Bien que les élèves de Nouvelle-Calédonie n’effectuent pas leur rentrée scolaire à la même période que l’Hexagone et les Outre-mer*, le ministre s’est rendu ce lundi dans une école de Nouméa, de retour après deux semaines de vacances, pour constater des conditions d’apprentissage dégradées depuis les émeutes. Les enseignants rapportent également une paupérisation des familles du quartier et des enfants qui ne mangent pas toujours à leur faim. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
« Je n’allais pas rater la rentrée scolaire ». Alors qu’il a décidé de prolonger son séjour jusqu’à mardi 26 août en Nouvelle-Calédonie, le ministre des Outre-mer a profité de l’occasion pour visiter l’école Edmond-Desbrosse de Kaméré, ce lundi 25 août, pour le retour en classe des élèves. Aux côtés de la maire de Nouméa, Sonia Lagarde, et de la présidente de la province Sud, Sonia Backès, Manuel Valls a pu « saluer les équipes enseignantes et les parents présents » et rappeler que « ce que nous faisons, c’est pour cette jeunesse ».
Le choix de l’établissement ne relevait pas totalement du hasard. Dans un quartier où une grande partie des infrastructures publiques (médiathèque, centres médico-sociaux, postes…) ont été détruites durant les émeutes et n’ont toujours pas été reconstruites, cette visite devait permettre au ministre de prendre la mesure de l’isolement d’une partie de la population.
« Nous continuerons à tout faire pour assurer la sécurité des Calédoniens », a affirmé Manuel Valls, avant de reconnaître le besoin d’une « réflexion sur la carte scolaire, sur la reconstruction » et sur la façon « d’aider davantage les communes sur deux questions importantes : la problématique du transport et des repas ». « Nous aurons l’occasion de faire très vite un certain nombre d’annonces à ce sujet ».
Un repas par jour
Le ministre a en effet été alerté par des enseignants sur la détresse économique et sociale d’une partie des familles du quartier. « Les gens se retrouvent dans une grande précarité », signale Isabelle Passaquin, directrice de l’école Edmond-Desbrosse depuis 2018. Au sein de cet établissement, un tiers des élèves affirmaient ne pas manger suffisamment, dans le cadre d’une enquête menée par la province Sud.
« La Banque alimentaire nous apporte de l’aide, notamment pour leur offrir un petit-déjeuner », repas dont ils sont régulièrement privés à la maison. Désormais, le seul repas sur pour une partie d’entre eux est celui proposé par la cantine des écoles. « On a 150 élèves sur 260 qui mangent tous les jours à la cantine, c’est beaucoup, ce qui montre que l’aide à la cantine et les bourses participent à un mieux-être », a estimé la cheffe d’établissement.
Pour Manuel Valls, cette situation met en lumière la nécessité de poursuivre la mise en œuvre de l’accord de Bougival et son « pacte » économique et social, qui aborde la question de la jeunesse. « Le projet de société, l’école, la formation, l’emploi… C’est autour de cela qu’on reconstruira la Nouvelle-Calédonie. »
Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes
*En Nouvelle-Calédonie et à Wallis et Futuna, les grandes vacances d’été débutent à la mi-décembre, et s’achèvent à la mi-février, date de la rentrée scolaire. Un calendrier inversé par rapport à celui de l’Hexagone et le reste des Outre-mer pour être en cohérence avec les saisons de l’hémisphère sud, où l’été a lieu de novembre à mars. Également dans l’Hémisphère sud, la Polynésie française, La Réunion et Mayotte demeurent calquées sur une rentrée scolaire à la moitié de l’année. Toutefois les vacances de décembre (été austral) durent un mois contre deux semaines dans l’Hexagone. En parallèle, les vacances de juillet (hiver austral) durent deux à trois semaines de moins, et les élèves de ces territoires reprennent le chemin de l’école à partir de la mi-août. |