Covid-19 : La Polynésie veut accélérer la vaccination avant la réouverture des vols

©Présidence de la Polynésie française

Covid-19 : La Polynésie veut accélérer la vaccination avant la réouverture des vols

Le président de la Polynésie, Édouard Fritch, a détaillé mercredi matin le plan de réouverture des frontières de la Collectivité d’Outre-mer au 1er mai, présenté la semaine dernière à Paris. Un calendrier conditionné à une validation du protocole sanitaire, basé entre autres sur des certificats vaccinaux. Et à une accélération de la campagne de vaccination. Le Pays, qui devrait recevoir 15 000 doses par semaine de l’État, veut augmenter drastiquement ses capacités d'injection. Les détails avec notre partenaire Radio 1 Tahiti. 

« Convaincre » l’État de rouvrir les frontières. C’était un des objectifs principaux de la tournée parisienne d’Édouard Fritch et d’Yvonnick Raffin, racontée par le menu ce matin dans une conférence organisée à la sortie du Conseil des ministres. Le président, lui, est bien convaincu. L’obligation de motifs impérieux imposés par Paris depuis février pour entrer et sortir de Polynésie doit être levée « le plus rapidement possible »

La reprise touristique est même « vitale » affirme le président, qui dit avoir « entendu la complainte de nos chefs d’entreprise », « compris les souffrances du monde du travail », ou celle des familles. Côté État, Paris « reconnaît » la spécificité de la situation polynésienne, « envisage » un traitement particulier, « comprend », là encore… mais n’a pour l’instant rien acté.

Deux mois après la fermeture brutale du fenua au tourisme, Édouard Fritch parle tout de même d’un « projet commun » partagé avec Emmanuel Macron - un « ami » dont le président du Pays fait un éloge insistant - et le Premier ministre Jean Castex. Ce projet consiste à lever les motifs impérieux dès le 1er mai, « tout en continuant à nous protéger en filtrant l’entrée dans notre pays, et donc de limiter l’importation du virus »

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Concrètement, seules les personnes vaccinées pourraient éviter une quarantaine à l’arrivée dans le pays, et des tests PCR seraient tout de même pratiqués avant les départs de Tahiti, au débarquement et cinq jours après. Un protocole en cours de validation à Paris et qui doit faire l’objet d’une présentation d’ici la semaine prochaine à Papeete. Une demande faite dans le contexte d’une tension sanitaire importante en métropole rappelle Édouard Fritch.

Le président du pays estime que le protocole sanitaire proposé est à même de protéger la Polynésie. Et même si « on n’arrivera jamais à empêcher complètement le virus de rentrer », « il faut faire confiance à la vaccination » qui a « prouvé qu’elle fonctionnait partout ailleurs ». Les tests et autotests obligatoires sont là pour compléter la protection sanitaire.

15 000 doses par semaine

Si aucune condition chiffrée n’aurait été posée par Paris pour cette réouverture, la Polynésie est tenue « d’apporter des garanties de protection » de sa sécurité sanitaire. Car il n’échappe à personne, et surtout pas à l’État, que la dernière réouverture de la Polynésie, malgré les protocoles sanitaires préparés et loués pendant de longues semaines, a abouti, à partir d’août 2020, à une vague épidémique particulièrement brutale. 

Qu’est ce qui a changé ? « Aujourd’hui, en plus des moyens que nous avons déployés et que nous maîtrisons, nous disposons d’une arme efficace supplémentaire, le vaccin », répond le président du Pays. Il faut donc « s’approcher au maximum de l’immunité collective ». Édouard Fritch, qui en profite pour citer le Pape et son insistance à « partager les vaccins », dit avoir « demandé » et obtenu du Président de la République un quota de 15 000 doses par semaine, contre 2 000 à 4 500 par semaine depuis la fin février et 9 000 prévus au mois d’avril.

En outre, le Pays devrait recevoir « dès le 17 avril » 5 000 doses de vaccin Janssen, filiale française du groupe pharmaceutique américain Johnson & Johnson. Déjà autorisé en Europe et au fenua, ce vaccin « classique », qui n’utilise pas la technique de l’ARn messager, présente l’avantage de ne nécessiter qu’une seule injection et de pouvoir être conservé au réfrigérateur. 

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Si le vaccin est déjà utilisé depuis le mois de mars aux États-Unis, la Polynésie devrait en avoir la primeur en France et en Europe, où les premières doses sont attendues dans les centres le 19 avril. Des doses de vaccins Moderna pourraient aussi faire partie des dotations de l’État. Aucune livraison de vaccin AstraZenaca, au cœur d’une polémique ces dernières semaines en Europe, n’est en revanche annoncée.

Nouveaux centres, nouvelles équipes… et problèmes techniques

L’approvisionnement sera au rendez-vous, donc reste à distribuer et à injecter. Pour ça, le Pays prévoit un doublement du personnel dans les centres existants, un renforcement des tournées dans les archipels - facilitées par les nouveaux types de vaccin - des opérations ciblées sur les professionnels du tourisme à Bora Bora (avec un objectif de 50% de couverture) ou Moorea… Et surtout la multiplication des « vaccinodromes » (voir programme ci-dessous). Le Pays compte pour cela recruter de nouveaux personnels soignants, et notamment des médecins, indispensables aux centres de vaccinations.

Des recrutements qui s’annoncent difficiles, de nombreux soignants participant à la campagne dénonçant ces dernières semaines des délais, voire une absence de paiement par le Pays. Des « problèmes techniques », découlant de « la rencontre entre le code du travail et les règles de la fonction publique », plaide le ministre des Finances Yvonnick Raffin, qui assure que ces paiements sont bien « budgétés ». « Nous paierons ce que nous devons » renchérit Édouard Fritch, qui répète que « c’est à l’administration de s’adapter » à ces missions particulières. Le président n’a toutefois pas donné de date pour le déblocage des paiements attendus, parfois depuis de longues semaines, par certains prestataires médicaux.

Charlie René pour Radio 1 Tahiti.