Nouvelle-Calédonie : Dans les quartiers de Kaméré et Rivière-Salée, les jeunes du RSMA aident à reconstruire les collèges

©Anthony Tejero / Les Nouvelles Calédoniennes

Nouvelle-Calédonie : Dans les quartiers de Kaméré et Rivière-Salée, les jeunes du RSMA aident à reconstruire les collèges

Les collèges de Kaméré et de Rivière-Salée à Nouméa font partie des établissements scolaires les plus visés par les émeutiers. Alors qu’une course contre la montre s’est enclenchée pour permettre à leurs élèves de pouvoir faire leur rentrée au plus vite, une trentaine d’engagés du RSMA se sont portés volontaires pour sauver et rénover ce qui peut encore l’être. Une mission « utile » et qui leur permet de véhiculer « une image positive de la jeunesse ». Témoignages recueillis par notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

« Je ne comprends toujours pas pourquoi on s’attaque à des écoles. Ça fait mal au cœur de voir ça ». Bâtiments et salles de classe incendiés, matériel pillé ou saccagé… Face aux dégradations commises par des émeutiers dans le collège de Rivière-Salée, à Nouméa, Christina Xomehmae ne s’avoue pas vaincue et a décidé de « se retrousser les manches » pour faire place nette. Cette femme de 24 ans, originaire de Koumac et de Lifou, fait partie de la trentaine de jeunes du RSMA (Régiment du service militaire adapté) venus prêter main-forte aux équipes et aux sociétés privées en charge de rénover cet établissement scolaire, ainsi que celui de Kaméré.

« C’est là qu’on apprend le vivre ensemble »

« Le collège, et l’école d’une manière générale, c’est un lieu de partage et de rencontres. C’est là qu’on apprend le vivre ensemble », estime cette aide-formatrice de la filière secours à la personne, qui a elle-même terminé sa scolarité dans le lycée voisin Petro-Attiti, entièrement détruit. « C’est très triste pour tous les gens du quartier. Ce qui me motive, c’est d’aider à la reconstruction pour tous ces adolescents afin qu’ils puissent reprendre au plus vite leurs études dans des conditions saines. J’espère que ça permettra de lutter un peu contre le décrochage scolaire. »

Une mission qui tient également à cœur à Rémy Mamit, originaire de Lifou et du Vanuatu. « Je me sens utile, c’est valorisant. J’ai moi-même été scolarisé à Rivière-Salée, donc ça me touche personnellement », confie ce jeune homme de 21 ans, inscrit dans la filière des métiers de la construction et du bâtiment. « J’ai envie que l’on montre une bonne image de la jeunesse, notamment mélanésienne, en cette période qui est très inquiétante. C’est une manière de prouver, qu’ensemble, on est capables de faire de bonnes choses ». Ces volontaires sont notamment engagés sur de « petits travaux d’urgence » comme le déblaiement des déchets, le nettoyage ou encore la peinture.

« La jeunesse a un rôle à jouer dans la reconstruction »

« L’objectif de cette mission, c’est de permettre à ces établissements de pouvoir rapidement retrouver une activité normale. Notre action se fait en complémentarité avec les entreprises mandatées par la province Sud afin de rénover les collèges », résume le commandant Jean-Philippe Chabaud, chef d’antenne de la maison du SMA. « C’est important que la jeunesse comprenne aussi qu’elle a un rôle à jouer dans la reconstruction du pays et de l’engager dans ces actions qui ont du sens et qui permettront à d’autres jeunes de pouvoir reprendre l’école au plus vite. »

Et ce n’est pas le vice-recteur, présent ce vendredi matin pour suivre l’avancée des travaux, qui le contredira : « En l’espace de quelques jours, plusieurs semaines de scolarisation ont été gagnées notamment en nettoyant les espaces préservés qui permettront d’imaginer des organisations scolaires hybrides, à la fois en présentiel et en distanciel », explique Didier Vin-Datiche. « Quand tous les collèges seront repartis, c’est la vie dans son ensemble qui va reprendre. »

Quand les élèves feront-ils leur rentrée dans ces deux collèges ?

Au collège de Rivière-Salée, où sont inscrits 384 élèves, les dégâts sont considérables, avec trois bâtiments sur quatre « perdus ». « Il y a eu des saccages, des incendies et l’eau utilisée pour éteindre le feu a détruit les systèmes électriques. Nous avons aussi perdu tous nos serveurs. La partie informatique et administrative n’existe plus non plus » liste Éric Vallon, le chef d’établissement. « Aujourd’hui, nous ne pouvons accueillir nos personnels en sécurité que dans le réfectoire ».

Dans leur malheur, les équipes ont néanmoins la chance de pouvoir compter sur l’école Arsapin voisine qui avait été fermée. Les élèves seront accueillis en demi-groupes, l’un le matin, l’autre l’après-midi, à partir du 1er juillet prochain, avec une priorité pour les classes « à examens » de troisième. Et ce, au moins, jusqu’aux vacances d’août.

Au collège de Kaméré, les dégâts sont également importants : deux bâtiments, cinq salles de classe, la vie scolaire, le CDI ou encore la salle des professeurs et le pôle santé ont été détruits ou dégradés. Dans ce contexte, une réorganisation interne est en cours pour permettre d’accueillir les 370 élèves sur place « au plus vite », assure la directrice Françoise Audureau, qui ne peut pas encore avancer une « date précise » mais qui tient à remercier le travail des jeunes du RSMA. « C’est super ! Ils y mettent tout leur cœur et c’est en partie grâce à eux que nous pourrons faire une rentrée plus rapide et plus sereine. »

Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes