L’association de défense des victimes des essais nucléaires Moruroa e Tatou a rassemblé plus d’une centaine de personnes, samedi matin, pour préparer la manifestation du 2 juillet prochain, date anniversaire du premier tir. L’association demande que la loi Morin, qui indemnise les victimes des essais nucléaires, soit remplacée par une indemnisation automatique forfaitaire pour tous, les victimes directes comme leurs conjoints et leurs enfants. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
« Le 2 juillet 2021, nous allons nous lever pour un combat particulier, celui des ayant-droits », expliquait ce samedi matin Me Philippe Neuffer, avocat de l’association. « Parce que la loi Morin n’indemnise pas véritablement – les seules qui indemnisent, ce sont les juridictions administratives. Dans cette loi, la place des ayants-droit des victimes des essais nucléaires n’est pas prévue, comme c’est le cas par exemple dans la loi sur les accidents de la circulation ».
Alors que représentants politiques et civils de Polynésie et de l’Hexagone doivent se retrouver autour de la « table ronde de haut niveau » annoncée par Emmanuel Macron au mois de juin – une rencontre à laquelle Moruroa e Tatou refuse de participer – l’association veut « étendre le combat, notamment aux veuves et aux enfants qui ont perdu leur père ou un parent à cause des essais nucléaires français dans le Pacifique, poursuit l’avocat.
« De manière générale on peut dire que les radionucléides ont touché tout le monde en Polynésie. 95% des actions que nous avons menées devant les juridictions et devant le Civen ont abouti favorablement à l’indemnisation des victimes. Mais aujourd’hui le sort des ayants droit n’est absolument pas prévu dans cette loi, et c’est ce qu’il faut changer ». Pour le Dr Jean-Paul Théron, « l’État déshonore les valeurs de la République ».
Une « indemnisation automatique, pour ne pas mourir avant d’être indemnisé »
Moruroa e Tatou milite pour « une indemnisation automatique, une forfaitisation, que le peuple demande une solution globale. » La proposition de loi déposée par le député Moetai Brotherson, qui sera débattue à l’assemblée nationale le 17 juin prochain, ne semble pas prioritaire : « C’est vrai qu’on est un peu refroidi par tout ce qui est loi d’indemnisation ».
Si une large partie de l’assistance était composée de personnes d’âge mûr, les bulletins d’adhésion à Moruroa e Tatou étaient disponibles, car l’association veut « relancer Moruroa e Tatou, un peu assoupie » de l’admission même de son vice-président Mireta Tapati, et mobiliser les plus jeunes : « On espère une prise de conscience au niveau des familles, parce qu’au-delà du devoir de mémoire, il y a également le questionnement des essais nucléaires sur la jeunesse. C’est elle qui mènera le combat demain » complète Me Neuffer.
L’avocat explique aussi qu’une étude sur les conséquences trans-générationnelles des tirs nucléaires, que deux généticiens de l’Université de Californie et de l’Université de Hawaii sont disposés à entreprendre, ne pourra se faire que si « plusieurs membres et générations d’une même famille » sont rassemblés.
Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti