Nouvelle-Calédonie : Les « carnets kanak » exposés au Centre Culturel Tjibaou

Nouvelle-Calédonie : Les « carnets kanak » exposés au Centre Culturel Tjibaou

30 ans de recherche à travers les musées du globe, Roger Boulay, collaborateur de l’Agence de Développement de la Culture Kanak de 1979 à 1998, à qui Jean-Marie Tjibaou a confié une exceptionnelle mission d’Inventaire du Patrimoine Kanak Dispersé (IPKD) dans les musées et collections publiques du monde entier. L’ethnologue réalisera cet inventaire par des croquis technique réalisé à l’aquarelle, rendant cette collection unique. Focus grâce au reportage de nos confrères de CALEDONIA.

Ce ne sont pas moins de 3 000 croquis, dispersés dans plus de 25 carnets dédiés, que Roger Boulay aura réalisé au cours d’une mission rare et exceptionnelle, demandée par Jean-Marie Tjibaou. Au cours de sa carrière, l’ethnologue arpentera les musées et les collections du monde entier à la recherche de ces artefacts Kanak, afin de les répertorier, les lister, mais surtout en garder une trace par un scrupuleux travail de dessin technique. Ces dessins, Roger Boulay choisira de les réaliser avec l’appui de l’aquarelle, donnant ainsi vie à la collection créée, et donnant une unité artistique rare pour un travail de cet ordre.

Présenté au musée du Quai Branly-Jacques Chirac du 4 octobre 2022 au 12 mars 2023, la collection est maintenant visible au centre culturel Tjibaou, du 4 octobre 2023 au 14 avril 2024. Une exposition qui permet de redonner vie à de nombreux items kanak dispersés à travers le monde, et de rendre hommage au travail d’une vie mené par Roger Boulay. 

Ces dessins une véritable portée historique, par leur souci du détail, explique Emmanuel Kasarhérou, président du musée du Quai Branly, au micro de CALEDONIA : « Le dessin permet d’extraire les détails qui ont une signification pour nous, en tant que conservateur, intéressé par ces objets (…) un bel exemple avec le carnet de croquis de Roger Boulay, et les pierres qu’il a dessinées sont des pierres qui servent de support à magie. Certaines dont on connait l’utilité, mais d’autres dont on ne connait pas l’utilité ». 

Surtout, plutôt que de réaliser un ensemble de dessins techniques traditionnels, l’ethnologue fait le choix de l’aquarelle, poursuit Emmanuel Kasarhérou : « L’aquarelle, c’est le choix de Roger Boulay. Ça permet de donner un supplément d’âme au croquis, parce que les croquis sont des croquis techniques quand on fait ce type d’inventaire, et là, il en a fait une œuvre d’art. Les objets sont plus vivants parce qu’on leur ramène une couleur, qui est assez douce, ce qui donne l’unité de cet ensemble de carnets, puisqu’il a réalisé plus de 25 carnets ». 

Un témoignage fort du passé Kanak, qui montre aussi l’évolution de cette société et de cette culture, vivante à travers les âges, conclut le président du musée du quai Branly : « Il n’y a pas de culture figée. Même la culture kanak qu’on dit traditionnelle, c’est juste un moment d’une construction qu’on a faite à un moment donné, mais on voit bien que des objets entre la fin du 18e siècle et la fin du 19e siècle, les objets évoluent, bougent, dans leur forme, leur fonction, leur usage. On a affaire à des sociétés vivantes, qu’elles soient en contact avec l’Europe ou pas, elles vivent ».  

Damien Chaillot