Nouvelle-Calédonie : Pas « de relèvement économique sans compromis politique » prévient Manuel Valls

©PatrickBageinMINEFI / Charles Baudry pour Outremers360

Nouvelle-Calédonie : Pas « de relèvement économique sans compromis politique » prévient Manuel Valls

En marge des bilatérales politiques qui se poursuivent jusqu’à ce dimanche, Manuel Valls et Amélie de Montchalin, ministre en chargé des Comptes publiques, ont réuni ce samedi à Bercy les acteurs économiques, politiques et sociaux calédoniens pour un forum dédié à l'économie de l'archipel, « à terre » après les émeutes de mai 2024.

« L'économie de la Nouvelle-Calédonie est à terre », a déclaré Manuel Valls dans son discours, retransmis en direct à Nouméa. « Près de 20% du PIB a été détruit, 30 000 de nos compatriotes ont été plongés dans le chômage au plus dur de la crise, plusieurs centaines d'entreprises ont subi des destructions et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a perdu 30% des recettes » a égrené le ministre des Outre-mer.

« Il ne peut pas y avoir de relèvement économique sans un compromis politique, tout comme il ne peut pas y avoir de solution politique durable sans relèvement économique » a rappelé Manuel Valls qui estime aussi « que l'avenir du territoire doit s'écrire avec toutes les forces vives, donc avec le monde économique, avec les partenaires sociaux ». « Ces violences ont révélé une fracture sociale profonde qu'il nous faut traiter », a aussi ajouté Manuel Valls, tout en espérant « bâtir un avenir économique et social solide, dynamique et porteur pour la Nouvelle-Calédonie ».

La ministre Amélie de Montchalin a rappelé de son côté « qu’entre les fonctions régaliennes et les contrats de développement, l'État a versé annuellement entre 1,2 et 1,5 milliard d'euros entre 2016 et 2023 au territoire », soit « à peu près 15% du PIB calédonien » et « un appui de 5 500 euros par habitant du territoire », hors 2024. À cela s'ajoutent 90 à 165 millions d'euros par an de défiscalisation par an, 330 millions d'euros aux opérateurs du nickel, 2,5 milliards d'euros apportés par l’AFD ou encore 1 milliard d’euros par la Banque des Territoires.

En 2024, l’État s’est mobilisé à hauteur de 600 millions d’euros, dont 62 millions pour les entreprises, 173 millions pour le chômage partiel, 40 millions pour les banques ou encore 200 millions d'euros pour la reconstruction des écoles et des bâtiments publics. « Vous pouvez donc compter sur l'État pour être aux côtés de la Nouvelle-Calédonie et lui donner les moyens de surmonter cette crise » a insisté Manuel Valls. « Ce soutien de l'État, il va donc se poursuivre en 2025, maintenant que nous avons une loi de finances », a-t-il ajouté, appelant à « être au rendez-vous pour que le marasme économique ne puisse pas se transformer en désastre social qui lui-même accentuerait les fractures politiques ».

« Des déséquilibres parfois profonds et anciens qui doivent être corrigés », notamment sur la dépense et la fiscalité de l’archipel, sans que cela « dégrade la situation de nos concitoyens les plus vulnérables » a-t-il prévenu. « Quelques pistes qui me paraissent prioritaires » : l'assurance maladie ; la simplification et la dynamisation de la fiscalité « qui ne doit pas se faire au détriment de la compétitivité ni de la solidarité » ; la stimulation de la concurrence « avec la levée des barrières et des restrictions qui contribuent aussi aux marges excessives et à la vie chère » ou encore la réforme du secteur du logement « et en particulier du logement social ».

« Nous vous soutenons » a martelé Amélie de Montchalin. « Nous soutenons la concrétisation du plan de baisse de la masse salariale publique de 5% qui constitue un des engagements pris par le précédent gouvernement (…) ; nous soutenons aussi la réalisation d'économie de fonctionnement dans les administrations du territoire en supprimant les doublons et en opérant les mutualisations ; nous soutenons la réforme du taux de cotisation sociale (…), la hausse d'un point de la contribution calédonienne de solidarité ; nous soutenons l'objectif d'évolution des dépenses d'assurance maladie par une des réformes de la carte sanitaire, des mesures de responsabilisation des assurés et un taux directeur de croissance des dépenses des hôpitaux de 0% ; Nous soutenons aussi le démantèlement des protections de marché ».

Tout en appelant à « une nouvelle ambition pour le secteur du nickel » passant par l’établissement d’une stratégie qui prennent en compte la nécessaire transition énergétique des opérateurs, Manuel Valls a appelé à une diversification de l’économie calédonienne, citant le tourisme qui ne représente que 4% du PIB de l’achipel, l’économie verte (agriculture, pharmacopée) ou encore l’économie sociale et solidaire, « un lieu de rencontre entre le monde de la coutume et celui de l'économie de marché ».

« L’avenir économique du territoire passera nécessairement par une projection beaucoup plus résolue et dynamique dans son espace régional » a aussi estimé Manuel Valls. « La Nouvelle-Calédonie doit avoir les moyens suffisants pour mieux s'insérer dans le bassin régional » a insisté le ministre, pas opposé à l’idée d’aller « au bout des transferts de compétences dans ce domaine-là ».

« Nous devons être ensemble au rendez-vous du moment historique que nous vivons », a poursuivi Manuel Valls appelant encore à « un accord, un compromis, un chemin politique commun pour soutenir l'économie » calédonienne. « Nous devons réussir à dessiner ce chemin d'avenir pour la Nouvelle Calédonie ». Il a rappelé qu'il se rendrait sur l’archipel dans « quelques semaines », notamment pour « poursuivre les discussions politiques ».