Le haut-commissaire et le commandant de la zone Asie-Pacifique et des forces armées en Polynésie français ont présenté le bilan 2023 de l’État de l’action en mer, qui a suivi davantage de navires et mené plus d’opérations de sauvetage. L’année 2024 doit voir un renforcement des moyens d’action sur mer et dans les airs, ainsi que des moyens du JRCC, et un rôle accru de la France dans la région. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Éric Spitz et Geoffroy d’Andigné, entourés des responsables de la gendarmerie, de la police, des douanes, du JRCC et de la sécurité civile, ont présenté ce mercredi le bilan de l’action de l’État en mer pour l’année 2023.
Le premier motif de satisfaction est le bilan humain, moins lourd que l’an dernier. Parmi les faits marquants, le remorquage du Maris-Stella 3 suite à une avarie moteur, l’exercice Orsec maritime au large de Moorea avec l’Apetahi Express, l’exercice conjoint de sauvetage en mer avec un patrouilleur des Coast Guards américains, ou encore l’hélitreuillage de deux pêcheurs, également au large de Moorea.
Pas de pêche illégale dans la ZEE depuis 2007
Le second concerne la surveillance des pêches, qui s’est intensifiée en 2023 : « Il n’y a pas d’action de pêche illégale dans notre ZEE », affirme le haut-commissaire. « La posture française est vécue par les navires étrangers comme dissuasive. » Le haut-commissaire annonce que les heures de vol et de mer consacrées à la surveillance pourront bientôt être doublées. 2024 sera l’année du renforcement des moyens de l’État dans ce domaine, avec l’arrivée des Falcon 50 en remplacement des Gardians, et celle du premier des deux nouveaux patrouilleurs : tous deux auront un rayon d’action supérieur, et des capacités de détection augmentées.
Mais l’État veut aller plus loin. « Notre volonté, c’est aussi d’aller dans les ZEE des pays étrangers et d’obtenir l’autorisation d’aller vérifier les poissons dans leurs cales. Parce que plus on repoussera les navires qui pêchent de manière illégale, plus on protégera notre propre ZEE. Et c’est aussi une manière pour la France, dans le cadre de la stratégie indo-Pacifique, de jouer la bienveillance et d’offrir des moyens de protection aux pays étrangers », dit Éric Spitz.
Des accords internationaux de protection des pêches, et des inquiétudes sur l’exploitation des fonds sous-marins
Un accord se dessine ainsi déjà avec Fidji, Tonga et la Papouasie-Nouvelle Guinée, explique le contre-amiral d’Andigné, qui indique aussi la volonté de multiplier de tels partenariats. En revanche, l’État se dit « attentif » à la position des pays de la zone sur l’exploitation des fonds marins, et même « un peu inquiet ». Si la France et la Polynésie sont d’accord pour n’autoriser que l’exploration à des fins scientifiques, ce n’est pas le cas par exemple des îles Cook, qui depuis plusieurs années tablent sur l’exploitation des grands fonds marins -après avoir ostensiblement créé l’un des plus grands sanctuaires marins du Pacifique- et ont déjà accordé plusieurs licences d’exploration à des sociétés étrangères, dont une avec qui le pays est partenaire.
Des équipements modernisés pour le JRCC
Autre projet pour 2024, le renouvellement des équipements de radiocommunication et l’extension de la couverture radio du JRCC (Joint Rescue Coordination Center), ainsi que l’acquisition de systèmes informatiques intégrés pour optimiser l’ensemble de ses missions de surveillance, explique son directeur Alex Génicot.
Les chiffres 2023
- 430 opérations de sauvetage, permettant le sauvetage de 281 personnes, c’est une vingtaine de plus qu’en 2022. Reste à déplorer 11 décès, soit deux de moins qu’en 2022, et 2 disparitions en mer
- 2 915 navires de commerce en transit suivis
- 914 navires de plaisance suivis dans le cadre de la veille contre le trafic de stupéfiants, dont 4 qui ont fait l’objet d’une surveillance particulière et/ou d’un contrôle, sans découverte
- 1 176 heures de mer dédiées à la surveillance des pêches
- 3 246 navires de pêche étrangers (contre 2 683 en 2022) suivis en permanence, et ayant donné lieu à 18 contrôles en mer. C’est sans compter les 258 navires de pêche survolés par les Gardian en ZEE et à ses abords. Aucun des 4 signalements reçus n’a révélé de pollution avérée.
Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti