Lors de sa dernière mission à Paris, le président de la Polynésie Édouard Fritch a proposé à Emmanuel Macron une table ronde afin de faire la lumière sur les zones d'ombres des essais nucléaires. Prévue fin juin, elle sera présidée par le Chef de l'État lui-même. Qui seront les participants ? Et dans quel but ? Les réponses de notre partenaire TNTV qui a interrogé Édouard Fritch.
La décision a été prise par le Emmanuel Macron et Édouard Fritch, lors de leur rencontre à l’Élysée, fin mars. Pour le Pays, l’objectif est d’apporter « vérité et justice » à travers plusieurs thématiques, comme l’explique Édouard Fritch. « Je pense que pour que cette table ronde puisse bien fonctionner, effectivement il faut définir deux thèmes. Le premier thème étant celui de l’Histoire des essais nucléaires ici, en Polynésie française : la décision, les essais et l’après-CEP. Et puis, un deuxième volet, qui serait un volet beaucoup plus d’accompagnement. Un accompagnement de l’État ».
« Sur le premier volet, c’est là que nous attendons la vérité sur ce qui s’est réellement passé, sur les accidents qui ont eu lieu, et sur les conséquences qu’on peut attendre des essais nucléaires. Sur le deuxième volet, nous avons déjà commencé à discuter avec l’État puisqu’il y a une dette qui est payée actuellement à hauteur de 18 milliards de Fcfp (150,84 millions d’euros). Mais je pense qu’il faut distinguer, là aussi, 4 volets différents : l’accompagnement social, l’accompagnement économique, l’environnement, parce qu’il y a des conséquences que nous connaissons sur l’environnement en Polynésie et puis, le plus important naturellement, c’est celui de la santé. Il faut, à mon avis, que nous nous organisions sur cela ».
A propos de la défiance d’une partie de la population vis-à-vis de l’État, en particulier après les révélations de Disclose, Édouard Fritch se dit conscient que « certaines personnes demandent le pardon (de l’État). Mais je crois que ce qui est important aujourd’hui, c’est la suite du pardon, c’est ce qu’il va se passer après. Parce qu’effectivement, les conséquences du nucléaire sont là, il nous faut trouver des solutions, il nous faut continuer de croire en l’État ».
« Je pense que si le Président Macron a décidé de présider cette table ronde, c’est qu’il veut lui aussi qu’on mette à plat tous ces problèmes et qu’on puisse lever toute ambiguïté sur ce qui peut se dire au sujet des essais. Et puis il y a la partie avenir de la Polynésie française qui, pour moi, est la plus importante ! Les 10-15 années à venir, qu’est-ce qu’on va faire ? Sur quoi on peut compter pour que l’État accompagne la Polynésie ? ».
Si la liste des participants à cette table ronde n’est pas encore arrêtée, la présence de certains acteurs est déjà envisagée par Édouard Fritch. Parmi eux, les représentants du Conseil d'orientation pour le suivi des conséquences des essais nucléaires, ou encore des associations concernées par les essais nucléaires, comme Moruroa e Tatou ou l’association 193. « Je pense inviter, bien sûr, les institutions du Pays, l’Assemblée territoriale, un membre du Gouvernement, le CESE » a poursuivi le Président. « Je pense mettre autour de la table – et c’est ce que j’ai proposé au Président Macron – un ou deux responsables des confessions religieuses, (…) un ou deux responsables du MEDEF (…). Ce sera un tour de table très large. Je lui ai dit qu’il y aurait au moins une vingtaine de personnes avec un maximum de 30 personnes ».
« Je veux que toutes les forces vives du Pays puissent s’exprimer à cette occasion. Le sujet aujourd’hui, c’est de s’y préparer. J’ai, à mon niveau, préparé une équipe et je pense que dès la semaine prochaine, nous commencerons à contacter les autres ». La question du nucléaire devrait être abordée dans quelques semaines avec le Ministre des Outre-Mer. Sébastien Lecornu est attendu en Polynésie du 6 au 16 mai. Emmanuel Macron, lui, pourrait se déplacer en Polynésie fin août.
Propos recueillis par Mike Leyral pour TNTV