La Polynésie veut devenir un hub pour les pêcheries internationales dans le Pacifique Sud-central

©Port autonome de Papeete (Illustration)

La Polynésie veut devenir un hub pour les pêcheries internationales dans le Pacifique Sud-central

Pour « consolider les filières productives locales contribuant à la sécurité alimentaire et encourager la diversification économique », le gouvernement de la Polynésie veut renforcer la position de la Collectivité d’Outre-mer en hub pour les pêcheries étrangères pêchant dans les eaux internationales du Pacifique Sud-central. 

« L’objectif affiché est d’avoir une économie résiliente face aux changements afin d’assurer la croissance de la Polynésie française », explique le compte-rendu du Conseil des ministres de la Polynésie. « Un projet de hub pour les pêcheries internationales du Pacifique Sud-Central avec le développement et le renforcement de services aux flottilles de pêche étrangère s’inscrit dans cette démarche ». 

Pour défendre ce projet, le gouvernement local met en avant « une filière qui s’est construite au fil des ans ». « En effet, depuis plus de 50 ans, de par son positionnement géographique au centre du Pacifique, la Polynésie française accueille des flottilles de pêche thonière étrangères opérant dans le Pacifique Sud Central pour des opérations de logistique, d’avitaillement, d’évacuation sanitaire, de support sanitaire aux équipages lors des escales, d’entretien et de réparations navales et de sécurité », souligne-t-on. « Grâce aux efforts d’une multitude d’opérateurs économiques locaux, cette filière a contribué à consolider le tissu industriel et tertiaire polynésien, tout en préservant les ressources thonières polynésiennes ». 

Pour le gouvernement polynésien, « le renforcement de ces activités, à travers un hub, présente aujourd’hui plusieurs atouts, le principal étant de dynamiser l’économie locale ». « L’augmentation des flux de marchandises et des passagers étrangers devrait également accentuer le phénomène d’économie d’échelle au bénéfice des opérateurs économiques et des consommateurs locaux. Par ailleurs, les pêcheurs palangriers locaux pourraient bénéficier de l’expertise de ces flottilles pour améliorer leurs connaissances techniques sur les zones et saisons de pêche, sur les espèces peu encore exploitées localement mais aussi sur leur traitement et leur commercialisation à l’international, pour améliorer les exportations et ainsi contribuer à l’atteinte des objectifs de la politique sectorielle de la pêche hauturière polynésienne ». 

La mise en place d’un hub pour les pêcheries internationales du Pacifique Sud Central sollicite peu d’intervention financière publique, mais nécessite davantage un appui administratif, à la fois de l’État et du Pays et son animation. Le gouvernement s’engage aujourd’hui à prendre en charge sa coordination, conclut l’exécutif polynésien. 

Ce nouvel axe de développement ne figure pas dans le schéma directeur de la pêche hauturière, qui souligne toutefois que la croissance des armements locaux entraînerait mécaniquement les dépenses du Pays en soutien au secteur (gazole détaxé, glace, aide au fret, formation des capitaines et des équipages), rappellent nos partenaires de Radio 1 Tahiti, alors que la Collectivité a prévu d’investir 33,5 millions d’euros dans le réaménagement du port de pêche de Papeete à l’horizon 2026. Cette annonce pose donc beaucoup de questions, et devra nécessairement être complétée par des explications plus précises sur les conditions dans lesquelles la Polynésie accueillerait davantage de pêcheurs étrangers, note encore Radio 1 Tahiti. 

Lors d’une mission à Paris en novembre dernier, le Vice-président polynésien, Tearii Alpha, chargé notamment de l’Économie bleue, évoquait une labellisation du port autonome de Papeete en port européen. L’intérêt étant de faire de Papeete un « port d’intérêt pour l’Union européenne ». Ainsi, les poissons pêchés localement comme ceux pêchés par les flottes internationales aux abords de la ZEE pourraient bénéficier d’un traçage et de contrôles sanitaires encadrés par l’Union européenne. Une aubaine pour l’exportation sur le marché européen. Le Vice-président expliquait que toute la démarche de labellisation revenait à l’État.