Les trois circonscriptions en Polynésie française ont été remportées par les candidats indépendantistes du Tavini Huiraatira, soutenus par la NUPES. Le taux de participation est en hausse notable.
Tour de force dans la 1ère circonscription -englobant les villes de Papeete, Pirae, Arue sur l’île de Tahiti, l’île de Moorea et les archipels des Tuamotu-Gambier et Marquises-, le jeune candidat étudiant, Tematai Le Gayic s’est imposé d’une courte tête face à son adversaire Nicole Bouteau, ancienne ministre du Tourisme en Polynésie investie par Ensemble ! et membre du parti autonomiste majoritaire localement, avec 50,88% des suffrages.
Pour sa première expérience électorale, Tematai Le Gayic a fait basculer les suffrages dans des communes pourtant acquises au président polynésien Édouard Fritch, soutien d’Emmanuel Macron, notamment Papeete, Moorea et Arue. Des communes peuplées qui ont fait la différence, alors que Nicole Bouteau bénéficiait d’une nette avance dans les archipels des Tuamotu-Gambier et des Marquises.
Dans la seconde circonscription -englobant les communes du sud de Tahiti et l’archipel des Australes-, l’anthropologue Steve Chailloux, 34 ans, s’est largement imposé face à Tepuaraurii Teriitahi, candidate de la majorité locale et d’Ensemble !, avec 58,89% des suffrages exprimés. Il a, lui aussi, remporté des communes bastions autonomistes, normalement acquises au président Édouard Fritch. C’est le cas des deux communes de la Presqu’île de Tahiti, ou encore de la commune de Mahina, administré par un maire proche du président polynésien.
Enfin dans la troisième circonscription – Îles-sous-le-Vent, et communes de Faa’a et Punaauia à Tahiti, le député sortant Moetai Brotherson est arrivé en tête avec 61,32% des suffrages. Premier député indépendantiste à siéger à l’Assemblée nationale en 2017, Moetai Brotherson s’est, lui aussi, imposé dans des communes favorables au parti d’Édouard Fritch comme Maupiti, Bora Bora, Tumara’a et Taputapuatea sur l’île de Raiatea, et même dans la commune de Punaauia. Naturellement, le député récolte plus de 77% des suffrages dans la ville de Faa’a, fief historique des indépendantistes administré par le leader de la mouvance, Oscar Temaru.
Ce sont donc les trois candidats indépendantistes, soutenus par la NUPES, qui iront siéger au Palais Bourbon pour la prochaine mandature, au détriment des trois candidats de la majorité locale, investis par Ensemble !. Cette vague indépendantiste peut notamment s’expliquer par un vote rejet contre les présidents Édouard Fritch et Emmanuel Macron, les reports de voix d’une opposition dispersée au premier tour puis resserrée au second ou encore, l’enthousiasme perçu derrières les candidatures des jeunes candidats Tematai Le Gayic et Steve Chailloux.
Les trois candidats indépendantistes ont aussi bénéficié d’un regain de mobilisation dans les trois circonscriptions : près de 53% dans la 1ère contre 43,62% au premier tour, 51,6% dans la seconde contre 39,43% au premier tour, et 51,5% dans la troisième circonscription contre 43,33% au premier tour. Ce sont les trois candidats qui ont le mieux progressé en nombre de voix. Tematai Le Gayic est, par exemple, passé de 6 223 voix au premier tour à plus de 18 000 voix au second, soit un gain de plus de 12 000 voix, contre 4 900 voix en plus pour son adversaire. Sur l'ensemble de la Collectivité, le taux de participation est estimé à 52%, contre près de 54% en 2017 et 42,16% au premier tour de 2022.
Pour rappel, ces élections législatives en Polynésie ont lieu un an avant les Territoriales, mère des élections dans cette Collectivité d’Outre-mer. Et si les scrutins ne peuvent être comparables, il va sans dire que le parti d’Édouard Fritch, actuel président de la Polynésie française, est en difficulté. Avec un total de 52% des suffrages exprimés (près de 30% des inscrits), le parti indépendantiste est bien parti pour être au moins la principale force d'opposition.