En visite en Nouvelle-Calédonie depuis ce vendredi, afin notamment de lancer les discussions politiques sur l’avenir institutionnel avec les partenaires politiques calédoniens, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a annoncé son intention de tenir des bilatérales et trilatérales en mai, à Paris ou à Nouméa.
En décembre dernier, Gérald Darmanin s’était engagé à attendre le lendemain du congrès du front indépendantiste FLNKS afin de tenir les premières discussions politiques bilatérales sur l’avenir institutionnel calédonien, portées essentiellement sur la définition d'un calendrier pour les prochaines discussions.
C’est chose faite ce vendredi, puisqu’en visite dans l’archipel, Gérald Darmanin s’est entretenu avec la délégation du FLNKS, composée de Roch Wamytan, Gilbert Tyuienon, Jean-Pierre Djaiwé, Adolphe Digoué, Victor Tutugoro, Alosio Sako et Jean Creugnet. Tous représentent des mouvances et partis politiques composant le FLNKS : l’Union calédonienne, le Parti de Libération Kanak, l’Union progressiste mélanésienne et le Rassemblement démocratique océanien.
En amont de cette rencontre, le ministre a confié ses objectifs. En premier lieu, Gérald Darmanin veut obtenir l’organisation d’une nouvelle bilatérale en mai, à Paris ou à Nouméa, qui déboucherait sur une trilatérale, réunissant donc à la fois indépendantistes et non indépendantistes. Sur le corps électoral, au cœur du débat politique la semaine dernière, Gérald Darmanin a répété la volonté de l’État de maintenir les élections provinciales de 2024, mais pas avec un corps électoral gelé.
Il appelle les élus du pays à trouver une solution consensuelle, alors que les indépendantistes demandent le maintien d’un corps électoral gelé et restreint, conformément aux dispositions de l’accord de Nouméa, et les non indépendantistes demandent le dégel et l’ouverture, pour permettre à 41 000 électeurs non-inscrits sur la liste électorale spéciale pour les provinciales, d’y être inscrits. Pour l’heure, les indépendantistes n’ont pas encore communiqué à l’issue de leur rencontre avec le ministre.
Plus tôt dans la journée, Gérald Darmanin a été accueilli en province Nord par le président Paul Néaoutyine, également figure du camp indépendantiste. Cette fois-ci, cette rencontre a été essentiellement tournée sur la problématique du nickel, secteur phare mais en difficulté de l’économie calédonienne. La province Nord est, avec la province Sud, un des acteurs institutionnels majeurs du secteur minier.
« On a longuement échangé sur l’avenir sujet nickel et sur la question de l’énergie, et notamment sur le fait que si on arrivait à produire une énergie moins chère en Nouvelle-Calédonie, on arriverait à exporter plus facilement le nickel calédonien » a indiqué Gérald Darmanin à l’issue de sa rencontre. Il a aussi estimé qu’« il n’est pas normal par exemple qu’en France, on installe des usines de batteries électriques (…) et qu’on n’achète pas encore du nickel calédonien ».
Rappelant le dernier prêt accordé par l’État à la Société le nickel, prêt portant désormais à 2 milliards d’euros l’aide de l’État au secteur, Gérald Darmanin a une nouvelle fois appelé à un « nouveau projet industriel », « sinon nous n’aiderons plus le nickel ». « Le président Néaoutyine est parfaitement d’accord avec cette vision des choses et c’est avec sa vision des choses que nous construisons en partie ce que nous ferons ici », a-t-il assuré.
Une mission d’inspection et d’audit, commandée en même temps que le dernier prêt accordé à la SLN, doit débuter la semaine prochaine en Nouvelle-Calédonie, a aussi fait savoir le ministre. Celle-ci doit rencontrer les principaux acteurs du secteur, dont Paul Néaoutyine. Gérald Darmanin souhaite aussi réunir ce dernier, ainsi que la présidente de la province Sud, Sonia Backès, à Paris, pour discuter du nickel.
Pour la suite de sa visite sur l’archipel, Gérald Darmanin rencontrera lundi les partenaires politiques non indépendantistes dimanche à Nouméa, autour d’une seconde bilatérale. Mais avant cela, le ministre est attendu dans la capitale calédonienne pour une séquence sécurité. Un entretien autour du nickel est aussi prévu avec Sonia Backès. Samedi, Gérald Darmanin se rendra au Vanuatu pour une séquence diplomatique et indopacifique, alors que l’État insulaire a été balayé par deux cyclones en trois jours, et a subi les secousses d’un séisme ce vendredi.