Nouvelle-Calédonie. Australie, Singapour, Paris : les perspectives de reprise de la compagnie Aircalin

Nouvelle-Calédonie. Australie, Singapour, Paris : les perspectives de reprise de la compagnie Aircalin

Après deux années de crise, la compagnie internationale Aircalin veut voir les choses en grand pour 2022. Outre une reprise des vols vers l’Australie et un lancement Nouméa-Singapour « en bonne voie » pour cette année, le Directeur général de la compagnie à l’Hibiscus, Didier Tappero, étudie une éventuelle ligne Nouméa-Paris opérée par Aircalin, voir un rapprochement des États-Unis en s’appuyant sur la Polynésie française. Il a répondu aux questions de notre partenaire NC NEWS / Actu.nc.

Actu.nc : L’Australie a annoncé rouvrir ses frontières le 21 février aux personnes vaccinées. Quels sont concrètement les vols qui vont reprendre ?

Didier Tappero : L’annonce de réouverture le 21 février a été faite. Des précisions sont attendues pour tout ce qui concerne les tests PCR et la vaccination. Pour ce qui est de notre programme de vols, dans un premier temps, immédiatement d’ailleurs, nous allons opérer deux vols vers Sydney, puis nous ouvrirons un vol sur Brisbane le dimanche. Au fur et à mesure de la demande, nous monterons ensuite en puissance en termes de fréquence sur les lignes Sydney et Brisbane. Pour ce qui est de Melbourne, nous avions suspendu la ligne au début de la crise Covid, et il n’est pas envisagé de la rouvrir dans l’immédiat. De toute façon, nous ne pourrions pas desservir Melbourne pour l’instant, car nous n’aurions pas suffisamment d’appareils, sachant que nous avons dû différer l’investissement de notre 4e avion, crise Covid oblige.

Quid des autres destinations ? 

Pour ce qui est de la Métropole, notre escale d’Osaka a été fermée et nous n’avons pas prévu de la rouvrir dans l’immédiat. Les fréquences vers la Métropole via Tokyo oscilleront donc entre 3-4 fréquences, pour une reprise à 6 ou 7 en milieu d’année.  

Le projet d’ouverture d’une ligne avec Singapour est-il toujours d’actualité malgré́ la crise Covid ?  

Singapour est toujours d’actualité. Il y a deux sujets. Le premier est d’être autorisé à voler à Singapour. C’est en bonne voie. Le processus diplomatique prend du temps, mais je n’ai pas d’inquiétude sur ce point. Il faudra ensuite obtenir des créneaux horaires, un élément important dans notre métier car déterminant pour un succès commercial. Nous n’avons pas encore statué sur la date de lancement. Car un point est essentiel. Il faut mettre tous les atouts de notre côté, dont la levée des restrictions sanitaires qui sont un frein évident au voyage des touristes. En clair, nous n’ouvrirons pas de vol vers Singapour tant qu’il n’y aura une septaine. A partir du moment où les contraintes sanitaires se résumeront à la vaccination et aux tests, nous ouvrirons Singapour. Donc vraisemblablement à une période qui va se situer entre le milieu et la fin de cette année.

Des rumeurs circulent à propos de l’ouverture d’une ligne Tokyo-Paris-Tokyo opérée par Aircalin. Vous confirmez ? 

Le président du gouvernement en a parlé lui-même dans sa déclaration de politique générale. C’est un sujet sur lequel nous travaillions avant la crise Covid et sur lequel nous travaillons toujours. Alors, qu’en est-il ? Aircalin est sorti de ces deux années de crise, on a piloté l’année 2022 de reprise économique qui est délicate, et on est toujours dans ce projet de renouvellement de flotte avec notre 4e avion qui doit arriver à la fin de l’exercice 2023. 

A partir de ce schéma de base, nous aurons les outils pour assurer les besoins en transport à partir de la Nouvelle-Calédonie et pour s’intégrer au schéma de développement touristique, qui est une raison d’être et une nécessité pour Aircalin. Un schéma touristique indispensable car 50 % de notre chiffre d’affaires se réalise avec une clientèle touristique. A partir de là, on a identifié des opportunités de développement pour la compagnie, mais aussi pour la Nouvelle-Calédonie à travers ses échanges et ses flux touristiques.

Quels sont ces voies de développement ?

Un développement est envisagé vers Paris. C’est un marché qui existera toujours quel que soit le futur institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Il y a donc là une opportunité pour qu’Aircalin se positionne sur ce créneau en vol direct, ce qui permettrait de favoriser les déplacements et une maîtrise tarifaire, sachant que Aircalin fait 40 % de la route. Nous sommes hyperspécialisés sur ce créneau, qui est d’ailleurs le seul pour nous, donc nous serons efficaces sur ces marchés pour vendre la destination Nouvelle-Calédonie.

À condition d’être concurrentiels en prix...

Cela fait évidemment partie des fondamentaux. Le sujet mérite en tout cas qu’on se penche dessus. Et nous y travaillons. Aucune décision n’a été prise pour l’heure. Pour le faire, il faut à la fois la volonté de la compagnie, des éléments économiques objectifs, être accompagné par notre actionnaire la Nouvelle-Calédonie, et par l’État. Donc il reste encore du chemin à parcourir, mais nous espérons voir ce projet aboutir.

D’autres axes de développement sont-ils à l’étude ?

Toujours dans le cadre de ce schéma de développement touristique, nous regardons aussi l’accès au marché américain. Il ne s’agit pas d’acheter directement un avion pour aller aux États-Unis. Ce serait là un échec commercial évident. Il s’agit d’amorcer le sujet. Comment le faire à moindre coût ? L’une des options sur laquelle nous travaillons serait de pouvoir transformer un A320 en A321 LR (pour Long Range) soit en résumé un A320 plus long. Cet avion a un rayon d’action plus long qui permettrait d’opérer des Nouméa-Papeete directement. Avec deux fréquences par semaine et des partenariats commerciaux en Polynésie française, on pourrait toucher le marché́ américain et commencer à drainer des flux, en profitant de l’attractivité de la région.

Ce sont des discussions que j’ai eues avec des chaînes hôtelières qui me le confirment : un axe pacifique Sud comprenant Fidji, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie est susceptible d’intéresser une clientèle. Cet avion permettrait également de toucher tout point du territoire australien sans escale. En fonction des schémas de développement touristique en Australie, cet appareil permettrait de supprimer une escale : un élément important en termes de développement touristique. Ce sont là des opportunités dont nous discutons avec le gouvernement et l’industrie touristique. Mais en tout cas, c’est à la portée d’Aircalin.

Propos recueillis par Béryl Ziegler pour le groupe NC NEWS / Actu.nc