Après avoir inauguré son vol entre Nouméa et Paris-CDG via Bangkok, la compagnie internationale calédonienne a signé ce jeudi l’acquisition de deux A350-900, « fleuron » d'Airbus, qu’elle espère recevoir entre fin 2026 et mi-2028. L’objectif : augmenter ses capacités et ses revenus grâce à un avion vanté pour son efficacité.
« La situation calédonienne est particulière en ce moment. Aircalin a dû faire preuve d'agilité, bousculer un petit peu son organisation pour ouvrir cette route en quelques mois » a déclaré Georges Selefen, directeur général d’Aircalin, ce jeudi lors d’une conférence de presse à Paris. Prévue en effet à l’horizon 2026-2027, la compagnie à l’hibiscus a accéléré ses ambitions pour ouvrir cette ligne « très long courrier » et pallier la perte drastique de passagers liée aux événements de mai dernier.
« Le trafic de passagers, nos recettes, nos revenus ont été divisés par deux. On a fait un travail qui nous a amené à prendre des mesures pour sauvegarder l'entreprise et nos emplois. L'objectif, avec cette ouverture de ligne, c'est d'aller chercher le revenu qui nous manque pour compenser la perte de trafic. Évidemment, 2024 va présenter un résultat qui sera déficitaire, mais on espère modifier la courbe de la profitabilité que d'ici 2025 et 2026 », a-t-il poursuivi.
Lire aussi : Aérien : Aircalin a inauguré son Nouméa-Paris via Bangkok, se posant pour la première fois à CDG
Bien que sa flotte soit jeune à l’échelle d’une compagnie aérienne -Aircalin a reçu ses deux A330-900neo à partir de 2019-, la compagnie réfléchit depuis fin 2023 au renouvellement de sa flotte. Et pour accompagner le lancement de cette ligne long-courrier entre l’archipel et l’Hexagone, c’est sur le « fleuron » du constructeur Airbus qu’Aircalin a décidé de s’appuyer. « On est fiers de travailler avec eux depuis plus de 20 ans et le partenariat va continuer » a salué le directeur général d’Aircalin. « C'est avec Airbus qu'on souhaite accompagner le développement de la compagnie ».
« C'est une grande fierté de vous amener ces avions-là » a dit de son côté Wouter Van Wersh, vice-président d’Airbus chargé du développement international, qui a listé les qualités des A350 : « avion de dernière génération le plus efficace », « le plus économe », bardé des « dernières technologies au niveau des matériaux utilisés », confortable et, point important, moins gourmand et moins émetteur de CO2. « Aujourd'hui, on a déjà 61 clients qui ont commandé l’A350. Aircalin sera le 62ème », précise le dirigeant d’Airbus.
« Adaptés aux vols très longs courriers, les A350-900 d’Aircalin permettront d’offrir davantage de confort aux passagers, de commercialiser un plus grand nombre de sièges par vol (plus de 320 contre 291 sur les A330neo) et davantage d’emport cargo, améliorant ainsi la compétitivité de cette ligne » a renchéri la compagnie. « Ils permettront par ailleurs une économie de carburant et une amélioration sensible des performances concernant les émissions de CO2 ». Avec l’arrivée de ses nouveaux avions, Aircalin va aussi pouvoir augmenter ses fréquences sur Paris, au nombre de deux par semaine actuellement.
Georges Selefen espère recevoir le premier A350-900 d’Aircalin à la fin 2026, et le second à la mi-2028. Dès lors, la compagnie pourra se séparer d’un de ses A330-900neo, pour desservir ses long-courriers grâce à une flotte de trois appareils. Sur la configuration de la cabine, rien de précis, si ce n’est qu’Aircalin restera sur trois classes : économique, premium et affaires. Côté financement, la compagnie va s’appuyer sur ses fonds propres, la défiscalisation, un prêt et éventuellement, une aide de son actionnaire majoritaire à savoir, le gouvernement calédonien via une SEM.
Naturellement, pour rentabiliser cet investissement ambitieux, et non sans risque, la compagnie compte « développer le trafic intermédiaire entre Bangkok et Nouméa, et Paris et Bangkok », explique Arnaud Gervais, directeur markéting et commercial d’Aircalin. « On va s’appuyer sur nos partenaires via le hub de Bangkok et renforcer nos accords avec Thai Airways, comme on le fait avec la base de Singapour ». Côté gouvernement calédonien, on se met aussi en marche pour attirer les touristes en passant par les tours opérateurs, dont une cinquantaine qui seront reçus demain à la Maison de la Nouvelle-Calédonie.
L’exécutif espère aussi la mise en œuvre de son plan de sauvegarde, reconstruction et refondation pour faire avancer l’archipel dont la situation économique demeure inquiétante. « Il faut que l’on prenne exemple sur notre compagnie, qu’on prenne des risques et qu’on aille de l’avant », a confié un des institutionnels présents ce jeudi à Paris.