ne pas être « privilégié » pour les livraisons, soit, mais alors pourquoi Wallis et Futuna, qui compte 15 000 habitants, reçoit-elle une dotation de 18 000 doses ? « La stratégie n’est pas la même », répond le Dr Mallet, « l’idée pour Wallis c’est qu’ils n’aient pas les coûts et les frais d’une épidémie avec des réanimations, etc, en vaccinant suffisamment vite et fort. C’est la première fois qu’un pays commence une épidémie avec un vaccin disponible. Du coup la stratégie de Wallis se défend, c’est pour cela qu’il y a une dotation massive ». 

Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti