La SLN dressait la semaine dernière le bilan de son premier semestre 2021. Un bilan mitigé au regard des aléas climatiques et sociaux du début d’année. La Vieille Dame espère toutefois rattraper son retard au 2e semestre et renouer avec la rentabilité d’ici 2024. Elle compte pour cela sur le soutien des autorités. Détails avec notre partenaire Actu.NC
Avec 18 500 tonnes de ferronickel produites de janvier à juin, soit 20 % de moins qu’en 2020 sur la même période, les six premiers mois de l’année 2021 n’ont pas été bons pour la SLN. Et ce, malgré un cours du nickel en augmentation de 40 % depuis le début de l’année et qui frise à présent les 20 000 dollars la tonne.
Entre difficultés et espoirs
« Le 1er trimestre a été très décevant pour des raisons qui sont essentiellement liées à la météo qui a très fortement impacté l’activité des mines mais aussi celle de l’usine. Malgré un marché qui s’est très bien tenu sur le LME, le semestre se solde par une baisse de trésorerie de 3,6 milliards pour la SLN », a commenté Guillaume Verschaeve, son directeur général. Une situation qualifiée d’« inquiétante » par l’industriel qui avoue être « à la limite de tirer la dernière tranche sur notre prêt État / Eramet, ce qui rend la situation préoccupante ». Il ne reste que 9 milliards à consommer sur les 63 milliards empruntés en 2016. Un mince matelas de sécurité.
Bouchées doubles
Aux 5 mois de conditions climatiques particulièrement défavorables sont venues s’ajouter des difficultés liées aux blocages sociétaux extérieurs à la SLN et au vandalisme à répétition de ses installations en 2020 (notamment de sa serpentine à Kouaoua) avec pour conséquence une usine à la limite de la rupture d’approvisionnement en minerai. « On va essayer tant bien que mal, de rattraper le retard », assure Guillaume Verschaeve. Le mois de juin a été particulièrement favorable avec plus du tiers des expéditions de minerai de l’année réalisées en un mois. « Sur les centres miniers, on pense pouvoir rattraper le retard et terminer à 3,5 millions de tonnes de minerai à l’export et 26 000 tonnes de production de ferronickel sur l’usine ». Malgré ces efforts, la SLN anticipe pour la 3e année consécutive une production inférieure à 50 000 tonnes de ferronickel. Ce qui nuit considérablement à sa compétitivité avec un cash cost (coût de production) approchant 6 dollars USD la livre. Très loin de l’objectif de 4,5 dollars fixé en 2019 qui lui permettrait de mieux se placer dans la course mondiale.
Sécurisation du plan de sauvetage
La société estime néanmoins avoir la capacité de « rebondir », à condition que des décisions urgentes soient prises par le 17e gouvernement désormais de plein exercice. En difficulté depuis 9 ans, l’industriel réclame de la visibilité. Rappelons que faute d’interlocuteurs institutionnels ces 5 derniers mois, la procédure de conciliation lancée en janvier 2021 a dû être clôturée en mai dernier. L’industriel attend maintenant du nouvel exécutif des prises de décision pour sécuriser les deux leviers de son plan de sauvetage restant en suspens. A savoir, une réduction du coût de l’énergie, qui implique une renégociation du prix du kWh avec le gouvernement et Enercal. Et le feu vert de l’exécutif pour 2 millions de tonnes d’exportations supplémentaires de minerai (en plus des 4 millions qui seront atteints d’ici la fin de l’année).. Les négociations s’annoncent difficiles sachant que les indépendantistes sont loin d’être favorables aux exportations de nickel. Les dirigeants de la société espèrent toutefois pouvoir compter sur le soutien du président Louis Mapou, qui fait par ailleurs partie du conseil d’administration de la SLN et « connaît bien le dossier. On a gardé le contact malgré le flou artistique de ces derniers mois », assure Guillaume Verschaeve, qui garde espoir.
La centrale pays de nouveau au centre des attentions
Autre sujet dont dépend la survie de la SLN, le renouvellement de la centrale de Doniambo. Une unité « pays » pour laquelle des appels d’offres, lancés par NCE (Nouvelle-Calédonie Energie), sont en cours. Les dossiers doivent être remis d’ici le 31 août. « Nous les attendons avec une grande impatience, pour pouvoir rentrer rapidement dans le projet de réalisation de démarrage de cette centrale, qui est absolument cruciale pour le site. Aujourd’hui, la sécurité d’alimentation en électricité de l’usine est instable et à risque. On a sur la centrale B de Doniambo, suite à un dramatique accident, une tranche qui est à l’arrêt et qui le sera pendant plusieurs mois ou plusieurs années ».
Guillaume Verschaeve l’assure : « l’alimentation n’est pas garantie au-delà de mi-2022, ce qui va nous obliger à trouver des solutions de secours, pour couvrir les trois ou quatre années qui viennent, de façon à être sûr d’avoir la puissance disponible tous les jours ». Dominique Katrawa, président du conseil d’administration de la SLN, le confirme : « Aujourd’hui, la priorité, c’est de construire cette centrale. On a besoin de la stabilité du réseau électrique. Qu’on arrête de tergiverser ! D’autant que la centrale actuelle est polluante et coûte cher ». Aussi, exit les projets 100 % énergies renouvelables qui d’après les représentants de la SLN ne permettraient pas de fournir la totalité de la puissance requise par la centrale (1 300 GWh). La solution envisagée consiste désormais à favoriser le gaz naturel liquéfié « qui permet de réduire de 50 % les émissions de gaz à effet de serre et de 30 % les coûts », comparativement au fioul ou au charbon, explique Guillaume Verschaeve. Trois projets sont en lice. Tous prévoient une connexion au réseau public. Ce n’est qu’à condition de mener à terme son plan de sauvetage que la SLN pourra envisager un retour à la rentabilité et à la compétitivité. Vraisemblablement pas avant 2024.