En Nouvelle-Calédonie, la province Nord parvient à équilibrer son budget, malgré une importante baisse des recettes

LNC/Gédéon Richard (archives)

En Nouvelle-Calédonie, la province Nord parvient à équilibrer son budget, malgré une importante baisse des recettes

Les élus de la province Nord étaient réunis en assemblée, ce mercredi 12 mars, pour examiner le budget primitif 2025. Face à une importante chute des recettes fiscales et des dotations, en partie provoquée par la crise insurrectionnelle, la collectivité a réussi à présenter un budget à l’équilibre, dans lequel les efforts d’investissement sont maintenus. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Il avait été présenté par l’exécutif provincial comme un exercice « impossible à réaliser », lors du débat d’orientations budgétaires, le 29 janvier. Un mois et demi plus tard, la collectivité y est pourtant bel et bien parvenue : la province Nord dispose désormais d’un budget 2025 à l’équilibre. Les élus l’ont adopté à l’unanimité, ce mercredi 12 mars, en assemblée.

Les services financiers ont toutefois dû innover pour élaborer un tableau des dépenses et des recettes stables, dans un contexte économique très dégradé. Principal levier utilisé : l’intégration des restes à réaliser 2024 dès le vote du budget primitif 2025. En général, cette somme vient abonder le budget supplémentaire, voté en milieu d’année afin de clore l’exercice budgétaire. Elle s’élève, cette année, à 1,4 milliard de francs. L’autre méthode employée : la « reprise anticipée du fonds de roulement », d’un montant de 3,7 milliards de francs, pour couvrir le besoin de financement de la province Nord.

500 millions en moins pour la culture

Autant de manipulations comptables qui permettent à la collectivité de disposer d’un budget de 42 milliards de francs (27,9 milliards de fonctionnement et 14 milliards d’investissement). Une hausse de 17,6 % par rapport à celui de 2024, qu’il convient de relativiser, avertit la province : les solutions trouvées pour construire le document forment une augmentation qui « ne reflète pas la réalité de l’évolution de budget à budget ».

C’est donc bel et bien une politique d’austérité que va devoir mener la collectivité pour faire face à des recettes en forte baisse. La mobilisation du fonds de roulement, ajoutée à une baisse de 816 millions de la dotation globale de fonctionnement et de 158 millions de la fiscalité, entraînent une perte de quasiment 5 milliards de francs de recettes de fonctionnement (-15 %).

Les économies à réaliser sont à la hauteur de cette diminution. Ainsi, la province Nord va procéder à des coupes drastiques. Le programme pluriannuel de fonctionnement est réduit d’1,7 milliard de francs, soit une baisse de 7,71 %. L’effort se porte en grande partie sur les subventions et les participations (1,2 milliard) et touche tous les domaines : la culture (-504 millions, dont 300 millions en moins pour la chaîne Caledonia), le soutien à la production (-317 millions), la formation (-47 millions), l’environnement (-36 millions) ou encore l’enseignement supérieur (-25 millions).

Près de 2 milliards pour les travaux routiers

Seul domaine préservé : la section investissement. L'institution a voulu poursuivre sa politique de financement menée ces dernières années en augmentant, dans un contexte de crise, son programme pluriannuel d’investissements de près de 700 millions de francs. Lors du débat d’orientations budgétaires, l’exécutif avait déjà annoncé son intention d’investir « dans l’intérêt de la population et de l’économie locale ».

Les travaux routiers seront financés à hauteur d’1,9 milliard, un poste de dépense en hausse de 331 millions par rapport à l’année précédente, tandis que l’enveloppe consacrée au matériel et au mobilier augmentera de 109 millions de francs, pour atteindre la somme de 598 millions. Tous ces chiffres n’en restent pas moins des estimations, en attendant de connaître le montant exact des dotations allouées à la province. Il sera fixé à la fin du mois, au Congrès, lors du vote du budget de la Nouvelle-Calédonie.

Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes