Dans un communiqué, le Front indépendantiste réitère sa volonté d’un retour au calme dans le pays, mais déplore la gestion de la situation par le haut-commissaire et juge que les opérations des forces de l’ordre ne pourront pas être une réponse suffisante à la crise en cours. Il demande à Emmanuel Macron « un nouveau souffle » pour « un dialogue apaisé et serein ». Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
En ce neuvième jour d’émeutes sur le territoire, le FLNKS considère que la priorité est désormais « le retour au calme de sorte que chaque Calédonienne et Calédonien puisse circuler librement, s’approvisionner en produits de premières nécessités et avoir accès aux services publics les plus élémentaires ».
Dans un communiqué diffusé ce mercredi 22 mai, le Front indépendantiste -Union calédonienne (UC), Palika, Rassemblement démocratique océanien (RDO), Union progressiste en Mélanésie (UPM)- réitère ainsi son « appel à l’apaisement auprès des personnes mobilisées sur les routes ».
« Aucun dérapage ne sera toléré »
S’il note « une amélioration de la situation et constate l’élan de bienveillance et de solidarité dont ont fait preuve les citoyens à l’égard, tout particulièrement, des personnes les plus démunies », le bureau du FLNKS s’inquiète toutefois des méthodes employées par les forces de l’ordre. « Aucun dérapage, ni aucun débordement ne seront tolérés », avertit le Front.
Il déplore par ailleurs le manque d’efficacité du haut-commissariat pour limiter le transport des armes ces derniers jours en Nouvelle-Calédonie. « Il est inadmissible de constater aujourd’hui dans notre pays, qu’en pareille situation, des personnes armées puissent circuler librement et ôter des vies en toute impunité. »
Des faits qui constituent, selon le FLNKS, un « aveu d’échec » de la part de l’État et sur lesquels toute la lumière devra être faite, notamment concernant les jeunes kanaks « lâchement assassinés par arme à feu dans les rues de Nouméa ».
« Impulser un nouveau souffle »
Le FLNKS s’en prend également au haut-commissaire, Louis Le Franc, qu’il juge responsable, « par ses déclarations publiques », d’avoir attisé « un feu ». « Les opérations de rétablissement de l’ordre public engagées par l’État ne sauraient instaurer, sur le long terme, un retour à la normale », poursuit le Front, qui considère que cette crise « ne peut avoir que pour réponse une solution de nature politique ».
Il réitère ainsi sa volonté que soit retiré le projet de réforme constitutionnelle et exige la création d’une mission du dialogue, une demande formulée dès le 23 mars lors du 42e congrès du FLNKS. Le Front compte désormais sur la visite du président de la République, ce jeudi, pour « impulser un nouveau souffle en vue de renouer un dialogue apaisé et serein entre les trois partenaires politiques des accords ».
De son côté, le président UC de la province des Îles, Jacques Lalié, a adressé un courrier au chef de l’État, l’appelant au « retrait du projet de loi constitutionnelle au prochain congrès de Versailles », « voie d’apaisement nécessaire à la reprise du dialogue des acteurs politiques vers un accord global qui prenne réellement en compte les revendications légitimes du peuple kanak ».
Il regrette, dans son courrier, « la stratégie » du chef de l’État d’avoir « d’ignoré les appels au retrait du texte » qui « aggrave encore davantage les tensions ». « Votre initiative unilatérale remet en question les accords de paix et conduit au détricotage progressif du statut de citoyenneté calédonienne prévu par l’accord de Nouméa », déplore l’élu indépendantiste.
Jacques Lalié appelle enfin de ses vœux à l’élaboration d’un « accord global » dans lequel « nous pourrions proposer une période transitoire de quinze à vingt ans au terme de laquelle la souveraineté en partenariat ou en association avec la France serait établie ».
Les Nouvelles Calédoniennes