Nickel calédonien : Eramet reste tout juste bénéficiaire après une année 2024 « difficile »

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Nickel calédonien : Eramet reste tout juste bénéficiaire après une année 2024 « difficile »

Le groupe minier français Eramet a vu son bénéfice net chuter de 87 % à 14 millions d’euros l’an passé, contre 109 millions d’euros en 2023, au terme d’une année 2024 « difficile » notamment au Gabon ou en Nouvelle-Calédonie où l’activité a été fortement perturbée et pour laquelle l'État a pris le relais du géant de la métallurgie sur le plan financier. 

« Cela n’a pas été la plus facile des huit dernières années, mais c’est celle qui montre le mieux comment Eramet s’est transformé », a déclaré Christel Bories, PDG d’Eramet, à la presse, ce mercredi, après un exercice marqué notamment par des arrêts de production de manganèse au Gabon liés à la crise de l’acier en Chine, de grosses difficultés sur le nickel en Nouvelle-Calédonie et des projets bridés en Indonésie.

Côté verre à moitié plein, Christel Bories, qui doit céder ses fonctions de directrice générale à l’italo-brésilien Paulo Castellari le 27 mai, s’est réjouie du démarrage de la production de la mine de lithium de Centenario en Argentine, censée arriver à son rythme de croisière d’ici décembre 2025. « Nous avons finalisé une nouvelle étape dans la croissance de nos activités dans le lithium, avec la reprise en pleine propriété de nos activités en Argentine à notre partenaire chinois Tsingshan » a-t-elle rappelé.

Ce rachat a poussé les notations financières de la dette long terme d’Eramet vers le bas (pour Moody’s et Fitch), mais il permet à l’entreprise d’être « en bonne position pour profiter du boom des métaux liés à la transition énergétique » grâce à l’exploitation d’un des plus importants gisements de lithium du monde, a estimé Christel Bories.

« Nous rapportons nos activités hors SLN désormais »

Elle a aussi salué « la solution » trouvée en avril 2024 avec l’État français qui « finance désormais intégralement » son ancienne filiale, la Société Le Nickel (SLN), en difficulté en Nouvelle-Calédonie. « Nous rapportons nos activités hors SLN désormais » a-t-elle dit.

Dans ce contexte, le chiffre d’affaires ajusté du groupe (sans la majeure partie des activités de la SLN, mais incluant les revenus de la part minoritaire d’Eramet dans le gisement de nickel de Weda bay en Indonésie) s’est élevé à 3,377 milliards d’euros contre 3,618 en 2023 (-7 %). L'endettement net a fait un bond de 111 % à 1,29 milliard d’euros. L’an passé, Eramet a souffert du « net recul » de la consommation mondiale de minerai de manganèse (-6 %).

« Rien à se reprocher »

Au Gabon, les volumes de minerai produits et transportés sont en baisse de 8 % sur l’année. La production de la mine de Moanda a dû être suspendue pendant trois semaines. En cause : le fort recul de la production d’acier au carbone en Chine durant l’été qui a entraîné une baisse des achats de minerai par les producteurs chinois d’alliages de manganèse.

Interrogée sur de récentes polémiques environnementales autour des activités d’extraction de sables minéralisés au Sénégal, Christel Bories a estimé que le groupe n’avait « rien à se reprocher »« Contrairement à ce qui est affirmé par nos détracteurs, la mine n’a pas d’impact ni sur la quantité ni sur la qualité de l’eau » a-t-elle assuré.

La dirigeante a aussi indiqué que le groupe n’attendait « pas grand-chose » du pacte sur l’industrie verte que doit présenter la Commission européenne le 26 février, avec notamment une liste rénovée de minéraux et métaux dits critiques pour la souveraineté du Vieux continent. « La liste n’est pas inutile, mais elle n’est pas un outil qui sert beaucoup à orienter les politiques d’investissement en Europe, ce qui est important serait de savoir quels financements l’Europe va débloquer », a-t-elle déclaré.

En Indonésie, où le groupe n’a pas décroché un permis de production de minerai de nickel aussi élevé que son permis minier le lui aurait permis (60 Mt), Eramet « va rediscuter avec les autorités » pour « essayer d’obtenir un peu plus de permis de production, y compris pour 2025 » a conclu Christel Bories.

Avec AFP