La présidente du Congrès Veylma Falaeo et le conseiller Vaimu’a Muliava (Éveil océanien) ont déposé ce lundi une proposition de texte pour évaluer l’efficacité et la pertinence des politiques publiques menées dans le pays. Une démarche jugée « indispensable » pour mieux gérer et cibler les dépenses dans un contexte budgétaire très tendu, tout en gagnant en « transparence » sur l’action des élus. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Les politiques publiques menées depuis des années en matière d’aide au logement, de formation et d’insertion professionnelle, entre autres, sont-elles pertinentes et efficaces au regard des investissements, parfois conséquents, qu’elles impliquent ? C’est à cette question que veut s’attaquer la présidente du Congrès Veylma Falaeo, qui vient de déposer une proposition de délibération sur l’évaluation de ces dispositifs.
« Dans un contexte budgétaire et financier extrêmement contraint, mais aussi dans un contexte de défiance de la population vis-à-vis des décideurs politiques, l’évaluation des politiques publiques est non seulement utile, mais elle devient surtout indispensable », estime la cheffe de l’hémicycle, dont l’ambition, un brin utopique, est clairement affichée : « veiller à ce que chaque franc dépensé produit un effet réel et pertinent ».
« Il faut reconnaître ce qui ne fonctionne pas »
L’objectif de ce texte est donc double. D’une part, favoriser la transparence en expliquant aux Calédoniens comment l’argent public est utilisé (le bilan de chaque évaluation serait mis en ligne sur le site du Congrès), et d’autre part, recentrer les financements sur les actions qui ont un « impact positif » et réformer celles qui « ne produisent pas de résultats satisfaisants ».
« En tant qu’élu(e) s, il faut être capable de reconnaître ce qui ne fonctionne pas et avoir l’humilité de l’accepter. C’est une démarche qui engage donc moralement et politiquement à rendre compte des décisions prises en en mesurant leurs divers impacts », estime Veylma Falaeo. Un discours qui fait écho avec le constat de Vaimu’a Muliava, élu au Congrès et cosignataire de ce texte. « Cette proposition, c’est le signe d’une certaine maturité de cette assemblée, mais c’est aussi une urgence. Quand on voit ce qu’il s’est produit le 13-Mai, on se rend compte que certaines politiques publiques ont été inefficaces ».
Concrètement, si ce projet est adopté par l’assemblée du boulevard Vauban, il permettrait de « poser un cadre réglementaire » jusque-là inexistant pour les dispositifs lancés à l’échelle du pays. Autrement dit, tout projet et toute proposition de texte déposés sur le bureau du Congrès devraient être assortis d’une « fiche d’impact » du dispositif, ce qui implique la création d’une commission afin d’assurer un suivi régulier de ces évaluations. Un « fragment » du budget (1 à 2%) global alloué à cette mesure pourrait même être bloqué d’emblée pour ces contrôles.
« Nous posons les bases d’un changement durable dans notre manière de concevoir, de suivre et d’ajuster l’action publique. C’est un engagement collectif vers plus de clarté, de cohérence et de résultats », conclut Veylma Falaeo, estimant que ce texte vise avant tout « à mieux répondre aux attentes et aux besoins de la population ». Mais encore faut-il que cette proposition de délibération soit adoptée à la majorité des élus au Congrès, qui devraient en débattre en séance d’ici le mois d’août.
Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes