Nouvelle-Calédonie : Le Sénat coutumier déclare un deuil Kanak d'un an et demande le report du référendum

Nouvelle-Calédonie : Le Sénat coutumier déclare un deuil Kanak d'un an et demande le report du référendum

À l'approche de la date du 12 décembre 2021, les positions se crispent autour de la tenue du troisième et dernier scrutin pour l'autodétermination du territoire. Les indépendantistes, opposés à la date fixée par l'Etat, sont aujourd'hui rejoints par le Sénat Coutumier. L'institution exprime que la population kanak est “traumatisée” par le Covid, et décrète un deuil d'un an. Ce faisant, ils invoquent la nécessité de repousser le scrutin à l'issue de cette période.

Les positions s'affirment autour de la tenue de la troisième échéance référendaire, dont la date est fixée au 12 décembre 2021. Les partis indépendantistes, déjà opposés à un scrutin en 2021 avant l'arrivée du Covid sur le territoire, ont affirmé leur position au fil des semaines. La présence du virus est devenue l'argument principal du report, jusqu'à l'union de tous les groupes indépendantistes à ce sujet, qui ont officialisé leur union autour du report du vote et du boycott de l'élection si celle-ci venait à être maintenue à la date fixée par l'Etat.

Aujourd'hui, ils sont rejoints par le Sénat Coutumier. L'instance, représentative des chefferies du territoire, a décrété une période de deuil national Kanak d'un an en raison des victimes du Covid-19. Ce deuil, acté rétroactivement au 6 septembre 2021, est prononcé pour un an. Dans une lettre ouverte destinée au président de la République, Emmanuel Macron, l'institution évoque l'impossibilité de tenir un référendum dans ces conditions, et affirme la nécessité de repousser le référendum à l'année prochaine, à l'issue de cette période de deuil.

Les membres du Sénat coutumiers évoquent que les 271 décès liés au Covid qu'a connu le Caillou ont créé un “traumatisme” et un “choc psychologique”. Justin Gaia, porte-parole du Sénat coutumier, était au micro de nos confrères de CALEDONIA : “Le référendum du 12 décembre ne doit pas avoir lieu. Il doit avoir lieu l'année prochaine. Il doit avoir lieu l'année prochaine pour une bonne raison, c'est que nous, l'institution costumière, qui est l'émanation des grandes chefferies, nous avons décidé que l'on doit mettre en place pendant une période d'une année, de septembre 2021 à septembre 2022, une période de deuil national, qui concerne le peuple kanak dans sa totalité”.

Cette décision, lourde de sens et d'implication, est nécessaire selon l'institution, qui évoque un peuple kanak “traumatisé. Il y a eu un choc psychologique, ce qui fait que c'est très difficile dans cette période d'organiser une consultation aussi importante que le référendum. C'est pour cela que nous pensons que pour la sérénité dans ce pays, il faut que le deuil soit mis en place et que cette période d'une année soit respectée. Ceux qui décideront à tout prix de le faire, c'est qu'à la place du cœur, ils ont un cœur de pierre”. Pour rappel, l'Etat est attendu cette semaine pour affirmer la décision du maintien du scrutin ou son report, en fonction de la situation sanitaire du territoire.

Damien Chaillot