Nouvelle-Calédonie : Le chômage partiel Covid, un gouffre financier à 250 millions Fcfp par mois pour la Cafat

Nouvelle-Calédonie : Le chômage partiel Covid, un gouffre financier à 250 millions Fcfp par mois pour la Cafat

Le 9 mars dernier, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a annoncé la prolongation de l’allocation « spécifique Covid-19 » pour les secteurs durablement touchés par les conséquences économiques liées à la crise sanitaire. Ce dispositif sera en place jusqu’à la réouverture des frontières, au 31 octobre prochain. Or, il coûte près de 250 millions de francs CFP (2,095 millions d’euros) par mois à l’administration et a des incidences sur les comptes publics. Un sujet de notre partenaire Actu.nc. 

Depuis mars 2020, l’économie calédonienne et de nombreux secteurs sont fortement impactés par la crise sanitaire liée à la Covid-19. Pour accompagner et soutenir l’économie du territoire, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie avait institué une allocation « spécifique Covid-19 » (équivalent du chômage partiel). Cette allocation, plus favorable que l’indemnité classique, était basée sur le salaire réel de l’employé – 70% de la rémunération brute – limité à 4,5 fois le taux horaire du SMG. 

Elle était destinée, en premier lieu, aux entreprises interdites d’activité ainsi qu’à celles qui justifiaient d’une baisse significative de leur chiffre d'affaires. La situation actuelle et le reconfinement du territoire ont obligé le gouvernement, le 9 mars dernier, à prolonger cette allocation chômage partiel pour les secteurs durablement touchés par les conséquences économiques liées à cette crise sanitaire jusqu’à la réouverture des frontières, soit au 31 octobre 2021 (pour l’instant). 

Si ces mesures avaient été soutenues par une partie du prêt de 28,5 milliards de francs CFP – soit 5 milliards – contracté auprès de l’Agence française de développement (AFD), le financement de ce prolongement pose question. En effet, pour le moment aucun élément ne permet de déterminer le financement de ce chômage partiel. Le directeur de l'équivalent de la sécurité social en Nouvelle-Calédonie, Xavier Martin, assure toutefois qu’« il faudra nécessairement un financement spécifique », comme ce fut le cas lors du premier dispositif.

Le chômage partiel coûte 250 millions par mois

La Nouvelle-Calédonie va donc devoir trouver une source de financement pour les 120 entreprises (environ) concernées par ce chômage, représentant notamment des compagnies aériennes, des entreprises touristiques et l’hôtellerie. « 1 700 salariés étaient concernés par cette mesure au mois de décembre », confirme le directeur. Mais la Cafat se trouve au bord du gouffre. 

Actuellement, la Caisse détient encore un peu de trésorerie provenant de la première enveloppe qui lui avait été allouée. « Il nous reste encore 500 millions », estime Xavier Martin. Une marge de manœuvre qui s’amenuise avec le temps puisque, selon l’administration, une somme de près de 250 millions de francs CFP, soit 2,095millions d'euros, est à débourser chaque mois pour financer ce chômage partiel Covid, soit près d’1,5 milliard jusqu’à la fin du mois d’octobre. 

Jean-Rémy Buraglio, administrateur et vice-président de la Cafat, va, lui, encore plus loin. « Cela dépend des dossiers qu’on nous débloque mais ces finances seront dépensées pour la fin avril ». Pour lui, il n’y a donc pas d’autres solutions que le déblocage de fonds par le gouvernement « au plus vite ». Cependant il est certain qu’un ralentissement sur les paiements se fera ressentir. 

« De toute façon, la Cafat ne peut payer qu’à hauteur de la trésorerie disponible et ne peut accumuler des dettes sur ce genre de prestations », affirme le directeur de l’organisme. En conséquence, un prêt pourrait être demandé par le gouvernement à l’AFD dans les prochains jours. Une situation qui endettera encore un peu plus le territoire.

Hugo Coëff pour Actu.nc