Le Matatiki, art graphique marquisien, fait un pas de plus vers la reconnaissance à l’UNESCO

Le Matatiki, art graphique marquisien, fait un pas de plus vers la reconnaissance à l’UNESCO

Le matatiki, art graphique marquisien, a été inscrit à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français. Une « étape indispensable » pour son inscription sur la liste de l’Unesco, où la Polynésie voudrait aussi voir figurer le ‘ori Tahiti (danse tahitienne). Les maires des îles Marquises, le haut-commissaire, le président polynésien et l’association Patutiki, moteur dans cette démarche, étaient réunis ce matin pour célébrer cette nouvelle avancée. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti

Le matatiki c’est l’art iconographique marquisien, « un des éléments fondateurs de la culture de l’archipel ». Reconnaissable au premier coup d’œil pour ses motifs et surtout ses visages, il s’exprime depuis toujours sur les sculptures, gravures, les tapa, mais aussi, bien sûr, dans le tatouage marquisien, le patutiki.

Son inscription à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel a été acquise dès le mois de mars, mais le Covid avait jusque-là empêché les autorités de marquer l’événement. « Il fallait qu’on fasse une cérémonie, une annonce », explique Benoît Kautai, maire de Nuku Hiva et président de la Codim, entouré ce mardi par tous les hakaiki (maires, ndlr) des communes des Marquises. « Parce que c’est un motif de fierté, et parce que c’est une étape très importante pour nous, pour avancer ».

Transmettre et diffuser plutôt qu’interdire

Une fierté marquisienne, mais aussi une fierté pour toute la Polynésie, explique Édouard Fritch. « Les Marquises, pour la majorité des Polynésiens, ont toujours été une référence », pointe le président citant ses tatouages « qui ont fait le tour du monde » et les tiki qui sont devenus « la marque de la Polynésie française ». « On ne peut pas nier que les Marquises ont marqué la vie culturelle de notre pays ».

C’est l’association Patutiki, créée fin 2016 et à l’origine du documentaire éponyme qui a connu le succès deux ans plus tard, qui a porté cette démarche d’inscription. « Il s’agit d’un événement historique pour notre culture », appuie son président Teiki Huukena, qui a marqué la réunion par une déclamation en marquisien. Réagissant à certaines critiques ou incompréhensions du passé, il insiste sur le fait que la démarche de l’association ne vise « en aucun cas à interdire à qui que ce soit » d’utiliser le matatiki.

2020-12-15- PR CONF PRESSE -MATATIKI- (4)

« Et d’ailleurs, nous n’en aurions pas le pouvoir, personne ne possède cet héritage », assure-t-il. Il s’agirait « au contraire » de participer à la sauvegarde de la culture de Henua ʻEnana (« Terre des Hommes », nom marquisien de l’archipel, ndlr) par sa transmission, et par sa diffusion en Polynésie et dans le monde. « L’important pour nous, c’est que lorsqu’on voit ces motifs, ces symboles, on sache d’où ils viennent ».

L’Unesco au bout du chemin

Toute célébrée qu’elle soit, cette inscription du matatiki dans l’inventaire national n’est qu’une étape. « Derrière, c’est l’Unesco », insiste Benoit Kautai. Les Marquises visent une inscription de leur art graphique sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. « Lorsque cette étape viendra nous serons à vos côtés », a précisé Édouard Fritch. « À ce jour, et comme vous le savez, le dossier que nous souhaitons faire porter devant l’Unesco est celui du ‘ori Tahiti ». Et d’après le président et son ministre de la culture Heremoana Maamaatuaiahutapu, salué pour son investissement dans le dossier, « la route est encore longue ».

Une démarche à laquelle s’associe aussi l’État. « Ce travail permet de reconnaître un patrimoine marquisien, polynésien, mais aussi national », précise Dominique Sorain, qui tient à faire de « la mobilisation extraordinaire » pour la préservation de culture marquisienne un « exemple » en Polynésie comme ailleurs. Comme le rappelle le haut-commissaire, l’État soutient en premier lieu l’inscription des Marquises au patrimoine mondial de l’Unesco – une démarche différente pour une liste différente, même si l’archipel vise une inscription « mixte » regroupant reconnaissance naturelle et culturelle. « Le Covid a ralenti le travail », reprend Dominique Sorain. « Mais il a continué avec le Pays, avec les hakaiki et à Paris où il y a eu une réunion en septembre sur le sujet ».

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