Elle est utilisée dans l'Hexagone mais encore peu en Polynésie. Pourtant, l'application Grall a bien été créée par des Polynésiens. Récemment, la communauté de communes de Tereheamanu a décidé de s'en servir pour valoriser ses sites culturels, mais pas seulement. Grall se révèle aussi utile lors d'intempéries. Précisions avec notre partenaire TNTV.
Lauréate du prix Innovation mobile du concours Innovation Outre-mer en 2022, puis finaliste l’année suivante, la startup polynésienne Glory Tech est pourtant peu connue au fenua. Montée par deux anciens de l’OPT, Gilles Gooding et Roland Ho, elle est à l’origine de l’application Grall.
Cette dernière est gratuite, et elle permet d’avoir accès à des vidéos, photos, informations culturelles, historiques ou juste pratiques, de manière géolocalisée. Avantage conséquent : ses données peuvent être consultées hors connexion.
Une aide pour les personnes porteuses de handicap
Dans l'Hexagone, Grall est déjà utilisée dans plusieurs régions et continue de se déployer, notamment au Pays Basque : « Bientôt, toute la région du pays Basque va basculer son réseau de transport urbain sur l’application, annonce Gilles Gooding. On a eu l’agrément RGAA (référentiel général d’amélioration de l’accessibilité, NDLR). Si je suis aveugle, handicapé, je peux utiliser l’application. Notre application s’adapte au handicap de la personne. On a mis deux ans à avoir cette certification ». Grall permettra par exemple de guider un malvoyant dans les transports, à l’aide d’instructions sonores.
Valoriser les sites culturels
Au fenua, la communauté de communes de Tereheamanu s’intéresse aussi de près à Grall. À l’approche des Jeux olympiques, du contenu a été créé pour mettre en valeurs les sites culturels et touristiques. « À Vaipahi, on a un contenu sur les jardins d’eau, le parcours, la zone pique-nique en bord de mer, le kiosque avec les heures d’ouverture et ce que les touristes peuvent trouver. C’est très utile pour les visiteurs. Il y a plusieurs sites comme ça : le motu Ovini, sur Papara les marae etc. Le contenu est assez chargé et fourni par les communes ».
Prévenir et échanger en cas de danger
Président de Tereheamanu et maire de Teva i Uta, Tearii Alpha voit dans Grall une autre utilité : celle d’informer les populations en cas de phénomènes météo intenses comme ces derniers jours… « Quand je vois comment les gens sont choqués par une crue, par un débordement de rivière et des inondations, c’est maintenant qu’il faut sensibiliser les gens : connectez-vous au PC de crise ! Bien sûr, les gens ne vont pas arrêter de téléphoner, d’appeler au secours comme d’habitude. Mais là c’est un moyen de communication ascendante et descendante entre les usagers et le PC de crise pendant une période de crise. » Car les habitants pourront aussi donner des informations via Grall : « Ils pourront nous dire ce qui se passe dans leur quartier : un arbre est tombé, la rivière déborde etc. Et les éléments reviendront à un PC de crise connecté à Grall. À l’inverse, si on a des communiqués à faire passer, on va pouvoir cibler les quartiers. »
« Avant les intempéries, on avait proposé de créer des points le long du littoral et de donner l’information sur comment je dois me comporter, où est-ce que je dois évacuer s’il y a un tsunami, raconte Gilles Gooding. L’idée est partie de là. Aujourd’hui l’information est dans des affiches ou sur des sites en quinzième page. Là, l'information est accessible directement et on peut mapper tout le long du littoral. Sur le même principe, on peut donner toutes les consignes en matière de sécurité, d’alerte cyclonique, et les infos restent à disposition. »
Cet aspect sécurité de l’application sera bientôt testé à Teva i Uta avant d’être déployé dans les autres communes de Tereheamanu.
Mais Grall est téléchargeable partout et pourrait servir dans toute la Polynésie. C’est en tout cas le souhait de ses créateurs qui ont rencontré cette semaine les acteurs du Pays…
Par Manon Kemounbaye pour TNTV