La Nouvelle-Calédonie pourrait bientôt se doter d'une nouvelle filière agricole avec le développement du chanvre industriel. Ce jeudi, les premiers résultats des essais de culture ont été présentés aux différents acteurs du projet, dont les membres de l’ADECAL Technopole, qui pilote ces tests. Ces premiers retours sont jugés prometteurs. Focus grâce au reportage de nos partenaires de CALEDONIA.
L'objectif de ces essais, initiés en 2024, est de tester la faisabilité de la culture de cette variété de cannabis à faible teneur en THC. Les premières parcelles, respectant le cadre européen avec un taux de THC inférieur à 0,3 %, ont montré des résultats encourageants, ouvrant la voie à de multiples applications industrielles : papeterie, huiles mécaniques, construction ou encore alimentation animale.
Un potentiel économique à exploiter
Les différents intervenants se sont montrés optimistes quant à l'avenir de cette culture en Nouvelle-Calédonie. Valéry Delage, membre du syndicat du chanvre, a évoqué des projets concrets de transformation : « Il y a une distillerie à Boulouparis qui est intéressée pour faire des tests de transformation en huile essentielle. Ce sont également eux qui vont nous presser le grain pour voir la qualité de l’huile que nous allons pouvoir avoir ». Cette collaboration pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour la valorisation des produits dérivés du chanvre.
Le gouvernement calédonien suit également de près l'évolution de ces essais. Laurie Humini, membre du gouvernement, salue les premiers résultats : « Les différentes graines, variétés qu’on a pu importer, se développent correctement. L’objectif, c’est qu’on puisse se diversifier et surtout produire en quantité pour pouvoir développer ce secteur ».
Un secteur prometteur, mais des obstacles à surmonter
Frédéric Gerard, président du syndicat du chanvre de Nouvelle-Calédonie, met en avant les atouts climatiques de la région, qui permettent de réduire les coûts de production : « Nous sommes dans la zone climatique qui permet d’avoir les coûts de production les plus bas. Ça ne coûte pas plus cher à produire que de la carotte ou du chou, donc il n’y a pas de raison que le prix soit bien supérieur ». Toutefois, il pointe également des difficultés, notamment le cadre législatif encore incertain : « Aujourd’hui, ce qui explique la difficulté, c’est le coût d’accès aux ressources, la difficulté d’obtenir une législation et du confort, entre guillemets, pour les producteurs ».
En l’absence d’un texte de loi encadrant la filière du chanvre, d’autres variétés continueront d’être testées. Cependant, les perspectives économiques sont déjà estimées : le chiffre d'affaires attendu pour la première année s'élèverait à environ 244 millions de Fcfp (environ 2 millions d'euros), et pourrait être multiplié par sept d'ici 20 ans, avec une surface cultivée passant de 200 à 758 hectares. Par ce projet, la Nouvelle-Calédonie pourrait viser le potentiel développement d’ une nouvelle filière porteuse, diversifiant son agriculture tout en répondant aux besoins de nombreux secteurs industriels.
Damien Chaillot