INTERVIEW. Nouvelle-Calédonie : Le ministre des Outre-mer affirme son engagement face à la crise économique et sociale

François-Noël Buffet à Nouméa, lors de la présentation par le gouvernement local du plan de sauvegarde et de reconstruction de l'archipel ©Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

INTERVIEW. Nouvelle-Calédonie : Le ministre des Outre-mer affirme son engagement face à la crise économique et sociale

François Noël-Buffet a entamé sa deuxième journée sur le territoire par une série de rencontres avec les acteurs locaux, et une intervention marquante au centre culturel Tjibaou. Ce déplacement intervient dans un contexte tendu, marqué par des mouvements sociaux qui secouent l’archipel depuis mai 2024 et une crise économique sans précédent. En province Nord ce jeudi, où il a rencontré son président Paul Néaoutyine, le ministre a accordé une interview à nos partenaires de CALEDONIA, détaillant les mesures d’urgence prises par l'État et les perspectives de relance.

Face à l’urgence économique, François Noël-Buffet a annoncé deux principales mesures. La première concerne le co-financement du chômage partiel pour les mois de septembre et octobre 2024, à hauteur de 2,8 milliards de Fcfp (23,4 millions d’euros). La seconde mesure est la prolongation, pour le mois d’août, du fonds de solidarité des entreprises, avec un soutien de 2,4 milliards de Fcfp (20 millions d’euros). 

Le ministre a insisté sur le rôle de l'État dans l’accompagnement à long terme, précisant qu’un projet de loi de finances pour 2025 prévoyait un montant de 60 milliards de Fcfp (502 millions d’euros), sous forme de prêt via l'AFD. « Ce que j’ai constaté, c’est la gravité de la situation économique, sociale, l’urgence de devoir intervenir pour l’État aux côtés des collectivités », a-t-il souligné, en ajoutant que la crise nécessitait des réponses à la fois immédiates et structurelles.

Un engagement de l'État sur le long terme

Le déplacement du ministre des Outre-mer vise également à confirmer l'engagement de l'État sur le long terme. François Noël-Buffet a rappelé que l'État avait déjà débloqué 400 millions d’euros et annoncé un montant supplémentaire de 500 millions d’euros pour les mois à venir. « L’État va débloquer 500 millions d’euros supplémentaire et prolonger certains dispositifs. Il y a plusieurs questions qui se posent, mais la situation des collectivités locales en particulier, du gouvernement, des provinces, des communes est préoccupante. Préoccupante au sens financier et budgétaire du terme. Et puis le monde économique est en difficulté donc il faut continuer de l’accompagner ».

Concernant les propositions locales, notamment le plan quinquennal du Congrès et le plan de Sauvegarde, Refondation et Reconstruction (S2R), le ministre a réaffirmé la volonté de l'État de les accompagner. « C’est une démarche tout à fait intéressante. D’abord, elle a été transpartisane, et puis elle fait des propositions concrètes. Ce matin, j’étais avec le président du gouvernement, qui engageait une réflexion, et j’ai confirmé que l’État accompagnerait. Mais j’ai également confirmé qu’il y avait besoin de réformes structurelles, et que les engagements pris par l’État doivent être une sorte de contrat. Chacun aura des efforts à faire ».

Le budget des Outre-mer en 2025 : une priorité réaffirmée

Interrogé sur la baisse du budget des Outre-mer pour 2025, François Noël-Buffet a tenu à préciser que cette réduction ne concernait pas la Nouvelle-Calédonie. « Le budget des Outre-mer est hors Calédonie en réalité, pour dire les choses telles qu’elles sont, contenu de la situation. Ce qu’on appelle la lettre plafond, donnée avant ce gouvernement, était très dure puisque c’est –37% de budget. En revanche, le travail qui s’organise maintenant, mon travail depuis trois semaines, c’est de remonter le budget des Outre-mer, parce que les Outre-mer en ont besoin. L’État a donné sa parole dans un certain nombre de dispositifs contractuels, et ce qui m’importe avant tout, c’est que l’État honore sa parole ».

Il a ajouté que l’État participerait à l’effort national malgré les difficultés budgétaires : « Nous allons profiter du débat parlementaire qui s’ouvre, contribuer plus, ou en tout cas avancer, même si, je dois le dire très honnêtement, on va participer à l’effort national, eu égard à la situation de nos finances publiques ».

Vers un report des élections provinciales et une reprise du dialogue

Alors que les prochaines élections provinciales étaient initialement prévues pour novembre 2025, leur report est en discussion. « Le report des élections provinciales est en cours de clarification, de décision juridique, puisque le Sénat et l’Assemblée nationale vont statuer. La date de ces élections n’est pas encore déterminée ni fixée, mais il faut profiter de ce temps précieux pour renouer les fils du dialogue. On ne part pas de rien, il n’y a pas de page blanche, il y a une histoire, et il faut se remettre autour de la table rapidement et sereinement, pour que le dialogue se renoue », a déclaré le ministre.

François Noël-Buffet a conclu en insistant sur la nécessité de respect, d’humilité et de responsabilité dans ce processus : « C’est un moment de responsabilité pour l’ensemble des acteurs locaux, et cette responsabilité impose beaucoup de détermination, de sérieux, et de capacité de dialogue. Et c’est tout cela que je vais essayer de favoriser et d’accompagner ». Ce déplacement veut marquer une étape importante dans la réponse de l’État face aux défis actuels en Nouvelle-Calédonie, tant sur le plan économique que politique. 

Damien Chailllot avec Caledonia