Nouvelle-Calédonie: le succès d'un programme anti-dengue permet sa suspension

© Haut-Commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie

Nouvelle-Calédonie: le succès d'un programme anti-dengue permet sa suspension

Les responsables du World Mosquito Program (WMP) ont annoncé mardi la suspension d'un programme de lutte contre la dengue après sept ans d'expérimentation dans l'agglomération de Nouméa, où l'introduction d'une bactérie a drastiquement réduit les risques de transmission.

Lancé en partenariat avec l'Université australienne de Monash, la Ville de Nouméa, l'Institut Pasteur et le gouvernement local, ce programme reposait sur l'inoculation aux moustiques de la bactérie Wolbachia, qui inhibe la transmission de maladies comme la dengue, le Zika ou le chikungunya.

Vingt-quatre millions de moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia ont été relâchés depuis 2018. En se reproduisant, ils ont transmis naturellement la bactérie, empêchant la propagation des virus."Ce programme est une grande réussite. Il met en évidence toutes les possibilités qu'offre ce territoire sur des aspects techniques innovants", a salué mardi Nadège Rossi, directrice du WMP en Nouvelle-Calédonie.

Tristan Derrick, médecin hospitalier et conseiller municipal, a rappelé l'impact de cette avancée. "J'ai personnellement vu mourir de dengues hémorragiques des personnes en réanimation, pour lesquelles notre service de soins était impuissant", a-t-il déclaré. Depuis 2020, aucune épidémie d'arbovirose n'a été enregistrée dans l'agglomération. "C'est un succès monumental", a-t-il ajouté.

Outre les vie sauvées, le programme, qui a coûté environ sept millions d'euros, a permis d'éviter des dépenses de santé évaluées à 67 millions d'euros, tout en supprimant l'usage d'insecticides, selon les participants à la restitution publique de cette étude. "La lutte contre les maladies virales et vectorielles est un défi constant. Nous devons maintenir la surveillance des moustiques pour nous assurer qu'un pourcentage suffisant reste porteur de Wolbachia", a insisté Marc Jouan, directeur de l'Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie.

Déjà appliquée dans d'autres îles du Pacifique et dans plusieurs régions d'Australie, de Colombie, d'Indonésie ou du Vietnam, la méthode Wolbachia a à chaque fois réduit l'incidence de la dengue de 55% à 98%. 

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de cas signalés de dengue, qui progresse avec le réchauffement climatique, a été multiplié par dix dans le monde de 2000 à 2019, passant de 500.000 à 5,2 millions.

Avec AFP