Paris 2024 : Le président de la Polynésie envisage de déplacer l'épreuve de surf des JO

À gauche, l'actuelle tour artisanale, en bois. À droite, l'image projet de la future tour des juges, qui provoque localement une levée de boucliers ©Radio 1 Tahiti

Paris 2024 : Le président de la Polynésie envisage de déplacer l'épreuve de surf des JO

Le président de la Polynésie française Moetai Brotherson a affirmé mardi à envisager de déplacer l'épreuve de surf des JO de Paris 2024 sur un autre spot que celui mythique de Teahupo'o en raison de la construction controversée d'une nouvelle tour des juges en plein lagon.

Des écologistes, des surfeurs et des habitants du village de Teahupo'o se mobilisent contre une nouvelle tour des juges, en aluminium, édifiée dans l'eau spécialement pour l'épreuve des JO ce qui pourrait dégrader, selon eux, les fonds marins et nuire à la biodiversité du site. Ces dernières semaines, la mobilisation s'est intensifiée.

Moetai Brotherson, qui dit partager ces craintes, exclut l'utilisation de la tour en aluminium et envisage d'organiser l'épreuve à Taharu’u, un site moins renommé mais plus facile d'accès, sur la côte ouest de Tahiti, plus proche de Papeete par rapport à Teahupo’o. « C'est un beach-break, doté de toutes les infrastructures à terre », a-t-il assuré. Lors d'un entretien à l'AFP en marge du Forum des Îles du Pacifique, à Rarotonga, Îles Cook, il a rappelé que ce spot avait déjà été envisagé.

Lire aussi : Paris 2024 : Face à la pression en Polynésie, le COJO étudie deux solutions de repli pour la future tour des juges

« Cela nous aurait permis d'éviter les soucis qu'on a aujourd'hui. À l’époque ce n'était pas possible. Au regard des enjeux et de la protestation aujourd'hui, peut-être qu'on pourra réviser cette option », a souligné le président. La tour prévue, près de 14 mètres de hauteur -pas beaucoup plus haute que l’actuelle-, devrait comporter trois étages, un local technique climatisé de 8m2 pour les serveurs internet alimentés par un câble sous-marin, mais aussi des toilettes avec un système d'évacuation raccordé à une canalisation. 

« Je ne vois pas par où on pourrait faire passer la barge (de la foreuse, ndlr) sans exploser du corail », a expliqué à l'AFP Moetai Brotherson. Le surfeur local Matahi Drollet et l'association de défense du site Vai Ara o Teahupo'o sont à l'origine d'une pétition qui avait réuni mardi plus de 147 000 signatures. En commission, les représentants de la majorité indépendantiste à l’Assemblée territoriale ont émis un avis défavorable à un texte prévoyant une rallonge budgétaire pour cette nouvelle tour.

Moins connue que Teahupo'o, la vague de Taharu'u est tout aussi appréciée des surfeurs, et surtout plus accessible ©Fédération française de Surf

Déjà construite, elle n'a pas encore été installée sur le site mais devra être payée, précise encore Radio 1. Le coût du projet, revu à la hausse, est estimé à près de 4,4 millions d'euros, budget engagé à l’époque par l’ancien gouvernement autonomiste de la Collectivité, qui avait poussé la candidature de la Polynésie pour l’accueil des épreuves de surf. Considérée comme le « berceau » de la discipline, la Collectivité d’Outre-mer, qui avait présenté les candidatures de Teahupo'o et Taharu'u, avait finalement été préférée par rapport aux candidatures de Biarritz, Hossegor ou la Baule.

Lire aussi : Polynésie : Le président Brotherson sur le chantier des JO de Paris 2024 pour tenter de rassurer les associations

Si l’abandon de la nouvelle tour peut rassurer les associations locales, le déplacement de l’épreuve de surf à Papara est loin de faire l’unanimité, notamment compte tenu des investissements et travaux déjà engagés sur place comme la réfection de la marina, de la route, ou encore la nouvelle passerelle reliant la route et le village. Certains particuliers évoquent également les investissements réalisés pour accueillir les visiteurs prévus nombreux, à la demande même du comité organisateur.

Pour Moetai Brotherson, la seule solution est d'homologuer pour les Jeux Olympiques l’actuelle tour en bois utilisée dans le cadre des compétitions du circuit mondial de surf à Teahupo’o. Le comité d'organisation des JO justifie ce projet en avançant des raisons de sécurité, la tour en bois (13,50m), artisanale, n'étant plus aux normes depuis plusieurs années déjà. Une équipe technique travaille sur cette hypothèse et doit se prononcer le 15 novembre. Selon le président de la Polynésie française, il faudra également déterminer si les délais d'appels d'offres et de mises aux normes sont tenables.

Avec AFP