©Direction de l’Agriculture de Polynésie française
Nommé au poste de Vice-président de la Polynésie française en septembre dernier, Tearii Alpha, également en charge de l’agriculture, de l’économie bleue, du domaine et de la recherche, était en mission à Paris cette semaine, où il a notamment rencontré le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, la ministre de la Mer, Annick Girardin et le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu.
L’objectif de cette mission était, naturellement, d’évoquer avec ses interlocuteurs les sujets de son portefeuille, au lendemain de sa nomination à la Vice-présidence de la Collectivité d’Outre-mer. Et parmi les tâches qui lui incombent : celle « d’harmoniser la politique agricole locale avec la politique agricole européenne », a-t-il expliqué. Tearii Alpha souhaite précisément faire en sorte que l’agriculture polynésienne bénéficie des moyens européens, dans le cadre du « Green Deal ».
Pour se faire, le Vice-président doit adapter l’écriture du Schéma directeur de l’agriculture en Polynésie à la méthodologie européenne et rendre la Collectivité « éligible à des aides européennes ciblées qui seront dédiées au capitale environnement ». Tearii Alpha est d’autant plus convaincu que le Schéma directeur agricole est en phase avec le « Green Deal » européen : agriculture familiale d’excellence, agroécologie, développement des filières en circuit court ou encore, nombre de produits « labellisables » parmi lesquels la vanille, le rhum ou le cacao.
Le Vice-président de la #Polynésie française, Tearii Alpha, a rencontré ce vendredi matin la ministre de la #Mer @AnnickGirardin puis le ministre des #Outremer @SebLecornu pour évoquer les sujets liés à l’#agriculture et la mer pic.twitter.com/G0HOJOVn2a
— Outremers360 (@outremers360) November 20, 2020
Pour y parvenir, le Vice-président de la Polynésie doit encore « sensibiliser sur la stratégie de politique agricole » de la Polynésie, démontrer son « exemplarité » et adapter la sémantique de ce fameux schéma directeur au jargon européen. Tearii Alpha compte par ailleurs sur le soutien de l’ancien Premier ministre roumain, ancien commissaire européen à l’Agriculture et actuelle président des Centristes au Parlement européen : Dacian Ciolos. Tearii Alpha précise également que ce schéma directeur, gouverné par une convention État-Pays signée en 2018, vise la sécurité alimentaire, et participe à la continuité territoriale et à « la cohésion sociale et économique grâce à l’agriculture ».
Papeete, un port européen ?
L’autre grand sujet du Vice-président polynésien, c’est l’économie bleue. Et dans ce domaine, Tearii Alpha défend une labellisation du port autonome de Papeete en port européen. « L’idée est acceptée par les trois ministres » Julien Denormandie, Annick Girardin et Sébastien Lecronu, assure-t-il. Et toute la démarche revient maintenant à l’État, il s’agira de faire de Papeete un « port d’intérêt pour l’Union européenne ». Ainsi, les poissons pêchés localement comme ceux pêchés par les flottes internationales aux abords de la ZEE pourront bénéficier d’un traçage et de contrôles sanitaires encadrés par l’Union européenne. Une aubaine pour l’exportation sur le marché européen.
Quid de l’environnement et de la surpêche ? Tearii Alpha se montre lucide. La Polynésie ne peut pas influer sur les quotas de pêche accordés aux flottilles étrangères dans le Pacifique. Avec ou sans cette labellisation, la pêche dans les eaux internationales entourant la Polynésie se poursuivra. Tearii Alpha réfute également une ouverture de la ZEE polynésienne aux pêcheries étrangères : il s’agit surtout de proposer une « attractivité administrative et fiscale » à la fois à l’Union européenne et aux pêcheries étrangères pour capter le débarquement de poisson en Polynésie où il sera tracé, contrôlé et exporté sur le marché européen. Un véritable levier de ressource économique sur lequel souhaite s’appuyer le Vice-président.
Toujours dans le thème européen, Tearii Alpha a évoqué, lors d’une conférence de presse ce vendredi, les relations entre l’Union européenne et la Polynésie, un Pays et Territoire d’Outre-mer aux yeux de Bruxelles. Il entend « rediscuter du lien » et « reconsidérer le positionnement stratégique » de la Collectivité sur la base d’une « relation d’intérêts et de projets » et de l’axe indo-pacifique cher à Emmanuel Macron. La Polynésie, du moins son gouvernement, entend ainsi offrir « une ambition maritime à l’Europe ». Ce changement dans les relations avec Bruxelles devrait se faire d’ici 2022, année durant laquelle la France prendra la présidence de l’Union.
Économie de la connaissance
Plutôt dans la semaine, Tearii Alpha s’était également entretenu avec le directeur général du CNRS, Antoine Petit, toujours dans le but de développement d’autres ressources propres autres que le tourisme, la pêche ou l’agriculture. Il a notamment évoqué « l’économie de la connaissance » et le « positionnement de la Polynésie française comme un grand bassin d’études » dans lequel serait « intégrée la jeune élite polynésienne ». Pour se faire, Tearii Alpha et Antoine Petit devraient travailler sur une convention cadre afin de confirmer l’ancrage du Centre National de la Recherche Scientifique dans cette Collectivité d’Outre-mer.
Autre levier de ressource économique : le décalage horaire. L’idée avait déjà été évoquée lors des différent « Digital Festival Tahiti ». La Polynésie pourrait se servir de ses 12 heures en moins (11 heures en hiver) pour « développer les économies de services » et « proposer aux entreprises nationales d’améliorer leurs compétitivités », en citant notamment les domaines de l’architecture, du codage, du médical ou encore, de la surveillance à distance. Tearii Alpha met aussi en avant « l’environnement francophone de la Polynésie, propice à la délocalisation sans risque d’incompréhension ».